Nous vous avions parlé, courant novembre, du festival Sport N'Doc, un festival pour partager la vie des sportifs de Haut Niveau dans les lycées grenoblois. Yoan Demoz, réalisateur et responsable du projet auprès du partenaire audio-visuel Cinex, nous avait, la veille des vacances de Noël, livré sa vision du festival et les objectifs assignés aux apprentis réalisateurs.
Le début d'année est digéré, l’heure désormais des bonnes résolutions, mais surtout le bon moment pour aller à la rencontre des lycéens impliqués dans ce joli projet. Bain de fraicheur pour ce premier épisode puisque nous rencontrons des élèves du lycée Marie Curie à Échirolles dont une des spécialités est la natation. Si les Sportifs de haut niveau du lycée sont comme des poissons dans l’eau, les élèves de première, en charge de filmer leur camarade, abordent avec une petite dose d’appréhension et une grosse dose de détermination la première étape du projet, la sacro-sainte phase de repérage. Alors à vos marques, prêt, repérez !
Et puisque la piscine est le thème du jour, clin d’œil à quelques films célèbres…
« Swimming pool » (François Ozon 2002)
Rendez-vous est pris un mercredi en milieu d’après-midi entre les huit élèves de première générale (répartis en petit groupe pour plus de commodités) et leurs petits camarades nageurs dans les magnifiques bassins de la piscine du Campus à Saint-Martin d’Hères.
En préambule, Marie-Laure Bayle, professeur d’EPS en charge du projet au lycée Marie Curie, nous recontextualise le cadre de tournage : « Ces élèves sont familiarisés avec le monde du sport, ils ont opté pour la spécialité Éducation physique, pratiques et culture sportives (EPPCS). Comme son nom l’indique, l’objectif est d’approfondir la pratique d’activités sportives et artistiques, mais également d’enrichir les compétences transversales telles que la gestion des émotions, l’esprit critique, ou encore le travail en équipes. C’est ici que la réalisation du documentaire prend toute son importance puisqu’ils sont évalués sur la conduite collective d’un projet. Cette aventure cinématographique répond parfaitement aux compétences attendues, et comme cette idée de festival Sport N’Doc est vraiment séduisante, les élèves l’ont accueilli avec beaucoup d’enthousiasme. »
Step, Hip Hop, Rugby au programme cette année, biathlon et escalade l’année prochaine, ajoutez désormais un poil de natation… Derrière la caméra, les yeux observateurs de Lou, Elise, Amélie, Léo, Benjamin, Temilan, Timy et Marina en feront, à n’en pas douter, des fins limiers de la discipline.
U.V. (Gilles Paquet-Brenner 2006)
Soleil d’hiver au zénith, salle de muscu, pelouse, terrasse… même s’il règne quelques airs de vacances, l’ambiance est studieuse au sein de la piscine du Campus, tant côté nageurs que côté apprentis cadreurs.
Blouson tombé, baskets et chaussettes retirées, les lycéens sont attentifs aux consignes du réalisateur Yoan Demoz, accompagné pour l’occasion de Orianne, étudiante en master cinéma, en charge d’initier les élèves à la prise de son : « L’idée de cette première séance est de prendre des images, apprendre à filmer, savoir où positionner les caméras en vue des meilleures prises de vue possibles et l’idéal serait d’imaginer des situations à filmer avant de mettre en pratique. On s’entraînera également à enregistrer du son. » Le son, même s’il n’est pas la première chose à laquelle on pense lorsque l’on manipule une caméra, revêt également son importance. Orianne confirme : « Le son de la caméra n’est pas optimal, le rendu est meilleur avec un micro placé à proximité des intervenants. Le travail d’enregistrement se fait par binôme, un avec un casque et l’autre avec le micro. La chose à ne pas faire est de placer les micros face à d’autres instruments audios, afin d’éviter l’effet Larcen. La petite table de mixage située sur le micro vous permet également d’ajuster le volume sonore, il doit être compris entre moins 6 et moins 12 décibels. Dernière chose, si jamais, n’oubliez pas de placer vos téléphones en mode avion, cela évitera les interférences. »
