Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 se profilent à l’horizon. Populaire, spectaculaire, planétaire, festif…les adjectifs pour décrire cet évènement sont légions.
Ce dimanche 8 octobre, à la veille de l’ouverture de la billetterie officielle, la journée paralympique s’invitait sur le devant de la scène pour une seconde édition. Une journée paralympique dont les objectifs principaux sont de tester et se familiariser avec les sports paralympiques, mais surtout développer l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap.
Le rendez-vous était donné à Paris, place de la République. Outre la pratique physique, il était possible de rencontrer les stars des différentes disciplines telles que Michaël Jeremiasz (ancien athlète de Tennis fauteuil) ou encore Viknesh Anbarasan (Cécifoot), et bien d’autres encore.
Sauf que tout le monde n’a pas eu la chance de vivre cette journée parisienne. Alors l'’académie de Grenoble vous propose une alternative et vous raconte cette belle initiative tenue au collège Marcel Mariotte à Saint-Siméon-De-Bressieux dans le Nord-Isère. L’occasion de faire connaissance avec Damien Roget, athlète handisport membre de l’équipe de France de volley assis. Assis peut-être, mais un personnage haut en couleur…
Sport et pédagogie font bon ménage !
Atteint du syndrome de Guillain Barré forme axonale en 2003, le sportif de 32 ans, orthoptiste dans la vie de tous les jours, conserve depuis 2009 des séquelles aux membres inférieurs. C’est cette maladie qu’il est venu évoquer ce matin du 04 octobre à des élèves de 5e du collège nord isérois, au côté de Émilie Morin, enseignante de SVT. Cette dernière joue en équipe, elle tient à le préciser d’emblée : « Cette venue est à l’initiative de notre professeur d’EPS Olivier Chelmas, instigateur du projet. Mes collègues de Français Carole Bastian et Sarah Schmite ont également participé en aidant les élèves à l’oral et l’écrit. Ensemble, nous avons collaboré pour enregistrer une émission de radio qui retracerait nos échanges et que l’on diffuserait sur le site de l’établissement. » Bref un travail collectif à qui sied bien à la culture sportive de l’établissement.
Tac au tac !
Naturels comme seuls savent l’être les enfants, les questions fusent de toute part, alternant le tutoiement et le vouvoiement, passant souvent du coq à l’âne :
« Comment est arrivée cette maladie ? Qu’est-ce que tu manges avant les matches ? Tu as beaucoup de médailles ? Comment vous déplacez-vous sur le terrain ? Vous êtes déjà passé à la télé ? Tes prothèses, elles ne te gênent pas pour marcher ? Qui paye le billet d’avion avec l’équipe de France ? Il est dur votre sport ? Tu étais triste après ton handicap ? C’est quoi ton plat préféré ? Pourquoi les jeux olympiques sont importants ? Tu connais des sportifs qui se dopent ? Quelles sont les équipes les plus fortes ? etc. »
Un question-réponses, auquel Damien Roget, à l’aise comme sur un terrain de volley, se prête avec le sourire, replongeant sans tabou dans ses souvenirs : « Il a fallu accepter, lorsque j’étais au collège, de pouvoir faire du sport le vendredi, se trouver hospitalisé le samedi et en fauteuil roulant la semaine suivante, et ce pendant toute une année. Je me déplace désormais toujours avec mes orthèses, elles sont indispensables pour moi. Je n’étais pas triste, j’étais dans le déni et la colère. C’était dur à accepter, mes copains allaient en sport et moi je partais chez le kiné. Mes amis ne m’ont pas abandonné, j’ai eu la chance d’être bien entouré et maintenant j’ai un métier que j’aime, des liens sociaux, je suis heureux et épanoui. » Le sportif est un gagneur qui a su surmonter les épreuves de la vie. Il enchaine avec des anecdotes et distribue les mots sympas : « J’ai un panneau en liège chez moi pour accrocher mes médailles. Il y en avait un peu trop alors elles sont toutes tombées, c’est surtout parce que dans notre sport, même les derniers ont des médailles (rires). Pour information les nations les plus fortes sont la Bosnie Herzégovine, l’Allemagne, les USA et l’Iran qui possède dans ses rangs un joueur atteint de gigantisme. Assis, bras levés, il mesure 1,80 mètres, difficile alors de le contrer (rires). »
Radio Marcel Mariotte, c’est top !
