Parce que « le harcèlement, ce sont d’abord des drames» *
Parce que ce fléau touche encore trop d’enfants à l’école.
Parce qu’en agissant pour le bonheur à l’école, on agit pour un meilleur apprentissage…
Pour toutes ces raisons et bien plus encore, lutter contre le harcèlement à l’école est un enjeu national, « une priorité absolue » pour Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal, et l’ensemble du gouvernement. D’où la mise en place le 27 septembre 2023 d’un plan interministériel « 100 % prévention, 100 % détection, 100 % solutions » de lutte contre le harcèlement.
Un plan associant l’École, Sport, Numérique, Police-Gendarmerie, Justice et santé « car pour mener efficacement le combat, l’action de chacun est nécessaire. » (E.Borne)
Comme intitulé, ce plan vise à mieux prévenir le harcèlement, à libérer la parole car « parler c’est déjà résister » (G.Attal) et enfin à apporter des solutions efficaces dans des délais restreints.
pHARe, éclaire moi !
Ce plan repose sur le déploiement du programme de prévention et de lutte contre le harcèlement (pHARe), le bien nommé, déjà obligatoire dans les écoles et les collèges depuis la rentrée 2022 et étendu aux lycées à la rentrée 2023. Outre, entre autres, de doter toutes les écoles et les établissements scolaires d’un plan de prévention structuré et efficient, d’assurer la sécurité et le bien-être des élèves en agissant directement sur le climat scolaire, et de garantir la prise en charge de l’ensemble des situations signalées. pHARe s’est renforcé à la rentrée 2023 par de nouvelles mesures telles que l’augmentation des subventions à l’association opératrice de la ligne d’écoute 3018 ou encore le durcissement des sanctions à l’encontre des élèves à l’origine de situations de harcèlement.
Un 9 novembre inédit !
Dans chaque école et chaque établissement de France, 2 heures ont été banalisées pour une initiative d’ampleur de lutte contre harcèlement.
Afin de mieux en prendre en considération la parole de l’enfant et ne plus minimiser les violences subies, une nouvelle campagne de sensibilisation est également effective au 9 novembre avec le message suivant :
Du jeudi 9 jusqu’au mercredi 15 novembre, un questionnaire d’auto-évaluation sur le harcèlement est complété par l’ensemble des élèves dès la classe du CE2.
C’est aux collèges de Boigne (73) et Charles Munch (38) que Madame Insel, rectrice de l’académie de Grenoble, est venue notamment distribuer les enquêtes. Un déplacement afin de sensibiliser la communauté éducative aux phénomènes de harcèlement dans le milieu scolaire, inciter les enfants à mettre des mots sur ce fléau et échanger autour de l’amélioration du climat scolaire au sein des établissements.
Boigne : des slogans qui soignent !
C’est par la projection du film réalisé par les ambassadeurs harcèlement que débutait le déplacement de Madame la rectrice à La Motte Servolex, où la couleur bleue était de rigueur. Un film suivi d’échanges permettant d’aborder le processus complexe du harcèlement, notamment « la peur d’en parler » et le triangle du harcèlement (relations entre victimes, harceleurs, et témoins). Des échanges ponctués par un rappel de la nécessité d’accepter les différences, rompre l’isolement et surtout trouver un adulte à qui se confier.
Une réflexion collective était ensuite menée en classe afin de désigner un slogan pour lutter contre le harcèlement scolaire, dans l’optique de participer au concours inter-classes organisé au sein du collège : « Va-t’en harcèlement », « Harceler ce n’est pas ma tasse de thé », «Force contre le harcèlement », « Harceler c’est démodé», « Réagir c’est guérir », «Pas de balance, que de la bienveillance», «Harcèlement, c'est aberrant !», «Pour se libérer, il faut en parler.», «Les harceleurs sont des voleurs de coeurs.», «Sois différent, lutte contre le harcèlement !»… les enfants n’ont pas manqué d’imagination.