Les caméras sont là, les téléphones peuvent aisément rester aux vestiaires…
« Le plongeon » (Franck Perry et Sydeney Pollack 1968)
La théorie passée, en avant la pratique ! On déploie le trépied. Mince, inutilisable, un ressort de fixation de caméra est cassé. Peu importe, le cinéma c’est aussi l’art de se débrouiller, pas de quoi déstabiliser le moins du monde Yoan Demoz : « on filmera en cadrage manuel, c’est un peu moins stable mais c’est aussi un exercice ! »
Quatre élèves à la prise de son, quatre autres à la caméra, on se familiarise avec les instruments, on écoute le copain qui parle au micro et on rigole : « Ah on n’entend rien dans le casque ! Moi j’ai peur de prendre la caméra, ça bouge beaucoup je trouve. »
Orianne et Yoan sont attentifs et interviennent à propos : « Essaye de filmer la personne dans l’eau dans son ensemble, pense à te déplacer pour filmer sous un angle différent, tu peux zoomer parfois en tournant l’objectif, suis l’entraîneur pour écouter ce qu’il dit... »
Mi-séance, on échange les rôles. Cela tombe bien, les nageurs sortent de l’eau et travaillent le renforcement musculaire, l’occasion de varier les images mais surtout de recueillir les premiers retours des apprentis cadreurs et futurs ingénieurs du son : « C’est dur de se concentrer, on entend beaucoup le bruit de l’eau, alors on se fait des gestes pour se comprendre. Filmer, c’est trop bien, c’est du vrai matériel, ça n’a rien à voir avec notre portable, la qualité et les réglages sont différents, on est loin de TikTok (rires).»
Les lycéens se prennent à imaginer de nouvelles idées : « La prochaine fois, on aura une caméra pour aller sous l’eau, ça doit être trop stylé de prendre un plongeon en entier, hors et dans l’eau. Moi j’aimerais trop faire des ralentis. »
« La piscine » (Jacques Deray 1969)
Personne n’a vu l’heure et demi de repérage passée. Pourtant il est bel et bien temps de repasser par la case vestiaire avant de dresser un premier bilan de cette première séance, au grand air et sous un soleil couchant.
Yoan Demoz se lance le premier : « Ce n’était pas mal du tout pour une première fois, d’autant plus que vous n’aviez pas de trépied. Nous avons une vingtaine de minutes de film je pense, dont sept ou huit minutes exploitables. On fera un retour sur ces images tous ensemble en classe et on verra celles que l’on aime bien et celles que l’on aimerait refaire en mieux. L’idée, désormais, est d’inventer des choses, de capter des scènes de vie, de laisser poser la caméra et filmer ce qui vient pour avoir le plus de plan possible. Surtout, ce qu’il va nous manquer pour faire le film, ce sont des interviews et des personnages. On a des gens qui nagent, c’est bien mais cela ne raconte pas grand-chose pour l’instant. Il faudra que l’on réfléchisse à tout ça, et ensuite on repartira sur une session de tournage avec des idées de scène plus précises. N’hésitez pas non plus à écrire des questions quand elles vous viennent, des idées de plan par exemple. » Marie Laure Bayle rebondit sur cet argumentaire : « Oui écrivez car il faut que l’on soit pertinent. C’est un cheminement jusqu’au 4 juin, avec une première immersion, c’est le cas de le dire, aujourd’hui. On teste, il faut aller vers des choses originales, sensibles…»
L’idée de scénario séduit les élèves : « Ce serait bien d'imaginer un fil conducteur pour les vidéos, d’interviewer les nageurs, qu’ils deviennent des acteurs et mettre en avant leur sensibilité... »
Les idées commencent à fuser, plutôt bon signe. Des élèves qui ne sont pas inquiets de ce côté-là : « Nous sommes très intéressés par ce projet, on va trouver des idées, c’est certain car l’imagination vient en filmant, et on remportera le festival ! »
« L’imagination vient en filmant », très rafraichissant.
Mais l’important c’est surtout de participer, n’est-ce pas ? « Participer c’est bien, gagner c’est mieux… » ... les jeunes et le sens de la répartie...
Réponse au mois de juin. Si l’on se fie à cette première prise de contact, le festival SportNdoc est bel et bien lancé. À suivre…
Mise à jour : juin 2024