Le mercredi 12 juin, le lycée professionnel Jacques Prévert à Fontaine (Isère) ouvrait ses portes aux onze établissements de l’académie de Grenoble lauréats du concours #NAH. Une académie engagée de longue date dans la lutte contre le harcèlement scolaire.

Appel du pHARe !

Comme le rappel d’une évidence, la lutte contre le harcèlement scolaire concourt au bien-être et aux meilleures conditions d’apprentissage de tous les élèves. Priorité du gouvernement, elle consiste à trouver des solutions pour aider les victimes, les accompagner et faire évoluer la posture des témoins. Depuis la rentrée 2023, le programme de lutte contre le harcèlement (pHARe) est obligatoire dans toutes les écoles, collèges, lycées publics et privés de France. Il vise à prévenir, détecter les situations, apporter des solutions, former les personnels et des élèves ambassadeurs, informer les parents et sensibiliser l’ensemble de la communauté éducative.
Pour sortir du harcèlement, une solution, en parler. Via le 3018 notamment ou en se confiant à un adulte de l’établissement, à ses parents, ou encore aux élèves ambassadeurs.

#NAH, 11ème

Organisé par le ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, avec le soutien de la mutuelle MAE, le prix NAH est ouvert aux jeunes de 6 à 18 ans et leur propose de s'exprimer collectivement sur le harcèlement à travers la création d'une affiche ou d'une vidéo. Le projet finalisé sera utilisé comme un outil dans l’établissement support pour un temps de sensibilisation.

À l’occasion de cette onzième édition, onze établissements de l’académie ont reçu un prix NAH qui vise à cultiver chez l'élève l'estime de soi, le respect d'autrui et la confiance en l'avenir, créer des conditions d'accueil sereines et propices aux apprentissages, faire de l'école, du collège ou du lycée un lieu de partage et de travail où chacun puisse trouver sa place et se sentir bien. Ce prix participe à ce travail d'envergure en donnant la parole aux élèves et en les rendant acteurs de la prévention de ce fléau. Il permet d’instaurer une dynamique de prévention et d’apporter des connaissances sur la problématique du harcèlement, du cyberharcèlement, les causes et comment lutter contre.

Au niveau national, plus de 150 000 élèves ont participé à ce concours, proposant plus de 4 000 productions. A l’échelle de l’académie de Grenoble, ce sont 91 établissements impliqués.

Cette année, de nouvelles catégories ont été créées, concernant la prévention du harcèlement sexiste et sexuel, le prix spécial inclusion car le harcèlement est aussi un rejet de la différence, et enfin, en cette année olympique, le prix spécial valeurs du sport.

Une cérémonie riche en émotions

Situé dans un écrin de verdure, le lycée Jacques Prévert de Fontaine avait mis les petits plats dans les grands pour faire de cet évènement un moment particulier.  L’accueil de Madame la rectrice et des DASEN était suivi de plusieurs « tableaux humains » interpellant sur les conséquences parfois dramatiques du harcèlement. Après le mot de bienvenue de Madame la rectrice, Séverine Conquet, co-réferente académique de lutte contre le harcèlement et maîtresse de cérémonie, mêlait humour et solennité pour récompenser, un par un, les lauréats du prix NAH. L’occasion d’échanger autour des projets avec Madame la rectrice et vivre quelques moments privilégiés.

Les établissements récompensés sont :

Catégorie Affiches 

• École Les Moines à St Quentin Fallavier (38) : l’affiche crée par les élèves de CE1-CE2 met en évidence les mots soutien, solidarité, gentillesse, bienveillance, coopération, le tout dans un soucis artistique avéré.
• Collège La Moulinière à Domène (38) :  Un jeu de domino sert de support à des mots écrits verticalement : « plainte, moqueries, peur, intimidation », tandis qu’une inscription rouge vient briser cette spirale via un slogan choc : « Harcèlement, Sois celle ou celui qui dit stop ».
  Un jeu du domino qui ne sort pas de nulle part, les élèves en attestent : « Souvent les harceleurs expliquent que c’est pour jouer, mais non le harcèlement n’est pas un jeu. Ce sont nous les élèves qui avons eu cette idée, les professeurs nous ont bien aidés pour corriger l’orthographe (rires) !»
• Lycée Ella Fitzgerald à Vienne (38) :  un visage d’élève fermé derrière des barreaux de prison. Un visage ou plutôt des visages, six au total.  « Une mosaïque pour dire qu’on est tous différents et que nos différences nous complètent, on est tous ensemble contre le harcèlement. » Couvrant la bouche (tel un symbole) le slogan surgit : « la clé pour se libérer, c’est d’en parler ».
  Un travail autour du visage mosaïque inspirant, des dires même du proviseur du lycée Ella Fitzgerald : « Nous avons le projet d’une exposition mosaïque l’an prochain composée par tous les visages des élèves de notre établissement ».

