Dans le but de lutter contre le harcèlement scolaire, les quelque 1000 élèves des établissements de la cité savoyarde ont embrassé un projet multiculturel combinant ateliers de dessins, arts plastiques et théâtre. Une exposition restituant le travail réalisé sera présentée du 17 au 29 juin à la Maison des Arts de Saint-Alban-Leysse.
Initiée par la mairie de la commune, en collaboration avec l’académie de Grenoble, le département de la Savoie, la région AURA et l’association Théâtre en herbe, le projet « Je dessine et je joue pour dire stop au harcèlement » est un levier d’action en réaction au phénomène du harcèlement scolaire. Son but est de dénoncer et sensibiliser les esprits à toutes les formes de harcèlement, à travers des actions pédagogiques innovantes.
La culture, pierre angulaire du projet !
« Je dessine et je joue pour dire stop au harcèlement » se déroule au sein de chaque établissement scolaire de Saint Alban en Leysse (écoles et collège). Pourquoi le choix de la culture pour lutter contre le harcèlement ? Christelle Blambert, adjointe à la solidarité au sein de la mairie, et instigatrice de ce projet nous éclaire : « la culture est un vecteur formidable pour transmettre des idées. Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ? Comment je le perçois ? Comment je le comprends ? Les élèves se sont exprimés et ont livré leur regard via le prisme de la bande dessinée grâce à des ateliers d’initiation au dessin et à l’écriture du scénario, des ateliers théâtre, ainsi qu’un atelier d’arts plastiques centré sur le thème des émotions. »
Ateliers BD avec l’illustrateur Adrien René
Adrien René crée des bandes dessinées humoristiques de style franco-belge. Il est intervenu auprès des classes de 6ème et CM1/CM2. Il nous explique sa démarche : « les élèves ont inventé des personnages et élaboré des scénarios sur le harcèlement scolaire, à partir de scènes vécues ou imaginées. Ils ont ensuite réalisé un scénarimage. Dans un second temps, j’ai illustré les scénarios créés avec ma tablette graphique afin d’aboutir à une bande dessinée. Pour finir, celle-ci a été imprimée et distribuée aux établissements concernés et aux partenaires de l’opération ».
Atelier de mise en scène avec l’Association Théâtre en Herbe
La professeure de théâtre Pauline Buttner a travaillé avec des élèves d’école primaire. Ils ont imaginé et mis en scène des saynètes donnant à voir des situations de harcèlement scolaire. Filmées et enregistrées, elles pourront être visionnées du 17 au 29 juin sur un écran TV à la Maison des Arts.
Ateliers Arts plastiques à l’école maternelle
La question du harcèlement scolaire chez les plus petits a été traitée sous le prisme des émotions. Fabienne Blois, directrice de l’école maternelle Louis Armand, étaye cette idée : « Les élèves ont travaillé sur la compréhension de leurs émotions en les traduisant par des arts plastiques. Décoder les émotions chez les autres, faire preuve d’empathie sont des savoirs-être indispensables. Ils sont des repères pour identifier et empêcher les situations de harcèlement et apprendre à vivre ensemble ».
A noter que les parents d’élèves sont associés à cette initiative. En effet, parallèlement à ces actions organisées dans les établissements scolaires, une conférence sur le harcèlement se déroulera mardi 11 juin en soirée. Sylvie Blanc, référente “harcèlement” de l’Éducation nationale en Savoie,entend bien délivrer, en substance, le message suivant : « aujourd'hui plus que jamais, notre écoute et une perception juste du vécu des enfants sont essentielles. C'est notre affaire à tous : parents et professionnels. Ne minimisons pas ce que vivent les enfants ».
Des retours unanimes !
Qu’ils soient élèves, enseignants, directeurs d’établissements ou animateurs des ateliers, tous ont apprécié à leur juste valeur ce projet original de lutte contre le harcèlement scolaire.
A l’image des jeunes Cyrielle ou Kim qui ont adoré ces activités : « On a pu se mettre à la place d'un enfant qui se faisait harceler et les gens peuvent mieux comprendre ce que ressent une personne en cas de harcèlement » ou encore cette réaction de Giorgia : « on a travaillé sur le bien-être à l’école. Ce n’est pas parce qu’on est différents qu’on ne peut pas être amis ».
Du côté des adultes, Pauline Buttner argue la possibilité « de se mettre à la place de l'autre et de prendre ainsi conscience des émotions qui sont en jeu dans une situation de harcèlement ». L’illustrateur Adrien René, de son côté, souligne la pertinence de la BD comme « outil d’expression ».
Du point de vue des équipes pédagogiques, il était beaucoup question de libération de la parole et d’empathie : « ces ateliers d’initiation au dessin et à l’écriture du scénario a véritablement apporté du sens et a facilité la parole auprès des élèves » (Yvan Chomel, directeur de l’école primaire Notre Dame de la Salette). « Le théâtre et le dessin ont permis à nos élèves d’aborder autrement ce thème sensible du harcèlement et de découvrir la notion d’empathie » (Sabine Pernet, directrice de l’école élémentaire René Cassin). « L’atelier d’arts plastiques mené autour des émotions est fondamental. Il contribue à poser les premières briques de la lutte contre le harcèlement en travaillant sur les ingrédients d’une socialisation harmonieuse » (Fabienne Bois, directrice de l’école maternelle Louis Armand).
Le mot de la fin revient à Laurence Viboud, Principale Adjointe du collège J.X. de Maistre qui résume bien l’esprit de ce projet : « La question de la prévention de la violence à l'école est une priorité de chaque instant, tant elle est décisive. Permettre à nos jeunes de pouvoir travailler à développer des capacités de bienveillance et d'empathie est une chance offerte à chacune et chacun de vivre le collège comme un lieu d'apprentissage, où chacun a pleinement sa place. J'ai aimé ce projet pour deux raisons. La première, c'est l'approche collaborative et coéducative entre le collège et la commune. La deuxième, c’est le message véhiculé : le choix d'une thématique volontairement centrée sur le développement des compétences relationnelles (bienveillance, entraide, mais surtout autodérision) était un parti pris fort, qui a très bien fonctionné auprès de nos élèves. Le travail accompli l'illustre d'ailleurs de manière très explicite ».
On a hâte de voir le résultat. Rdv donc du 17 au 29 juin à la Maison des Arts de Saint Alban-Leysse pour découvrir les œuvres exposées. À noter, le vernissage, ouvert au public, se déroulera le samedi 15 juin. A cette occasion, les jeunes de la troupe Théâtre en Herbe joueront un extrait de la pièce de théâtre travaillée pendant l’année et le samedi 29 juin, la section “jeune” de Théâtre en Herbe présentera sa pièce de théâtre à l‘occasion du spectacle de fin d‘année de la troupe.
Pour lutter contre le harcèlement, toutes les initiatives sont à valoriser. D’autant plus quand elle développe l’esprit créatif. À Saint-Alban en Leysse, « allier l’utile à l’agréable » n’a jamais été aussi bien matérialisé …
Mise à jour : juin 2024