Martin, originaire de Bordeaux, 29 ans au mois d’octobre, père de deux petites jumelles, professeur des écoles en Ce1 en REP dans l’Isère, enseigne depuis sept ans.
Martin afin de mieux te connaitre, peux-tu nous parler de ton cursus universitaire ?
J’ai eu un bac SI, avant d’enchaîner en fac de sport et une licence STAPS, puis un Master MEF mention 1er degré, M1, M2 avec le concours au milieu pour devenir enseignant.
Pourquoi enseignant, donc ? Une vocation, un rêve d'enfant ?
Les vacances, on ne va pas se mentir (Rires). Pourquoi enseignant ? Oui j’aime enseigner, transmettre, j’aime la pédagogie, j’ai aussi un confort de vie avec une situation géographique stable.
Tu occupes un poste de PE dans un Ce1 en REP, un CE1 à 12 élèves donc. Comment juges-tu cette expérimentation ?
C’est une très bonne initiative de notre ministère qui a su tenir compte de cette énorme problématique du nombre d’élèves par classe. Les classes dédoublées nous permettent d’avoir un énorme travail individualisé et différencié, surtout dans un milieu difficile avec des élèves en difficulté scolaire qui ont besoin d’une aide particulière. On espère pouvoir combler quelque peu leurs lacunes.
Être enseignant aujourd’hui, qu’est-ce que cela signifie pour toi ?
Question compliquée… Enseigner c’est semer des graines, autant d’un point de vue républicain que d’un point de vue pédagogique.
Martin, seulement 7 ans d’ancienneté, malgré tout un souvenir marquant ?
C’était dans le nord Isère avec un petit garçon qui vivait en famille d’accueil, sans ses parents, il s’était vraiment attaché à moi. Il était en grande difficulté scolaire, n’avait pas trop de repère. On avait passé une belle année, je l’avais bien remotivé et je trouve qu’il avait eu de bons résultats. Je le revoyais sourire, cela faisait plaisir. Le voir évoluer, se sentir mieux dans ses baskets, c’était gratifiant.
Comment seras-tu dans 20 ans Martin ?
Dans 20 ans, je ne serai pas enseignant, je ne pense pas. Je serai peut-être toujours dans l’éducation nationale… mais dans vingt ans je ne serai pas enseignant à plein temps.
Pourquoi ?
Je trouve que c’est un métier fatigant, usant nerveusement, et je suis tout à fait d’accord pour le coup avec notre président, la carrière de l’enseignant doit être revisitée et remodelée en fonction des âges. Dans 20 ans j’aurai 50 ans et je pense qu’à 50 ans, c’est plus compliqué d’être patient, de supporter le bruit, je n’envisage donc pas de finir ma carrière à plein temps en tant qu’enseignant.
Votre école de rêve, elle serait comment ?
Une école dans une semaine à 4 jours (rires), je plaisante plus ou moins, cette coupure ferait du bien à tous. Mon école de rêve c’est quelque part l’école dans laquelle je suis cette année, avec des enfants certes en difficulté mais des enfants respectueux, dans une école en REP avec une bonne équipe, solidaire, avec une bonne ambiance, du respect entre adultes et élèves avec des enfants heureux de venir à l’école.
Demain, tu es ministre de l’Éducation Nationale, quelle est ta première mesure ?
La mise en place d’une véritable DRH de terrain. Pas un supérieur hiérarchique qu’on ne voit trop rarement car trop de responsabilités, non quelqu’un avec qui on puisse échanger rapidement et qui nous soutienne.
Dernière chose, un élément important dans le métier ?
La paye, 300 euros de plus pour tout le monde, ce serait une juste reconnaissance.
L’académie de Grenoble donne la parole à ses enseignants qui nous content leur métier, sa beauté, ses difficultés, leurs joies, leurs peines, les espérances et les désillusions.
Mise à jour : octobre 2022