- Sandrine Gleizes, enseignante en métier de l’entretien des textiles : « Des ponts avec le monde professionnel »
- Ludovic Dutrey, enseignant de lettres-histoire : « Les yeux qui brillent... »
Est-ce qu’à titre personnel, cette semaine de prépro vous apprend des choses ?
SG : Autant que les élèves (rires). Par exemple, en métier de l’entretien des textiles, on a reçu la visite d’une société de propreté qui m’a appris beaucoup de choses dans le domaine de la blanchisserie. Je suis d’ailleurs attendue chez eux pour découvrir leur matériel, entrepôt et d’avantage découvrir leur façon de travailler. J’irai les voir avec mes élèves de terminale. Cela permet donc de créer des ponts avec le monde professionnel, c’est toujours un plus pour nous et nos élèves.
LD : On retrouve déjà d’anciens élèves qui viennent témoigner sur leur parcours, c’est très enrichissant. C’est également une bonne remise à niveau concernant les attendus du monde du travail actuel, notamment la façon de se présenter, de tourner son CV… Personnellement nous découvrons des milieux professionnels différents. Par exemple j’ai pu rencontrer une socio-esthéticienne, une infirmière qui travaille à l’hôpital avec qui nous allons mener un projet. Quand nous rencontrons des professionnels et d’anciens élèves qui entrent dans le monde pro, leurs discours permettent de valider nos exigences sur le savoir être, c’est hyper intéressant.
Ces semaines rapprochent les élèves du monde professionnel ?
LD : Le premier jour de cette semaine, mes élèves d’APH (Agent de propreté et d’Hygiène) ont rencontré des professionnels et ils ont bien accroché entre eux. J’ai trois élèves qui partiront donc en stage dans cette entreprise, c’est hyper concret.
SG : Pareil pour moi, j’ai des jeunes qui ont réussi à trouver des stages.
Le postulat de départ était que les jeunes du lycée Prévert avaient du mal à trouver des stages. C’est une façon de leur ouvrir des portes et résoudre ce problème ?
SG : Non seulement cela leur ouvre des portes, mais en plus les élèves intéressés et motivés « se vendent ». J’ai une élève, par exemple, très timide habituellement, qui a passé un mini entretien devant tous ses camardes et réussi à convaincre les entreprises sur place de lui signer deux conventions de stages. C’est un super exercice pratique, c’est chouette.
C’est également une façon de se projeter sur le plus long terme ?
SG : En pressing certainement, il y a de la demande, je reçois des appels tous les jours. Cela motive les enfants. Après il faut laisser passer un peu de temps, que les informations riches et variées de cette semaine fassent leur chemin et permettent aux enfants de cogiter.
LD : En tant que professeur principal des APH, on sait pertinemment que les élèves ne viennent pas dans ces filières par choix. Là, ils rencontrent d’anciens élèves entrés dans le métier et des professionnels qui présentent leurs parcours, on sent qu’il se passe quelque chose, les regards changent. J’ai une élève par exemple, si son stage se passe bien, se verra proposer un contrat d’apprentissage ou un CDI après son C.A.P.. D’ailleurs elle était super contente et voulait tout de suite prévenir sa mère (rires). Même si pour les sections un peu plus nombreuses, cela semble un peu plus compliqué, cette semaine a le gros avantage de valider notre discours en classe par des professionnels, car avec eux c’est du concret. Je pense que l’on pourra en tirer les bénéfices dès la rentrée des vacances d’octobre.
Les enfants prennent-ils davantage confiance en eux ?
SG : Nos élèvent présentent un profil qui demande beaucoup d’attention. Et même si les enfants sont à notre écoute, lorsque des professionnels leur parlent, il y a un intérêt manifeste, ils prennent davantage conscience des réalités du monde du travail. Certains enfants prennent effectivement confiance en eux, il y en a même qui trouvent leur voie.
LD : Je pense que cette semaine va faire du bien, je le sens. J’ai suivi toutes les classes de coiffure et on voyait dans leurs yeux quelque chose qui brillait, ils étaient intéressés.
Une chose à ajouter sur cette semaine particulière ?
Conjointement : C’était la première fois, alors il y aura nécessairement des réajustements. Par exemple il y a certains ateliers qui étaient trop compliqués pour les élèves. Nous allons retravailler avec eux dessus.
SG : Pour mes élèves en métiers du pressing, on a parfois des difficultés dans la communication orale avec le client, et lors de l’atelier théâtre d’impro, ils se sont révélés, ils étaient à fond.
LD : On ne dirait pas mais les élèves ont absorbé beaucoup d’informations après une période chargée et ils vont pouvoir goûter à des vacances bien méritées, car ils partent lessivés.
Lessivés mais heureux ?
SG : Oui, c’est un moment qu’ils ont vraiment apprécié. En entendant parler les professionnels ils se disent que ce que les profs leur disent, ce n’est pas faux, enfin j’espère (rires).
LD : Ce n’est pas toujours faux (rires). Plus sérieusement, du côté des enfants comme du côté des collègues, c’est très positif.
Mise à jour : décembre 2022