Questions - Réponses ! Laurence Giry, Cheffe de la division des examens et concours (DEC)
À quelques jours d'un mois de juin qui rime avec examens, Laurence Giry, Cheffe de la division des examens et concours (DEC), nous explique le fonctionnement de son service.
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À quelques jours d'un mois de juin qui rime avec examen, Laurence Giry, Cheffe de la division des examens et concours (DEC), nous explique le fonctionnement de son service.
Merci de me poser la question. Nous avons trois missions principales à la Division des examens et des concours. L’organisation des examens, l’organisation des concours de recrutement des futurs agents de la fonction publique, tant enseignants qu’administratifs, ou personnels de direction… Et enfin la conception et l’acheminement des sujets d’examens et de concours dans les différents centres d’épreuves.
Certains sont plus connus d’autres. Pour les examens, nous avons le Diplôme national du brevet qui reprend le plus grand nombre de candidats, le baccalauréat général, technologique et professionnel, les CAP, les BTS pour ne citer qu’eux.
Pour les concours, nous avons le concours de recrutement de professeur des écoles, les concours du second degré et les concours administratifs.
Oui, nous avons des pôles dédiés : voie générale et technologique, voie professionnelle, les examens du collège, du supérieur, les concours, les sujets et puis les affaires générales qui coordonnent toute cette activité.
Nous sommes à peu près 90 personnes en période creuse et lors des examens, on fait appel à des vacataires pour nous aider, par exemple à la mise sous pli, et là on monte facilement à 120 personnes au sein de la Division des examens et concours.
Oui, « petit monde » c’est le terme adéquat, c’est un petit monde qui fourmille, qui s’occupe de tout, qui gère environ 150 000 candidats/an, nous sommes donc bien occupés depuis l’inscription à la délivrance du diplôme aux différents examens et concours en parallèle.
À peu près 400 diplômes et concours sont organisés chaque année par la division. Je citerais en plus une particularité, nous gérons aussi tout ce qui concerne la VAE, la validation des acquis d’expériences professionnelles.
Un examen valide un cycle pour le DNB, une scolarité pour les baccalauréats, CAP... Un concours, lui, permet d’accéder à un emploi d’enseignant, administratif...
La préparation se fait environ 1 an à l’avance. On commence en septembre (2023 pour cette année) avec la préparation des inscriptions aux différents examens. En parallèle se tient la cession de septembre pour tous les candidats empêchés, pour différentes raisons, lors de la cession de juin. Un examen, c’est un fil rouge. On inscrit les candidats, on les affecte dans les centres épreuves, on constitue des jurys en lien avec les inspecteurs, on convoque les candidats et les examinateurs/enseignants pour des épreuves écrites, orales, pratiques qui se déroulent essentiellement au mois de mai et juin. La session s’achève avec la délibération des jurys, la proclamation des résultats et enfin la réalisation et l’envoi des diplômes aux candidats.
Oui, le mois de juin est un mois très très actif pour les examens, en effet.
Chaque académie est en charge de la conception de sujet. C’est réparti entre les différentes académies. Le ministère nous sollicite et nous confie tel ou tel sujet, c’est une information confidentielle que l’on apprend en général un an à l’avance. On met tout en ordre au pôle le des sujets pour concevoir les sujets attribués, ils sont réalisés en lien avec les inspecteurs et des enseignants, relus par Madame la rectrice qui peut nous interroger, nous demander d’apporter des modifications, puis ils sont signés en guise de validation et envoyés au ministère.
(Ces sujets sont ensuite transmis à toutes les DEC de France de façon dématérialisée et sécurisée. L’impression, la mise sous plis et l’envoi dans les centres d’examens sont assurés dans chaque académie)
C’est un vrai secret. Compte tenu du nombre important de candidats, je le rappelle 150 000 par an, il y a un certain nombre de sujets à imprimer. L’anticipation de l’impression est minutieuse et programmée. Toutes ces informations sont confidentielles avec des zones très sécurisées.
J’ai envie de dire que tout est mis en place pour ne pas avoir de fuites, mais cela reste un examen avec des personnes humaines, des risques d’erreur, des failles… En cas de fuite, la DEC sera alertée par un chef d’établissement, le ministère ou des réseaux, une enquête est diligentée et les éléments sont réunis par la division des examens et concours, le cabinet de Madame la rectrice est alerté de la situation. En parallèle nous allons saisir le ministère qui est apte à nous donner des consignes sur la suite à donner à cette fuite sujet.
