À l’occasion de la sortie du film « Un bon début » mercredi 12 octobre dans toute la France, le projet Starter occupe le devant de la scène.
D’abord présenté par Antoine Gentil, professeur référent du projet, c’est au tour des anciens élèves, acteurs ou non du film, de nous livrer leur regard sur ce dispositif qui a changé le fil de leur vie.
Salim, Izella, Melinda et Tamara. Quatre élèves parmi les quelques 150 passés au sein du dispositif Starter. Les deux premiers une année avant le tournage, les deux dernières à l’affiche du film. Tous acteurs du Starter, tous avec un leitmotiv commun. MERCI MONSIEUR GENTIL !
Tamara, 17ans dans quelques semaines, héroïne de ce film :« Cette classe c’est la meilleure »
Tamara, on te voit beaucoup dans ce film, cela t’a donné envie de faire du cinéma ?
Franchement oui même si dans ce film je ne jouais pas un rôle d’actrice, c’était la vraie vie. Sinon oui, j’aimerais bien.
Tu as réussi à oublier les caméras lors du tournage ?
Au début, on ne regardait que ça et puis au fil du temps, on a oublié, on a vécu notre vie comme s’il n’y avait personne.
La sortie du film, qu’est-ce que ça change pour toi ?
Déjà je vais me voir quand j’étais petite parce que j’ai vu la bande annonce, je ne me reconnaissais même pas (rires), j’avais 14 ans. Je verrai aussi mon père, il est décédé depuis, c’est pour lui en fait que je vais regarder le film, sinon je ne l’aurais pas regardé.
Ah oui vraiment ?
Oui c’est monsieur Gentil qui m’a motivée pour venir le voir.
Parlons de Starter, quel était ton profil avant d’arriver à Starter ?
Perturbatrice, avec des problèmes de comportement.
Comment s’est passée cette année de troisième ?
Beaucoup mieux que toutes les autres années même s’il y a eu des petites rechutes, avec notamment quelques fugues parfois.
Quelles étaient tes relations avec tes camardes ?
Elles étaient bonnes même si parfois on a connu quelques petites embrouilles.
Et avec Antoine Gentil ?
C’était super bien.
Que dirais-tu de ton évolution pendant cette année au sein du dispositif Starter ?
Avant de venir à Starter, jamais je n’aurais pensé avoir mon brevet, et au final je l’ai eu avec la mention bien, c’était une grosse fierté. Starter c’était un tremplin pour moi.
On t’a quittée dans le film lors de la remise de brevet, que deviens-tu désormais ?
Je vais faire un CAP vente et commerce.
Que dirais-tu à des jeunes qui doivent rejoindre Starter ?
S’ils viennent ici, déjà la classe est moins nombreuse, les profs prennent plus de temps individuellement pour nous aider. Monsieur gentil, on peut le contacter à tout moment, le jour, la nuit, tout le temps.
Tu l’as appelé parfois la nuit par exemple ?
Non quand même pas (rires), mais il nous aide vraiment. Je ne sais pas trop quoi dire, cette classe c’est la meilleure, elle te fait vraiment évoluer.
Tu as un message qui te tient à cœur à faire passer ?
Je voulais remercier tous les professeurs, surtout monsieur gentil. Sincèrement merci.
Mélinda, actrice du film, « Starter, une chance que tu ne retrouveras pas ailleurs »
Actrice et en plus en photo sur l’affiche officielle du film, tu es une star désormais ?
Oui c’est ça, maintenant je suis une star (rires).
Plus sérieusement comment s’est passé le tournage ?
Au début c’était impressionnant, il y a des micros, un caméraman dans la classe, on te filme. Et puis ensuite tu oublies.
Un souvenir de tournage marquant ?
(Rires) L’équipe de tournage nous suit également dans notre vie privée. Elle s’était déplacée en Bretagne pour nous soutenir ma petite sœur et moi. Elle était en famille d’accueil et on faisait en sorte qu’elle puisse revenir vivre avec nous, ils étaient avec nous, cela m’avait beaucoup touchée.
Hâte de voir le film ?
Oui et non. Je suis fâchée avec ma mère, on ne se parle plus. Et le fait de voir le film, voir que nous étions très complices, que j’étais toujours là pour elle, ça me fait quelque chose.
