Questions - Réponses ! Olivier Chelmas, professeur d’EPS

Olivier Chelmas est professeur d’EPS au collège Marcel Mariotte à Saint-Siméon-de-Bressieux dans l’Isère et accessoirement champion du monde de Boomerang.
Lauréat, avec ses élèves, du dispositif « Ma classe aux jeux », le sportif évoque avec nous cette échéance excitante.

Alors oui, j'étais champion du monde dans une discipline et il y a six épreuves en Championnat du Monde. On est dans une espèce de combiné, un petit peu comme au décathlon, et les épreuves en individuel sont les suivantes : précision, vitesse, endurance, Aussie round (distance), rattrapage acrobatique et maximum de temps en l'air. Celle où je suis champion du monde c'est l'épreuve d’Aussie round. Elle consiste tout simplement à faire voler son boomerang à plus de 50 m, le faire revenir le plus précisément possible du point où on a lancé, c'est-à-dire un cercle qui fait 2 m de rayon, et on doit le rattraper. Tout cela nous amène des points, on doit faire ces cinq lancés de manière non consécutive. Il y a un turnover jusqu'à ce que tout le monde en fasse 5, c'est noté sur 100 points. Personne n'a jamais fait 100 points, le record du monde est de 99, moi j'ai la chance d'avoir le record de France avec 94, et en 2016 à Kiel, je remporte le titre de champion du monde.

Alors vous ne croyez pas si bien dire ! Pas de moufle, mais un gant dans la main qui ne lance pas, pour rattraper. Cela concerne certaines épreuves, notamment la vitesse où les boomerangs reviennent très vite, l'endurance également et l’Aussie round, car les boomerangs sont assez lourds.

Oui tout à fait, on a eu la chance d'être retenus dans le projet « ma classe aux jeux ». Nous avons eu un retour positif et donc on aura la chance d'assister aux jeux paralympiques de Paris dès septembre 2024.

C’est une billetterie populaire mise en place par l’état qui a dû donner 180 000 ou 190 000 billets pour les jeunes. Il fallait simplement répondre à un projet éducatif qui permettait de mettre en avant les valeurs du sport olympique ou paralympique.

Nous avons répondu dans le domaine de l'intégrathlon, sur un projet qui s'appelle Handi-boomerang, où l'objectif est de partager au plus grand nombre la passion des élèves de l’association sportive sur le boomerang, et notamment en direction des gens atteints de handicap ou d'élèves à besoins particuliers.

On a une vingtaine d'élèves qui sont motivés par ce projet. À l'origine c'est une discussion partagée, pas du tout imposée par l'enseignant, et ces élèves-là sont très motivés. On a eu la chance, d’une part, de faire partager notre passion, justement aux journées nationales du sport scolaire avec tous les collégiens et les lycéens de l'académie, puis ensuite on a eu la chance également d'accueillir un sportif paralympique, Damien Roger, et actuellement on est en train de recevoir différents IME, les instituts médico-éducatifs où on va former des jeunes, échanger avec eux et pouvoir leur donner la possibilité d'accéder à une activité à laquelle ils n'auraient pas pensé sans être accompagnés. On est dans un projet de partage et dans une inclusion

Ils étaient contents, heureux d'avoir appris cette nouvelle là, mais si on retient pour eux une chose, c’est le fait d’aller à Paris, voilà c'est surtout ça, c'était de dire « on va aller à Paris ».  Ils n’ont pas encore ressenti, intégré la grandeur du milieu olympique.

On n’a pas encore les dates puisqu’elles nous seront attribuées courant décembre, c'est la même chose pour les dates des activités que l'on pourra voir.

Comme on a découvert Damien Roger en volley assis -il fait partie de l'équipe de France paralympique-, on aimerait bien pouvoir le suivre et le supporter, puisqu’il est venu dans notre collège. C’était pour parler de son handicap avec Madame Morin, la professeure de SVT, puis rencontrer des élèves de 5e qui l'ont interviewé, et puis en même temps, nous, on a partagé notre passion avec lui et lui nous a fait partager la sienne. Oui, ce sera intéressant de pouvoir l'encourager, le supporter.

Oui tout à fait, on a commencé tout d'abord par ça. Tout le monde a posé les fesses par terre, on a baissé le filet du terrain de volley, et puis on a essayé, on a fait des petits jeux de manipulation de ballon, on a fini par un petit match pour voir ce que ça donne. Les élèves de quatrième qui font actuellement du volley classique ont trouvé ça super intéressant, super riche. C'était vraiment bien de voir au niveau du sol, puis en même temps se dire que le volley assis est une activité qui intègre à la fois les valides et les non valides.

