Questions - Réponses ! Damien RIVOLLIER, Chargé de mission égalité femmes-hommes et diversité

Damien Rivollier, référent égalité professionnelle femmes-hommes et diversité au sein de l’académie de Grenoble nous parle de ses missions et notamment du dispositif de signalement des actes de VDHA, à savoir lutte contre les violences les discriminations, le harcèlement et les agissements sexistes.

Damien Rivollier, chargé de mission égalité professionnelle femmes-hommes et diversité au sein de l’académie de Grenoble nous parle de ses missions et notamment  le dispositif de signalement des actes de VDHA, à savoir lutte contre les violences les discriminations, le harcèlement et les agissements sexistes.

Oui c’est vraiment l’idée d’agir au niveau académique pour réduire les inégalités afin que personne ne soit empêché ou malmené quel que soient son genre, son origine, son orientation sexuelle, son âge, ses capacités physiques etc. C’est vraiment faire en sorte que chacun, chacune ait les mêmes chances, les mêmes opportunités, c’est accueillir toute personne telle qu’elle est. Malheureusement, il reste beaucoup à faire pour que ces valeurs qui sont celles de la République, celles de l’école, aient cours au jour le jour dans nos établissements et nos services et qu’elles soient vécues au quotidien réellement et concrètement par tous et toutes.

Mon champ d’action est assez large et c’est vrai que j’ai la chance de toucher à beaucoup de facettes différentes. Ma première fonction est d’établir et faire vivre ces plans d’action qui sont construits au niveau national, puis déclinés au niveau académique et de les suivre, il y a notamment un plan d’action égalité professionnelle femmes-hommes. Dans mon champ d’action, il y a également la communication, c’est vraiment important sur ce sujet-là de pouvoir sensibiliser sans relâche, notamment lors des dates clés tout au long de l’année.  Il y a aussi la possibilité de pouvoir créer et faire vivre des formations, sans oublier le dispositif de signalement des VDHA que l’on évoquera ultérieurement. Et puis c’est aussi faire le lien avec l’ensemble des services RH pour que chacun, chacune, dans ses services, s’approprie et intègre, dans ses missions, l’égalité et la diversité. Mon rôle est de vraiment dynamiser la politique d’égalité et de diversité de l’ensemble de l’académie pour les personnels.

Il s’agit de l’ensemble des personnels, les professeurs du premier et second degré mais également l’ensemble des personnels administratifs et techniques. Tout ce qui concerne les élèves est pris en charge par la mission égalité filles-garçons pilotée par Myrtille Gardet et Clémentine Masson. Nous collaborons tous ensemble, mais ma mission se concentre plus particulièrement sur les personnels.  

Non bien sûr. De nombreuses actions avaient déjà été mises en place auparavant, avec notamment un plan d’action égalité 2022-2024. Un Point écoute existait déjà depuis 2022 pour recueillir la parole des victimes, des séminaires avaient aussi été organisés pour former et sensibiliser, notamment les personnels encadrants sur les sujets de l’égalité. Cela fait donc de nombreuses années que l’académie se saisit de ce sujet et agit pour l’égalité et la diversité.

Ma priorité à ma prise de fonctions en février 2024 a été de mettre en place cette nouvelle version de notre dispositif de signalement qui fait suite au Point écoute, pour le mettre en conformité avec nos obligations légales et un arrêté publié le 31 juillet 2023. On se devait, au sein de l’académie, de faire évoluer le dispositif et on a monté un groupe projet pour travailler sur les améliorations que nous souhaitions mettre en place pour notre dispositif de signalement.

En plus de ce travail sur le dispositif, il y a eu des actions de communication et de sensibilisation autour des dates clés qui ont eu lieu lors de l’année 2024, à savoir la journée des droits des femmes le 8 mars, et puis l’intégration du groupe de travail et l’observatoire sur les LGBT phobies voulu par Madame la rectrice, ainsi que l’animation d’actions de sensibilisation et communication autour du 17 mai, journée de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Il y a déjà un travail réalisé pour préparer le futur plan d’action égalité de l’académie et une mise en réseau national avec les référents et référentes égalité des autres académies.

Tout d’abord ce dispositif est un moyen de signalement. Les personnels de l’académie doivent savoir comment ils peuvent transmettre, signaler, parler d’une situation qu’ils vivent et qui les met en difficulté et en souffrance par rapport à des violences, des discriminations, du harcèlement et des agissements sexistes. Il y deux moyens de signalement, une adresse mail :  signalement-vdha@ac-grenoble.fr et un formulaire accessible depuis le site de l’académie pour donner les informations nécessaires à l’établissement d’un signalement.  Sur ce formulaire, on peut soit déclarer des faits et décrire ce qu’il s’est passé, soit laisser simplement son numéro de téléphone et des créneaux de disponibilité pour être rappelé par une professionnelle de l’écoute. Elle est capable de recueillir la parole des victimes ou des témoins, puisque le dispositif s’adresse aux victimes et aux témoins de ces situations, en toute confidentialité et tant que la personne le souhaite, en restant anonyme.  En tant que coordinateur du dispositif, je reçois ces signalements que j’étudie avec attention et si besoin, on demande des informations supplémentaires pour établir un dossier qui nous permet d’avoir l’ensemble des éléments nécessaires à l’analyse des situations.

