Le VOG, centre d’art contemporain de la ville de Fontaine, recevait début mai une exposition signée Médiarts, née d’un projet artistique avec Amandine Meunier, Marie Hélène Gendrin et des élèves des collèges Olympique, Fantin-Latour, Charles-Münch (Grenoble) et Jules Vallès (Fontaine) ainsi qu’avec la maison des habitants Prémol et le Lycée Argouges.
Une présentation dans le cadre du projet Nomadistan, dont la thématique est le voyage. Réalisées avec l’intervention conjointe et alternée de Marie-Hélène Gendrin, conteuse, et Amandine Meunier, plasticienne, les créations racontent le « Nomadistan » des élèves et leur vision d’ailleurs.
Amandine Meunier, la tête dans les voyages…
Si Amandine Meunier possède un objet préféré, il est certainement à regarder du côté de la valise ou du sac à dos. Nomadisme, errance, mobilité, exploration, mouvements sont le reflet de sa personnalité, son moteur créatif. Ses supports artistiques ont toujours trait, de près ou de loin, à l’évasion. Morceaux de bitume, chambres à air, planisphères, ou autres bâches de camion sont la base de ses créations, fruit d’objets ou matières trouvés au cours de ses périples.
Habitante du monde, son chez-soi est difficile à définir et les frontières des lignes très floues. Alors ce sera le « Nomadistan » un pays rêvé, si loin et si proche à la fois. Une île imaginaire qu’elle réinvente en compagnie des collégiens de l’agglomération grenobloise, avec qui la plasticienne avait envie de partager ses voyages.
« Magic Bus »
Jeudi 2 mai 2024, date de vernissage, le VOG de Fontaine ressemble à s’y méprendre à un bus. Il pleut dehors mais cette invitation au voyage redonne le sourire. Les tableaux sont les fenêtres, les cadres et les roues de vieux planisphères. Il y a même des sièges et un appui-tête ou plutôt un « appui-joue », compagnon de route de passagers somnolents de vieux bus de contrées éloignées d’Europe de l’Est, ultime rempart d’intimité.
Amandine Meunier et Marie-Hélène Gendrin accueillent les visiteurs. Les élèves expliquent leur travail et le dessous des cartes, livrant secrets et tours de passe-passe imaginés à partir de dessins, papiers calques et piqures d’aiguilles pour rehausser les contours. Quand une histoire de petit chien et de grosse somme d’argent, combinée à une imagination galopante, conduit à une production originale. Ou encore ce palais du Taj Mahal revisité, et encore bien d’autres récits...
Marie-Françoise Teissier, professeure de Français au collège Fantin-Latour à Grenoble, accompagne les élèves. Elle nous raconte ce projet interdisciplinaire mêlant oralité et arts plastiques : « Au gré de six séances, les élèves de deux classes de quatrième ont abordé la question du voyage et de l’ailleurs, par le biais d’un travail plastique sur la valise et la fenêtre d’où a émergé un récit initial. Puis, à partir de l’esquisse d’un souvenir et d’un rêve, les élèves ont croisé et combiné, par groupe de 3 ou 4, leurs univers imaginaires afin de créer un Nomadistan et pouvoir le raconter. Les élèves, se sont interrogés ensemble sur l’Ailleurs. » Une activité sublimée par l’écoute de contes. Marie-Françoise Teissier confirme : « Cette écoute a baigné et encouragé les élèves qui ont à leur tour partagé le récit de leur Nomadistan à un public élargi, via une exposition des œuvres et récits. »
Un projet collectif qui doit également beaucoup à l’association Médiarts, sans oublier la participation, pour le collège Fantin-Latour, de Mesdames Peysson (professeur documentaliste) et Favero (professeur de français). Soutenue par la ville de Grenoble et le département avec le dispositif Isère collégien et l’Etat via le pass culture, l'exposition se déplace du 31 mai au 26 juin à Saint-Martin-d’Hères, au Domaine universitaire à la Bibliothèque Droits lettre, premier étage.
Un vernissage qui ne pouvait se terminer sans une histoire de voyage. Contée avec humour et malice par Marie-Hélène Gendrin, jongleuse de mots, cette dernière détaille l’histoire de Monsieur Toutlemonde, habitant de la ville d’Icimême. Triste comme un menhir lors de sa promenade en banlieue, notre personnage porte, lors de son trajet retour, un regard enjoué et émerveillé sur sa cité et au-delà, sur sa vision du monde. Comme quoi, l’ailleurs n’est qu’à 100 mètres et dépend surtout de la façon d’appréhender les choses.
« Nomadistan », cette thématique d’ailleurs déclinable à l’infini, a su transporter les collégiens grenoblois et le public venu en nombre apprécier cette belle initiative. Alors vivement la prochaine expo et une nouvelle échappée belle…
Mise à jour : juin 2024