Comment j’en ai entendu parler ? Tout simplement nous avons été labellisés tardivement. J'en ai discuté avec mon inspectrice Madame Régine Battois Locatelli sur l'envie de pouvoir atteindre un public différent, donc les personnes atteintes d'handicap, et elle m’a dit que cela rentrait tout à fait dans le cadre du projet pour labelliser l’établissement. En même temps, une fois labellisé, il y a eu la campagne qui a démarré sur « ma classe aux jeux », donc on était dans le projet et puis on a tout simplement fait ce qu'il fallait pour pouvoir se porter candidat, parce que notre projet était éligible, il rentrait tout à fait dans les clous et il était tout à fait intéressant.

Oui, tout à fait, quand même ! On ne peut pas, même en étant adolescents, passer à côté de de ce que représente un événement pareil, surtout en France. Puis, même s'ils passaient à côté, je pense qu'ils vont vite être rattrapés par la communication médiatique autour de cet événement-là. Donc oui, ça va être quelque chose d'assez grand, même gigantesque.

C'est quelque chose de fantastique. On a un public rural, assez enclavé, donc dans tout ce que l'on fait, on a le projet d'une ouverture culturelle, d'essayer de sortir de ce bassin, et cela va énormément y contribuer. Ces élèves vont rencontrer quelque chose qu'ils n'auraient jamais pu vivre et quand je dis ces élèves-là, moi non plus, s'il n’y avait pas eu « ma classe aux jeux », je n’aurais franchement pas pu me rendre aux Jeux olympiques.

En un seul mot, on va dire que c'est du partage.

Ce dispositif c'est une chance. D’ailleurs le mot chance aurait pu lui aussi résumer ce dispositif. On a la chance de vivre ça, on va le vivre pleinement, mais sans être des consommateurs Nous sommes axés dans notre dispositif sur l’envie d’échanger, partager, promouvoir, accompagner et rencontrer des gens, et donc on va entrer pleinement dans ce dispositif là et dans ce projet-là.

 

Non, Grenoble c'est 68, c'était il y a longtemps, que ça soit Grenoble ou pas, c'est les Alpes, c'est génial. Avoir encore un événement comme ça, et même si ce n’est pas Grenoble, le mettre dans notre région, c’est super. En espérant que l'État remette le couvert sur « ma classe aux Jeux Olympiques d’hiver » …

Alors évidemment, je pense que c'est le rêve de tout sportif de pouvoir avoir un accomplissement sur les Jeux Olympiques. Malheureusement la discipline que je pratique est une discipline marginale, et on sait très bien que de toute façon aux Jeux Olympiques, ce qui compte, et c'est normal, c’est d'abord un grand nombre de de licenciés ou de pratiquants sur la planète. On en est loin, c'est confidentiel. Et puis après il y a des choix à opérer qui sont des choix qui nous dépassent tous largement,.On profitera de cette fête autrement, mais oui, en tant que sportif, ça aurait été fantastique.

C’est difficile d'en cibler un globalement, j'ai quand même de bons souvenirs de mon collège et de mon lycée. Ce sont des moments qui sont assez fantastiques à la fois sur le plan scolaire -j'ai été un élève qui était relativement à l'aise au collège et au lycée où tout allait bien- et à la fois des moments extraordinaires sur le plan du vivre ensemble. C'était des moments extraordinaires pour moi déjà à l'époque, de savoir que je voulais être prof d’EPS, et donc de pratiquer en EPS, de m'éclater complètement.  Après sur un événement particulier, j’ai peut-être un souvenir un petit peu anecdotique mais quand j'étais en lycée, on avait un professeur de physique/chimie, c'était ma deuxième seconde, et il nous proposait une expérience où on devait mettre du sodium sur de l'eau avec un petit papier. Et le sodium, au contact de l'eau, il se consume et dégage de l’énergie. Avec un de mes compères, on avait trouvé qu’il avait mis beaucoup trop de matière et que ça allait mal se passer, donc on se retrouve au fond de la classe et ça n’a pas manqué, tout a explosé … les collègues, les autres camarades qui étaient devant ont été inondés, donc c'est un moment marquant qui était assez intéressant parce qu’il y avait eu quelque chose de concret, et on se rendait compte que... là, ça n’allait pas bien se passer.

Mise à jour : décembre 2023