Lors de la quatrième édition des Teacherscops, programmée à l’occasion de la COP29 tenue en Azerbaïdjan du 11 au 22 novembre 2024, Fanny Devois, enseignante de Physique-Chimie au collège Les Dauphins à Saint Jean de Soudain (Isère) a présenté le projet de l’établissement intitulé Ocean Protect. Une fierté pour ce collège de l’académie de Grenoble, et même un double cocorico puisqu’il est le seul et unique représentant français et européen de l’évènement.
5’ chrono !
Ce samedi 16 novembre 2024,il ne fallait pas chercher Fanny Devois déambulant dans les jolies petites rues du village nord-isérois ou encore flânant dans la campagne environnante. Non, l’enseignante de Physique-Chimie, instigatrice du projet Ocean Protect, avait rendez-vous avec la COP. Les yeux rivés à son écran d’ordinateur, une bonne dose de stress à la clé, la professeure attendait 13h00 (16h00, heure de Bakou) et le feu vert de l’organisation pour une intervention programmée en visio-conférence de 5 minutes chronométrées, et pas une de plus (à partir de 1’h14’). Un exercice imposé « délicat puisque le projet est vaste, c’était compliqué et atypique de le condenser en si peu de temps. »
Il faut dire que la présentation d’Ocean Protect, dans la catégorie des programmes scolaires verts, était attendue par au moins 1700 enseignants issus de 35 pays différents. Fanny Devois aura échappé à un exposé en anglais mais pas à la traduction dans cinq langues différentes.
L’enseignante rembobine le fil du temps des évènements : «Au mois de septembre, j’ai répondu à un appel à projet en rapport avec le climat dans le cadre de la TeachersCop, pour lequel tous les pays du monde pouvaient participer, et nous avons été sélectionnés ». La première personne du pluriel est de rigueur car le projet est collectif : « C'est la quatrième année qu’il est mené au sein du collège. Je suis responsable de celui-ci mais je ne suis pas toute seule car une bonne vingtaine d’enseignants et six classes de quatrième participent à cette action. Cela concerne la physique-chimie, les SVT, la géographie, l’anglais, les arts plastiques et le français. Nous abordons les questions du climat et de la protection de la planète en traitant également l’impact sur les océans. Nous travaillons avec plusieurs partenaires et notamment avec la fondation Tara Océan et son opération pédagogique Les sciences participatives - Plastique à la loupe ». L’océan n’est pas forcément le thème auquel on pense le plus quand on évoque le nord-Isère, de quoi nous interpeller sur le choix de ce sujet. La pédagogue en sourit : « l’eau est partout autour de nous. Le laboratoire de Brest propose aux classes qui souhaitent participer d’étudier un cours d’eau proche de leur établissement, c’est ce que nous faisons avec la Bourbre, rivière qui jouxte le collège. »
Collégiens et chercheurs…
Pas question de faire semblant, la démarche est scientifique et ne laisse aucune place à l’improvisation. Fanny Devois confirme : « Le laboratoire nous impose un protocole très strict à réaliser pour ramasser des macrodéchets et des micro-plastiques sur les berges de la rivière. Les élèves doivent ensuite les trier, les classer et envoyer tous les échantillons au laboratoire qui les analyse par spectrométrie de masse. Il nous renvoie ensuite les résultats pour connaître l’origine des déchets plastiques, ce qui permet à l’organisme d’avoir une visibilité et le suivi de la pollution des cours d’eau partout en France. Toutes les classes suivent ce même protocole, le laboratoire peut donc, à partir des données récoltées, les publier dans des revues scientifiques. Les élèves participent alors concrètement et activement à de la recherche. »
Après le travail théorique, place à la pratique : « Nous sommes partis du constat que l’eau la plus proche de chez nous se concentre dans nos montagnes et nos glaciers. Ils sont en danger car nous avons une fonte des glaces qui s’opère depuis plusieurs années. En fin d’année nous nous rendons à la Meije avec un glaciologue pour observer de près l’état du glacier et procéder à des carottages. On constate alors que les micro-plastiques sont partout, même dans la glace. On suit ensuite le cours de l’eau et on se déplace jusque sur les bords de la mer Méditerranée pour étudier les conséquences des différentes pollutions sur les mers et océans. »
Enclenché depuis quatre ans, la sensibilisation à l’environnement semble porter ses fruits dans l’établissement : «On remarque une évolution positive sur ces dernières années. Une fois l’ensemble du projet réalisé on mesure une réelle différence, avec notamment des changements de comportement dans le quotidien. Le système des éco-délégués permet également de sensibiliser davantage qu’auparavant. »
Les petites gouttes d’eau font les grandes rivières et des océans … sans plastique.
L’entretien touche à sa fin, le moment des remerciements, « en premier lieu à toute l’équipe pédagogique, c’est le plus important car sans elle il ne se passerait pas grand-chose. Sans oublier également le département de l’Isère qui nous soutient financièrement pour mener ces projets et évidemment Tara Océan ». Un dernier mot avant de conclure : « Je dois vous parler d’un autre projet, toujours autour de l’eau, que nous menons en parallèle avec un institut océanique de Villefranche-sur-Mer. Il s’appelle Adopt a float. Toutes nos classes adoptent des flotteurs qui sont répartis dans tous les océans de la planète, nous en suivons un précisément chaque année. Ils sont munis de nombreux capteurs qui nous permettent d’étudier en temps réel l’impact du climat sur les océans. »
Les résultats sont tombés et malheureusement Ocean Protect n’aura pas remporté les suffrages du public, il ne sera pas lauréat du prix Teacherscop 2029. Une anecdote, car l’essentiel est bien ailleurs pour ces élèves du collège Les Dauphins, qui désormais sont comme des poissons dans l’eau !
Les moins jeunes d’entre nous ont connu RoboCop, un policier mi-humain mi-robot. Désormais il faudra composer avec la teacherscop : des enseignants, tout ce qu’il y a de plus humain, simplement animés par la volonté d’améliorer le sort de la planète grâce à une prise de conscience collective de leurs élèves. Reste à faire passer le mot pour que tout cela ne soit pas qu’une goutte d’eau dans l’océan…
Mise à jour : décembre 2024