Véronique, ardéchoise de 59 ans et maman de… 7 enfants, et oui ! 38 ans pour le plus âgé et 18 ans pour la plus jeune. Véronique est enseignante stagiaire nommée en lycée professionnel dans la Drôme, une jeune enseignante très motivée.
Véronique, 59 ans et première année d’enseignante, c’est bien cela ?
Presque. Pendant 5 ans, j’ai fait un remplacement de professeur documentaliste et durant cette période, j’ai également eu un an d’expérience avec des CAP à mi-temps.
On imagine que tu as connu d’autres métiers auparavant ?
Oui, j’ai suivi des études au CREPS et suis devenue éducatrice sportive. J’avais l’agrément Éducation nationale et intervenais dans les écoles, les associations sportives et les mairies. J’ai eu mes enfants assez jeunes. Une famille nombreuse et mon fils aîné en situation de handicap, c’était compliqué niveau organisation, j’ai alors passé le concours de bibliothécaire, poste que j’ai occupé de 1998 à 2017.
Pourquoi Professeur ? Une vocation, un rêve d'enfant ?
Avant d’être éducatrice sportive, j’avais fait quelques vacations dans des CFA et dans un lycée professionnel, cela m’avait beaucoup plus. J’avais gardé cette idée dans un coin de ma tête. Mes enfants ont grandi, ma fille vient d’avoir son bac, alors j’ai décidé de réaliser ce vieux rêve de de venir professeur. Armée d’un Master 2, j’ai passé mon concours de professeurs de lettres-histoire/Géo et je l’ai eu à 58 ans (rires).
Les enfants ont grandi c’est plus facile désormais ?
Oui, sauf que j’ai été nommée à 2h30 de chez moi donc je vais déménager provisoirement pour me rapprocher de mon lycée et travailler dans de bonnes conditions.
Être enseignant aujourd’hui, qu’est-ce que cela signifie pour toi ?
Enseigner pour moi c’est d’abord acquérir des connaissances mais c’est aussi donner la possibilité aux élèves de développer un esprit critique et s’ouvrir au monde. C’est également avoir tous les outils pour vivre décemment dans la société et transmettre les valeurs de la république. On s’aperçoit parfois en lycée professionnel que les jeunes ont déjà des idées préconçues et c’est important de leur donner les moyens de s’interroger pour réfléchir par eux-mêmes.
Le fait de commencer ta carrière d’enseignant sur le tard, cela te donne-t-il envie de rattraper le temps perdu et d’en faire « plus » ?
Pour l’instant je suis encore stagiaire donc j’ai surtout besoin qu’on m’accompagne pour la construction des cours, la pédagogie. Je suis comme une jeune de 25 ans (rires), alors certes j’ai élevé mes enfants mais ce n’est pas la même chose qu’enseigner, il y a un grand pas entre les deux.
Tu te destines à enseigner dans la voie professionnelle ?
Oui c’est mon but, ça me plait.
Pourquoi ?
Le public me rappelle mon expérience de bibliothécaire. Nous rencontrions des familles qui n’osaient pas mettre un pied dans la médiathèque car ils estimaient que ce n’était pas pour eux. Nous allions donc faire des animations hors les murs dans les quartiers pour leur dire qu’ils avaient aussi le droit d’accéder à la culture, de pousser les portes d’une médiathèque, de lire, d’emprunter des livres… certains jeunes sont encore trop réticents à accéder à la culture et cela me choque. Je prends l’exemple de la carte Pass région, ils ont de l’argent pour acheter un livre ou aller au cinéma et à la fin de l’année on s’aperçoit qu’ils ne l’utilisent pas.
Quelles seront tes qualités pour mener à bien tes missions d’enseignante ?
Mon fils aîné est en situation de handicap, cela m’a évidemment beaucoup marqué et je pense que cela peut influer dans ma façon d’enseigner, de faire en sorte que je sois bienveillante envers les jeunes. J’espère aussi proposer dans mon enseignement des supports différents permettant aux élèves de découvrir l’immensité de la culture, et grâce à elle, la possibilité de se construire. J’aime l’idée aussi de les emmener au théâtre, leur proposer des albums jeunesse ...
Quand ta carrière sera terminée, comment aimerais-tu que les élèves se souviennent de toi ?
Une enseignante qui leur a permis de faire autre chose, que grâce à moi ils ont évolué et ont un esprit critique sur la vie de tous les jours, qu’ils sont capables de se positionner et d’organiser leurs idées.
Que peut-on te souhaiter professionnellement ?
Être titularisée en fin d’année (rires). J’étais très très heureuse d’avoir le concours, reste désormais à le valider.
Merci et belle année scolaire 2022/2023 pleine de joie et de belles réussites !
L’académie de Grenoble donne la parole à ses enseignants qui nous content leur métier, sa beauté, ses difficultés, leurs joies, leurs peines, les espérances et les désillusions.
Mise à jour : octobre 2022