Une fois tous les éléments en notre possession, on présente l’ensemble des situations parvenues dans une réunion pluridisciplinaire confrontant plusieurs métiers et plusieurs points de vue pour une analyse fine des situations. Il y a le côté DRH, DRH adjoints, DRHT, le côté médico-social avec le médecin conseillère technique et la conseillère technique du service social, les psychologues du travail également pour bien prendre en compte les situations dans toutes leurs dimensions, à la fois médicale, psychologique et humaine. Pour faire le lien avec les départements, les secrétaires généraux des DSDEN des départements concernés par les situations sont également présents. On discute ensemble des remontées, on voit ce qu’il est possible de faire et on décide d’actions à mener, soit en continuant à investiguer sur ces situations pour mieux comprendre ce qu’il se passe, soit des actions de traitement, en lien avec l’autorité hiérarchique des personnes impliquées, qui vont permettre d’améliorer les conditions des victimes et faire en sorte que les auteurs des faits signalés puissent être accompagnés également, prendre conscience de leurs actes, et éventuellement sanctionnés si nécessaire.   

Il est aussi important de prendre en compte le contexte global et agir sur une atmosphère d’établissement, une équipe où il peut y avoir des tensions, des agissements inappropriés. On réfléchit tous ensemble à ce que l’on peut faire pour faire changer la situation et agir concrètement sur le terrain. 

Après deux mois de recul (le dispositif a été lancé le 2 septembre), ma première impression au sujet des personnes qui signalent, c’est la satisfaction d’avoir un espace pour pouvoir dire les choses et être écoutées. Il y a déjà eu quelques remerciements pour le simple fait d’avoir quelqu’un à qui parler. Ce qui est difficile pour elles, c’est la temporalité. Souvent il y a un enjeu d’urgence et elles aimeraient que cela aille plus vite. Nous, en tant que dispositif on fait valoir le besoin de temps pour prendre en compte l’ensemble des paramètres des situations.

Autre retour, avoir largement communiqué sur le lancement de ce dispositif fait qu’il y a plus de situations qui sont remontées par rapport à ce qui se passait avant sur le Point d’écoute, cela montre que nous répondons à un besoin sur le sujet des violences, des discriminations, du harcèlement et des agissements sexistes, mais aussi sur d’autres sujets. C’est aussi l’enseignement de ces deux premiers mois, les personnes se saisissent du dispositif pour remonter des situations qui relèvent plus de l’ordre de la qualité de vie au travail et les risques psychosociaux, cela démontre qu’il y a un besoin de s’exprimer et d’être écouté par rapport à des situations de mal-être, manque de bienveillance ou de relations compliquées qui pèsent au quotidien sur la qualité de vie des agents et des agentes. Ce besoin de s’exprimer trouve ici un espace pour le faire.

Les perspectives sont nombreuses et ce ne sont pas les défis qui manquent. La prochaine étape sera de relancer un nouveau plan d’action égalité 2024-2027, le deuxième au sein de l’académie. Des groupes de travail seront mis en place et il va falloir renouveler ce plan pour lui donner un second souffle. Fin 2025, nous allons aussi œuvrer, comme dans toutes les académies de France, pour mettre en place le label égalité et diversité au sein de l’académie. Il faut préparer cette labellisation en bonne et due forme par l’AFNOR (Association française de normalisation) afin de montrer l’étendue de nos actions sur ces sujets-là. Il y aussi un autre point important par rapport au dispositif, à savoir la mise en place de formations pour prévenir les violences sexistes et sexuelles, pour ne pas être seulement dans le traitement des situations, mais également agir le plus en amont possible pour qu’elles ne se produisent pas et changer, petit à petit, les mentalités. Nous avons un autre défi qui est de constituer un réseau sur l’égalité professionnelle, il y a déjà un réseau bien existant sur l’égalité filles-garçons. Pour pouvoir se rendre dans chaque département, chaque école, chaque établissement, il faut trouver les moyens de se constituer un réseau pour aller au plus prêt des agents et des agentes.

Je vais plutôt la faire en deux, un pour mes missions et l’autre pour le dispositif. Sur mes missions le mot égalité est celui qui résume le mieux toute mon action, ce que je porte et c’est une valeur qui m’est chère, qui correspond aussi à égalité, fraternité et liberté. Concernant le dispositif, le mot serait parole parce que c’est vraiment cette parole qu’il faut libérer pour offrir, à tous ceux qui en ont besoin, la possibilité de s’exprimer.

Oui, ce slogan je l’aime beaucoup parce qu’il résume bien aussi l’intention de mes missions, l’intention de l’égalité et de la diversité. J’aimerais ajouter qu’il s’agit d’un travail à long terme et il est important de voir les choses sur un temps long parce que la sensibilisation, le changement des mentalités et des consciences, c’est quelque chose qui se fait petit à petit, de façon quotidienne, sans relâche. Il ne faut pas s‘épuiser à la tâche et être toujours présent sur le terrain, ne pas laisser passer ce qui n’est plus acceptable aujourd’hui. Notre seuil de tolérance doit être abaissé pour tous ces agissements sexistes et discriminatoires, car simplement c’est interdit par la loi et c’est important de le rappeler.  Par contre on augmente notre seuil de bienveillance pour accueillir chacun, chacune, tel qu’il est dans son travail.    

J’ai envie de parler de ma professeure de Français, Mme Chéry-Naumont dans l’académie de Lyon. Je ne l’ai jamais remerciée pour tout ce qu’elle m’avait apporté pendant mes années de sixième et cinquième. Je profite de cette occasion pour le faire. C’était vraiment une professeure formidable qui nous a accompagnés dans sa matière mais aussi dans notre arrivée au collège. Je me souviens notamment, à l’occasion des fêtes de Noël, d’avoir fait la ronde des sept desserts, cela avait été un chouette moment. Il y avait beaucoup de bienveillance, beaucoup d’écoute de sa part, et je souhaite à chacun, chacune de croiser ce type d’enseignants, qui nous a accompagnés et boostés pour toute notre scolarité.

Mise à jour : novembre 2024