Avant d’intégrer le dispositif Starter, quel était ton profil scolaire ?
J’étais dans ma bulle, très renfermée, peu sociable, c’est à cause de cela que je suis arrivée ici.
Tu t’es épanouie au sein du dispositif ?
Les débuts étaient difficiles. Avec tous mes problèmes, j’avais du mal à m’ouvrir aux autres. Avec le temps j’ai évolué même si j’avais encore peu de relation. Par la suite j’ai pu recevoir une formation CAP petite enfance. Entre temps, j’ai rencontré des problèmes et j’ai dû arrêter.
Comment pourrais-tu qualifier Antoine Gentil ?
Il est très gentil (rires), très à l’écoute, toujours présent lorsque l’on rencontre un problème. Il essaye de mettre en place des mesures pour que nous nous sentions mieux, fait en sorte de toujours nous mettre à l’aise et dans les meilleures dispositions pour travailler. Il sait trouver les mots pout te faire sentir bien. Aujourd’hui encore, trois ans après, il est toujours là à me suivre et je l’en remercie, il ne nous lâche pas. Si j’ai besoin d’aide je sais très bien que je peux l’appeler.
C’est ce que tu fais ?
Oui je lui envoie souvent des messages. Il me demande de mes nouvelles car il sait très bien qu’en ce moment c’est très compliqué pour moi. C’est grâce à lui que je tiens car je sais que je ne suis pas toute seule. S’il n’y a plus personne autour de moi, je sais qu’il est là.
Que dirais-tu à un jeune qui hésite à rejoindre le dispositif Starter ?
Je lui dirais de ne pas douter et d’y aller. On a tous des problèmes dans la vie, certains plus que d’autres, mais vraiment c’est une chance que tu ne pourras pas trouver ailleurs. Au début ce sera difficile, mais quand tu te lances, tu vois que l’on te soutient, on t’entoure, après tu n’as plus envie d’arrêter. Donc il ne faut pas douter, il faut foncer.
Izella, 18 ans et pleine d’entrain, titulaire d’un CAP petite enfance, travaille dans une crèche : « Une année incroyable, je pourrais en pleurer tellement c’était bien »
Toi Izella, on ne te voit pas dans le film ?
Oui c’est cela, je suis trop triste de ne pas avoir joué dans ce film, j’aurais bien voulu.
Pourquoi ?
Pour montrer la merveilleuse année que j’ai passé ici parce que pour moi c’était incroyable, ça m’a changée.
Comment étais-tu avant de venir ici ?
Une enfant. J’étais immature et problématique. Mes années de collège étaient très compliquées. Je détestais l’autorité, j’étais très rebelle.
Et ensuite ?
Monsieur Gentil nous a appris l’autorité mais différemment. Quand je suis arrivée ici, on a parlé et j’ai tout de suite vu qu’il me donnait toute sa confiance. J’ai gagné en maturité, tant sur le travail que sur le comportement, et en estime de soi. Je pense que j’étais agressive car je manquais de confiance en moi et ça Monsieur Gentil l’a bien compris. Et comme lui il croyait en moi, pourquoi moi aussi je ne pouvais pas en faire autant ? Franchement, ce fut une année incroyable, je pourrais en pleurer tellement c’était bien.
Quelle est sa principale qualité ?
Il est bienveillant et il croit en nous. Il est dur sans l’être, il nous fait comprendre que c’est pour notre bien. Et pourtant, au début j’ai contesté son autorité mais au bout d’un moment, j’ai vite compris qu’il aurait le dernier mot. Il ne nous lâche pas. Des fois on regardait le téléphone, il sautait par-dessus la table pour nous les confisquer (rires). C’est ça monsieur Gentil, un mélange de sévérité et de confiance.
Un mot sur les relations avec tes camarades ?
Elles étaient bonnes dans l’ensemble car nous étions tous pareils, même si des fois, comme nous avions tous des forts caractères, il y avait quelques clashs.
Tu as un souvenir plus marquant que les autres ?