11 heures, l’heure de passer à la présentation et à la distribution de la grille d’auto-évaluation. «1-Jamais, 2-parfois, 3-souvent, 4 -très souvent », un questionnaire qui prend la forme d’un QCM, des mots sur des maux…. Madame la rectrice rappelle ses tenants et aboutissants à des élèves de quatrième, « la possibilité d’obtenir une vision globale du climat scolaire dans l’établissement, d’identifier les situations de souffrance dans les classes, libérer la parole écrite puis orale, le caractère anonyme et non obligatoire de ce questionnaire, mais si on fait le choix de répondre on a le devoir de le faire sérieusement et de façon sincère, d’être responsable »
La fin de matinée est consacrée à la présentation du dispositif pHARe dont le collège a signé la charte : principes, objectifs, liste des élèves ambassadeurs et de l’équipe ressource. L’occasion de faire un point sur les élèves ambassadeurs. Trois par établissement, accompagnés d’un adulte ressource qui veille à ce que le projet de lutte contre le harcèlement s’intègre bien dans le plan de prévention des violences de l’établissement, ces élèves sont formés pour aider leurs camarades à repérer des situations de harcèlement et faire prendre conscience du rôle crucial des spectateurs passifs.
La pause méridienne rime avec une déambulation dans différents ateliers appelant à la participation de tous. Sont notamment présents des jeux collaboratifs / de coopération (tour Fröbel), des ateliers de création de "boites à vigilance", de construction d'un arbre de la lutte contre le harcèlement scolaire, le visionnage libre du film réalisé par les ambassadeurs et un théâtre d'improvisation.
Munch, un théâtre avec du punch !
Le théâtre, un art qui sied bien à cette journée, puisque c’est aussi le format choisi par l’équipe pédagogique et les élèves du collège Charles Munch à Grenoble pour aborder le harcèlement. Aux côtés de Madame la rectrice, les classes de 4e et 3e assistent à la représentation d’un monologue théâtral « Princesse de pierre ». Éloïse -combattante selon l’étymologie germanique- alias Pauline Chabrol, interprète (à merveille) le rôle d’une élève harcelée. Éloïse se mure dans ses rituels, invective, interroge, crie, interpelle, un appel à l’aide déboussolant, déstabilisant, poussant le public dans ses retranchements. La magie opère. L’assemblée est captivée. Sitôt la prestation terminée et le temps d’encaisser, des échanges intenses s’engagent avec la comédienne. Où l’on apprend que cette pièce, mise en scène par Rémi Baché repose sur le vécu de l’autrice Pauline Peyrade, harcelée en classe quatrième. « Pourquoi princesse de pierre ? » interroge la comédienne. « Immobile pour ne pas gêner, seule comme une pierre, se forger une carapace solide » … « cœur de pierre » ajoute Madame la rectrice.
Des réflexions qui amènent à s'interroger sur son attitude au sein du groupe, le rôle des témoins, essentiels quand on ne peut plus dire les choses, sur le moindre petit geste qui peut faire tout changer, ou encore le fameux : « je ne suis pas une balance ». Non pas « balancer », seulement faire preuve d’empathie, de courage, simplement aider, accorder de l’attention à la victime, lui rappeler ses qualités…
Pour finir sur une touche plus légère, cette petite anecdote, à l’heure où Madame la rectrice devait dire au revoir à des élèves de sixièmes : « J’espère que toute la classe va s’engager pour devenir ambassadeur.»
« Non moi je veux devenir footballeur. »
Les enfants et leur sens inné de la répartie… un terrain sur lequel Madame la rectrice a du répondant : « l’un n’empêche pas l’autre ». En effet, l’un n’empêche pas l’autre.
Pour la petite anecdote, «Le harcèlement est un dinosaure, soyons des météorites !» et «Contre le harcèlement : seul on est rien, ensemble on se soutient» sont les slogans vainqueurs du concours au collège de Boigne. Stylé n’est-ce pas ?
« Impossible et inadmissible qu’un enfant arrive à l'école la peur au ventre ». Des mots forts prononcés par Madame la rectrice tout au long de cette journée. Des mots qui font écho aux actions développées dans les collèges visités et dans l’ensemble des établissements de l’académie qui disent « Non au harcèlement ». Des établissements où les élèves, les équipes, les personnels s’engagent tous les jours pour un climat scolaire serein et une école apaisée. Un investissement quotidien. Le prix à payer pour le bonheur de nos élèves. Le prix à payer pour parfois, sauver des vies !
*Elisabeth Borne, première ministre, discours 27/09/23
Mise à jour : novembre 2023