Catégorie Vidéo 

• École de Glapigny à Thônes (74) : « Le harcèlement c’est méchant »
  Superbe vidéo stop motion réalisée à partir de Playmobil par des CP/CE1. Dictée à l’adulte, écriture de l’histoire, apprentissage des textes, construction des décors, montage par un parent d’élève… le résultat est juste « époustouflant » de l’aveu même de Madame la rectrice, qui n’a pas manqué de s’adresser aux enfants : « C’est génial votre travail. Vous êtes des petits génies qui œuvrez pour une grande cause ».  Oui, le harcèlement c’est méchant !
• Collège Charles Dullin à Yenne (73) :« Une seule parole peut tout changer ! »
  « On voulait une vidéo parlante, qui ressemblait à ce qu’on pouvait retrouver au quotidien dans notre vie de collégien » témoignent les élèves. « Bien vu » sourira Madame la rectrice, « Ils sont timides, mais ils se lèvent pour dire non au harcèlement »
• Lycée Philippine Duchesne à Corenc (38) : « L’impasse !»
  L’ambiance est pesante. Un court métrage glaçant, fort en émotions, qui met des mots et des images sur les conséquences dramatiques du harcèlement, une vidéo puissante d’où on ne sort pas indemne. Les élèves résument le projet : « On voulait un film sans parole où les émotions sont seulement transmises au travers des bruitages et des images. » Objectif atteint, il a fallu ré-enfiler les pulls pour couvrir les frissons…

Prévention du harcèlement sexiste et sexuel 

• Collège la Lauzière à Val d’Arc (73) : « Je suis » est une ode à la tolérance.
  Avec beaucoup de subtilité, un parallèle est établi avec les tâches laissées par de la peinture (bleue pour les filles et rose pour les garçons), comme les insultes et les actes violents qui collent à la peau, toujours (très) difficiles à effacer. « Cette vidéo a été réalisée pour être ce que nous sommes et ne pas être ce que les autres veulent ce que nous soyons, nous sommes tous fiers de notre travail. » « Vous avez bien raison d’être fiers » rétorque madame la rectrice, « il est très important que chacun puisse être soi, merci de mettre en avant le harcèlement homophobe ».
  Un « je suis » qui se transforme petit à petit en « nous sommes », pour dire qu’il est possible de partager son mal-être et se faire aider.

Prévention du Cyberharcèlement 

• Lycée Alain Borne à Montélimar (26) :  Mon désir de vivre est bien plus fort que toutes tes insultes »
  Le rythme impulsé par la musique et les images est très soutenu, il rend bien compte de l’emprise des réseaux sociaux. Un projet artistique très visuel associant la danse dans un tourbillon infernal, synonyme de descente aux enfers. Quand les réseaux sociaux dérapent…

Prix spécial Inclusion 

• Collège Jeanne d’Arc à Albertville (73) : Face à face 
  Récompensé également au niveau national. A eu l’honneur de se rendre à l’Élysée le 29 mai…
  Textes pointus, gros plans, rap, slam, rimes très efficaces… ce projet réunissant l’ensemble des élèves du collège, de la sixième à la troisième, est une claque dans la figure, une superbe réussite artistique où le message délivré est le suivant : « apprenons à nous connaitre, ensemble brisons les préjugés… ». Une vidéo récompensée par une victoire académique et nationale.

Prix spécial Valeurs du sport 

• École Jean Moulin à Valencin (38) : Tendons-nous la main
  Les valeurs du sport et son fair-play universel revisitées à travers le jeu « des chats et des souris », décliné en deux versions.
  La première, celle où les souris en tee-shirt blanc, isolées, ne peuvent être délivrées si elles sont touchées. Réaction des enfants : « les chats sont trop puissants, ils se sentent forts car les souris ne peuvent rien faire. »
  La seconde, identique en tout point à la première sauf qu’ici, les souris, en tee-shirt multicolores, peuvent être libérées. Ce qui change tout ! Réactions diamétralement opposées des enfants : « Maintenant les souris sont fortes du fait de se sentir aidées. Tendez la main pour dire non au harcèlement ».
  S’en suit un échange amusant avec Madame la rectrice : « Et si tu voyais une souris se faire harceler, comment réagirais-tu ? Tu as déjà vu un chat ? … »
  Des enfants qui jouent au jeu du chat et la souris avec Madame la rectrice, maitrisant parfaitement le second degré …

Coup de cœur MAE (assurance scolaire partenaire historique du concours)

Remise d’une dotation de 1 000 € utilisée pour réaliser des projets pour lutter contre le harcèlement dans l’établissement scolaire

• Collège du Grésivaudan à Saint-Ismier (38) : « Le silence tue, ne devenez pas complice »

Photos de classe, des élèves ont les yeux bandés, sauf deux, l’élève harcelé et celui qui refuse de ne pas voir. Un joli message détaillé par les lauréats : «On souhaitait une photo de classe car c’est toujours un moment joyeux où les gens sourient, mais on ne voit pas ce qui se cache parfois derrière ces sourires de façade. On dénonce plus le rôle des témoins passifs qui manquent de courage. Ne vous cachez pas la vérité, osez en parler ».

Jacques Peloux, proviseur de l’établissement Jacques Prévert saura trouver les mots justes à l’heure de conclure ce moment suspendu : « Nous avons tous été touché par cette cérémonie, c’était un moment riche en émotions ». Il fut temps ensuite de remercier chaleureusement les équipes du lycée Prévert pour la superbe organisation et inviter l’ensemble des participants à une collation bien méritée. Après avoir félicité l’ensemble des élèves et personnels impliqués dans cet évènement et réconforté une ancienne élève harcelée pour son témoignage courageux et déchirant, Madame la rectrice a souhaité un rassemblement de tous pour une photo souvenir. 

 

Félicitations à tous les lauréats et lauréates, ainsi qu'à l'ensemble des établissements inscrits à ce concours d'utilité publique. On se donne rendez-vous encore plus nombreux l'année prochaine pour tous ensemble, dire Non au harcèlement !