Pas forcément, à part peut-être quand j’ai eu mon brevet. Moi je ne voulais même pas aller voir les résultats, j’étais au lac à me faire bronzer (rires). Monsieur Gentil m’a envoyé un message pour me dire que je l’avais, je pensais qu’il rigolait. Ensuite j’ai reçu de nombreux sms où il me disait qu’il me félicitait, qu’il était fier de moi. J’étais super contente et très fière finalement, c’était mon premier diplôme. Plus tard, quand je lui ai dit que j’avais eu mon CAP, là aussi il était très heureux, et franchement ça m’a fait très plaisir.
Tu as gardé le lien avec Antoine Gentil ?
Oui, je lui ai dit, je reviendrai jusqu’à ce que je vous montre mon landau avec mes enfants, je lui ai déjà présenté mon copain et je viendrai avec mon enfant. Si je suis devenue la personne que je suis aujourd’hui c’est grâce à lui et je veux qu’il le voit. C’est vraiment une belle personne.
Tu sembles heureuse désormais. Cela aurait été la même chose si tu n’avais pas croisé le projet Starter ?
Je ne veux même pas y penser. Après j’ai des parents stricts donc je n’aurais pas fait n’importe quoi non plus, mais je n’aurais pas eu mon brevet et ne serais pas allée au lycée. Sans lui je n’aurais pas tout ce que j’ai aujourd’hui. Je suis émue, j’ai envie de pleurer (rires).
Salim, 19 ans, a travaillé dans la boulangerie et l’animation, est passionné de musique, de rap notamment : « Passer par la Starter pour comprendre la vie »
Quel était ton parcours scolaire avant d’intégrer le dispositif Starter ?
Pour moi au collège, c’était vraiment la galère, je n’arrivais pas à rester assis derrière un bureau à écouter quelqu’un parler toute la journée. D’une manière générale, je faisais n’importe quoi, j’étais beaucoup influencé par de mauvaises personnes.
À la fin de ma quatrième, la principale du collège m’a expliqué que ce ne serait pas possible de suivre une troisième classique. Elle m’avait parlé du dispositif Starter, je suis venu voir et je suis resté. C’est une année qui restera gravée à jamais dans ma mémoire.
Pourquoi ?
Ce n’était pas comme au collège, les activités étaient différentes. Monsieur Gentil nous apprenait réellement la vie. Il était là pour nous, toujours derrière nous à nous soutenir. Cela m’a beaucoup aidé.
Comment était l’ambiance dans la classe ?
J’étais à l’aise. Dès le début de l’année, on s’est réuni et on a fixé des règles. S’il y avait une histoire on la réglait tous ensemble. Nous étions soudés, comme si nous étions une famille. Je n’en ai que de bons souvenirs.
Il y a un moment qui t’a marqué plus qu’un autre ?
Oui, c’était lors d’une activité avec un artiste, Martin Mey, il se produisait à la Belle électrique et dans une petite salle de concert à Grenoble. On avait fait avec lui une instru et une sorte de showcase, c’est un truc qui m’a plu énormément.
Trois ans après la fin du dispositif, que deviens-tu désormais ?
J’ai travaillé dans la boulangerie et l’animation avec des enfants mais ma passion c’est la musique, je vais me lancer dans cette activité.
Qu’est-ce que tu as envie de dire à des jeunes qui seraient dans la même situation que toi trois ans en arrière ?
De se faire confiance et bien réfléchir avant d’agir. Je les encouragerais à venir ici, c’est un passage obligatoire. Ils doivent passer par la Starter pour comprendre la vie.
La Starter, c’était son nom ?
Oui la Starter, et des fois on déclinait. Quand il y en avait un qui faisait une bêtise, il s’isolait tout seul dans une classe pour faire son travail, c’était le placard (rires).
Tu as une chose importante à ajouter par rapport à cette classe ?
Je crois que si je n’étais pas passé par cette classe, je pense que je serais devenu quelqu’un de mauvais, j’aurais pu mal finir. Cette année-là m’a ouvert les yeux.
Maintenant tu es devenu quelqu’un de bien ?
Quelqu’un de correct (rires), Monsieur Gentil m’a beaucoup aidé. Même quand on avait des problèmes à la maison, il était toujours là pour nous, il nous appelait, était à l’écoute de la famille, franchement c’était magnifique.
Mise à jour : décembre 2023