Dans le cadre du projet CNR Parkour, une classe de STMG du lycée Louise Michel s’est lancée dans le défi de l’argentique. Victime de son succès, ce résultat époustouflant joue les prolongations jusque fin avril à la Casemate à Grenoble.
Projet Parkour, du sport urbain au lycée ?
« Le parkour est une méthode d'entraînement pour franchir toutes sortes d'obstacles dans des environnements urbains ou naturels. » Quel rapport avec l’établissement Louise Michel ? Véronique Ghiglione, proviseur de l’établissement, nous éclaire sur ce point : « C’est un projet CNR mené par les 10 enseignants de la section STMG qui, pour atteindre les compétences attendues, suivent des chemins communs et se lancent des défis entre classe. On a joué un peu sur les mots en mêlant le sport, le parcours pour passer de la première jusqu’au bac, et comme ce sont des classes Esabac (double délivrance du baccalauréat français-italien), on a souhaité adresser un clin d’œil transalpin en y glissant le percorso. » Parmi la déclinaison à l’infini du projet Parkour, ce travail, donc, autour de la photographie argentique mené par Madame MOUSSA, Monsieur NEGRINI Tania SANCHEZ-SOUSBIE, tous trois professeurs d'économie-gestion au sein de l’établissement grenoblois. Madame SANCHEZ-SOUSBIE étant également coordinatrice de la section STMG.
L’argentique c’est fantastique…
« Afin d’aborder une partie du programme des matières importantes : droit-économie, management, sciences de gestion et numérique, nous avons souhaité passer par du visuel pour atteindre ces objectifs pédagogiques, avec l'ambition d'agrémenter les murs des salles de classe au titre d'étayage. » Voilà pour l’entrée en matière. Tania SANCHEZ-SOUSBIE poursuit son propos : « En effet, les élèves de STMG se doivent de maîtriser et de distinguer les différentes organisations (privées, publiques, OSC) afin de travailler leurs programmes respectifs et de les mettre en lien pour que cela fasse sens. » Une volonté doublée d’un objectif transversal détaillé par l’enseignante, le travail collaboratif : « Nous voulions les inciter à prendre des décisions en équipes et faire des choix partagés. »
Partant du constat d’un monde hyper connecté et sans cesse en mouvement, cette activité permet de marquer une pause dans le tumulte de la vie. C’est aussi l’idée de de l’équipe enseignante, Tania SANCHEZ-SOUSBIE en tête : « il s’agit de goûter à un autre temps, celui de l’attente, celui de la patience et découvrir la communication par l’image argentique en noir et blanc dans le cadre de ce projet photographique. »
Projet argentique, flash-back !
Madame SANCHEZ-SOUSBIE et Monsieur NEGRINI rembobinent, avec poésie, le fil de l’activité et reviennent sur les étapes clés du projet : « C'est par un beau jour d'octobre que l'histoire commence. Les élèves découvrent les grands principes de la photo artistique à travers un premier parcours "street-art" dans Grenoble. Cette découverte se poursuit un jour froid et pluvieux de décembre, le premier du mois, mémorable car l'Histoire se couche pour toujours sur des pellicules argentiques noir et blanc. Après trois sorties et beaucoup de pas à travers la ville, certains hésitants, d'autres plus assurés, une pluie de photos fut mise dans de petites boîtes vertes jetables qui capturent l’instant … un présent reproductible à l’infini ! »
Le choix des modèles couchés sur la pellicule s’est porté sur des immeubles, aspect esthétique oblige, mais pas seulement : « Les objets photographiés sont les bâtiments qui nous entourent à Grenoble. Mais pas n’importe lesquels : des entreprises privées, des organisations publiques et des organisations de la société civile avec l’idée de distinguer les 3 types d’organisations. Les photos aident à mettre un nom sur une image. Les boîtes restées fermées pour quelques mois et bien conservées dans le noir, ont enfin laissé se dévoiler les clichés magiques des bâtiments de la ville saisis par les élèves. »
Silence, on expose !
De l'idée d'affichage, le projet a évolué vers celui d'une exposition, qui symbolise le vivre-ensemble. D'abord dans une galerie d'art tenue du centre-ville de Grenoble : Clik Gallery chez Suzanne PORTER, photoreporter (qui a apprécié à sa juste valeur le projet), puis au lycée. Une foule de photographes, de passants, d’amis, de personnels de l’établissement ont découvert l’exposition et témoigné de leur admiration oralement et/ou dans le livre d’or*. Des retours compilés par les enseignants porteurs du projet : « les photos exposées ont interrogé, émerveillé, amusé, fait replonger dans des souvenirs et laissé admiratives de nombreuses personnes, peut-être redevenues lycéennes pour quelques instants. D'ailleurs, un visiteur enjoué nous confiait qu'il aurait aimé participer à de tels projets dans sa jeunesse. En nous racontant sa passion pour son métier, une ancienne professeure de STMG, aujourd'hui à la retraite, nous disait qu'elle prenait un véritable plaisir à voir un tel travail se réaliser. Un monsieur interrogatif fit un pas de côté pour retrouver un détail qu'il avait aperçu juste avant, une dame elle, effectue quelques pas en arrière pour prendre du champ et voir l'œuvre dans sa totalité. D'horizons différents, tant amateurs de photos que professionnels, ces visiteurs ont été transportés par l'œuvre des élèves. Personne n'est resté indifférent. Toutes les générations ont accès à cette exposition et cela n'est pas sans effet, les productions d'élèves rayonnent dans la ville et leur estime de soi se voit stimulée. »
L'exposition, forte de son succès, prend ses quartiers à la Casemate à Grenoble jusqu’à la fin des vacances d’avril. En attendant de s’exporter de l’autre côté des Alpes, dans un lycée partenaire de Milan, eu égard à la caractéristique ESABAC de la classe.
Un projet résumé en 24 mots comme 24 élèves de la classe : « Cohésion ; Joie ; Fierté ; Eclat ; Regard ; Cadre ; Repère ; Découverte ; Technique ; Choix ; Vivre-ensemble ; Patience ; Art ; Géométrie ; Architecture ; Style ; Lumière ; Ombre ; Trésors ; Témoignage ; Manuscrit ; Collectif ; Valeur ajoutée ; Partage ».
On pourrait ajouter qualité, esthétique, créativité, originalité … et félicitations. Tant aux élèves qu’aux enseignants. Voie générale, techno ou voie pro, oui, nos jeunes ont du talent, qu’on se le dise…
*Exemple de témoignage issu du livre d’or de l’exposition
« Il est 16h39 et j’ai envie de mettre des points d’exclamation de partout ! Ce projet de classe a pris une telle ampleur ! Il est devenu un si beau projet par son caractère collectif, incluant la vision croisée des visiteurs ! On est dans le vivre-ensemble ! Depuis le début de l’exposition, les visiteurs redécouvrent Grenoble, nous livrent des tranches de vie : « le mariage de mes parents au grand-hôtel dans une belle cour avec des vitraux…une cour qui a en grande partie disparu aujourd’hui » ; nous racontent des histoires d’architecture comme l’époque du parc Mistral avant la construction du grand stade et son caractère anglais ; comme des photos tombées de l’album de famille face à la charmante bâtisse du musée Hébert… »
QR Code pour voir la galerie des élèves !
Mise à jour : avril 2024