Emilie Morin, en bonne pédagogue recentre les débats autour de la thématique du jour : Corps humain et santé, avec notamment un focus sur l’alimentation. Damien Roget, amateur de l’entrecôte/frites, se projette sur le menu et nous met l’eau à la bouche : « Notre repas d’avant match est très important, pâtes, sucres lents et un petit café, mais vous êtes un peu trop jeune pour savoir comme c’est bon. La raclette, c’est plus pour après les matches. »
Il est désormais l’heure de passer à l’enregistrement audio. Jingle, intro, chroniqueurs, questions, réponses, conclusion, jingle… Un résultat au top pour une équipe de journalistes en herbe enthousiastes à souhait. ÉCOUTER
L’heure de la pause repas approche. Auparavant, Damien Roget diffuse quelques vidéos de volley-assis et ponctue son intervention par un dernier témoignage, preuve s’il la fallait de sa prise de recul sur son handicap. Le champion répète à qui veut l’entendre : " Si tu abandonnes une fois, cela peut devenir une habitude, n’abandonne jamais ! ». Cette célèbre devise empruntée à son idole Mickael Jordan fait officie de mantra et rappelle surtout que handicap ou pas, la vie est belle…
Notre cœur fait (Handi) boom…
Si la matinée fut pédagogique, l’après-midi elle, sera consacrée exclusivement à la pratique sportive, dans le cadre des activités USEP. Pratiques sportives au pluriel puisque les thématiques du jour seront évidemment le volley assis et … le Handi Boom. Sous la houlette de Olivier Chelmas, professeur d’EPS, les onze élèves de l’association sportive du collège se sont lancés le défi d’enseigner le boomerang à Damien Roget. L’athlète se présente aux élèves avant de passer directement à la pratique du volley assis sous les comportements enjoués et impliqués des élèves.
Retour à l’envoyeur ensuite lorsque les élèves se muent en professeur et initient Damien Roget aux rudiments du lancer le Boomerang. On est champion ou on ne l’est pas et en quelques minutes à peine, sous les regards admiratifs des jeunes sportifs, le champion de France de Volley-assis procède à son premier rattrapage !
Chassez le naturel il revient au galop… l’après-midi se ponctue par un petit match de volley assis et une séance d’autographes et selfies. « Une très belle après-midi de découverte, d’échange et de partage » de l’aveu même de l’enseignant Olivier Chelmas.
Volley assis, tête dans les étoiles !
Séance de sport terminée, Damien Roget accepte de nous en dire un peu plus sa discipline, le volley assis. L’athlète s’avère incollable sur son sport fétiche : « Le volley assis est né aux Pays-Bas en 1956. Devenu sport paralympique en 1980, c’est aujourd'hui une discipline majeure des Jeux Paralympiques, médiatisée dans le monde entier. Il se pratique sur un terrain plus étroit et plus court, avec un filet plus bas qu’au Volley-Ball traditionnel, d’une hauteur de 1 mètre 15. L’objectif, comme au volley, est de faire tomber la balle dans le terrain adverse. Les joueurs sont assis à même le sol et « slident » pour se déplacer, avec l’aide de tous leurs membres. Ils sont autorisés à utiliser toutes les parties du corps pour garder le ballon en jeu. »
Touche à tout du sport, l’athlète aux multiples facettes s’est essayé à la natation Handisport, élevant son niveau jusqu’au championnat de France petit bassin entre 2017 et 2019, avant que la passion du volley assis ne le rattrape.
Depuis « Dams » est devenu champion de France avec son club du Pays Voironnais Volley (38) où il préfère évoluer en attaque. Un titre c’est bien mais deux c’est mieux. Le garçon ne manque pas d’ambition : « J’aimerais remporter un maximum de titres de champion de France et rencontrer un maximum d'équipes européennes. Avec l’équipe de France je souhaite participer à la Coupe du Monde au Caire en novembre 2023 et évidemment aux JO de Paris en septembre 2024. » L’athlète se projette bien au-delà : « Participer aux JO paralympiques de Los Angeles 2028 et obtenir une médaille serait vraiment merveilleux ».
Ambitions sportives certes mais surtout un cœur gros comma ça… Damien Roget a avant tout cette volonté de se mettre au service des autres et de sa discipline : « Je participe à de nombreux évènements de sensibilisation à l’handisport, que ce soit auprès du jeune public, au sein de l'hôpital ou encore à l'initiative de mon centre de rééducation. Le plus important pour moi est de développer le volley assis au sein de ma région et intégrer de nouveaux sportifs en situation de handicap car j’aime transmettre ma passion pour mon sport, faire connaître et démocratiser le Volley-Assis. »
Une belle journée pour les élèves du collège Marcel Mariotte qui auront vécu de beaux moments d’échange au côté de ce sportif généreux, disponible, pédagogue, enthousiaste, souriant, drôle, charismatique…
Avant de libérer Damien Roget, une dernière question nous taraude. Vous visez l’or aux JO de Paris ? L’athlète est réaliste, il ne sera certainement pas médaillé : « Il faut être lucide, nous ne sommes que 36e nation mondiale. Même avec l’effervescence et le public, cela risque de ne pas être suffisant. »
Une certitude néanmoins, l’homme, lui, est déjà en or olympique !
Mise à jour : octobre 2023