Les enseignants convoqués pour les corrections.
Oui, les copies sont toutes anonymisées. Il y a deux process de correction : soit papier, les copies sont massicotées avec un numéro de candidat, soit la correction dématérialisée qui intervient de plus en plus aujourd’hui, la copie est numérisée dans une machine qui appose un cadre et anonymise la copie. Ainsi, on ne sait jamais l’identité du candidat.
Oui, il y a plusieurs étapes. Des commissions d’entente permettent de regarder le sujet et de se mettre d’accord sur les éléments de correction. Des processus d’harmonisation interviennent à la fin des corrections, cela se passe avec les enseignants, sous l’égide des inspecteurs. Il y a aussi une partie « saisie des notes ». Si c’est une correction non dématérialisée, les enseignants vont saisir les notes dans une application, le cas inverse, c’est pratique, les notes remontent automatiquement dans l’application nationale des examens. Ensuite, nous avons les délibérations des jurys qui sont confidentielles et la publication des résultats.
J’aimerais rappeler à cette occasion que le jury apprécie les mérites d’un candidat, par rapport à un ensemble d’éléments à sa disposition dont un livret scolaire, des copies, des notes… À ce titre il est souverain et que nous, administration, à quelque titre que ce soit, si nous instruisons les recours, pour autant nous ne pouvons pas revenir sur la souveraineté du jury (cette appréciation ne peut être remise en cause).
En général les résultats sont affichés, pour les candidats admis, dans les établissements scolaires, et sur le site de l’académie de Grenoble. Chaque candidat a également accès à ses résultats d’examen dans son espace candidat CYCLADES. Un peu plus tard, il a le détail des notes, il peut avoir accès à ses copies quand elles sont dématérialisées.
Cela fait beaucoup de chiffres.
- Pour le DNB, c’est 44 437 candidats
- Le baccalauréat professionnel, c’est 8 940 candidats
- Le bac général, c’est 20 127 candidats
- Le bac technologique, c’est 8 349 candidats
Et puis on a une spécificité dans l’académie de Grenoble, c’est qu’on gère aussi le baccalauréat et le DNB pour les centres étrangers, donc les pays du Moyen-Orient. Là, pour le bac général et technologique on a 2 010 candidats, et 2 612 candidats pour le DNB.
Alors 100% de réussite oui, je suppose que les candidats font tout pour y arriver. Des candidats heureux ? Oui. Pas trop de recours et des personnels heureux aussi d’y arriver. Réponse à cette question en juillet quand tout est terminé, l’ensemble des résultats publié et qu’on relâche la pression.
Alors ne pas tricher car les conséquences peuvent être complexes. Il y a une commission de discipline, tant pour le DNB que pour le baccalauréat, le candidat devra forcément s’expliquer car il est suspecté de fraude. Donc je conseille plutôt de bien réviser, prendre du sucre et de l’eau le jour J et d’être apaisé. Cela sanctionne un parcours, il faut y aller avec confiance et sérénité.
Les sessions s’enchaînent et on ne compte pas toujours, alors j’ai fait le calcul… 2024 est ma 6ème session d’examen en tant que cheffe de division, et la 10ème au sein de la DEC, car j’ai eu un petit parcours au sein de cette division auparavant !
Oui cela vaut bien une petite médaille. C’est un engagement, un investissement et je travaille avec une belle équipe, des collègues vraiment très bien. C’est une belle surprise, un honneur, c’est toute ma loyauté envers l’administration. Je crois que je suis émue et très honorée de cette distinction.
Non, j’aime trop les lapins pour cela ! Par contre j’ai un tout un assortiment de cocktails d’huiles essentielles qui riment avec apaisement et sérénité, fleurs d’oranger, lavande pour lutter contre les moments de stress lorsque les collègues entrent dans le bureau et me disent : « on a un problème ». La devise, c’est que chaque problème doit rencontrer sa solution, c’est la force de notre équipe, d’œuvrer ensemble à la recherche des solutions.
Je reprendrais le terme d’effervescence, adaptabilité aussi aux aléas d’une session qui n’est jamais la même d’une année sur l’autre. Chaque cession est différente avec son lot de réussites et de problématiques qui rencontrent toujours une solution. J’aimerais, à cette occasion, remercier mes collègues, tous les personnels de ce service qui font preuve d’un vrai dévouement par rapport à leurs missions, un profond sens du service public et qui sont engagés tout au long de l’année pour mener à bien toutes les sessions d’examen et concours.
Oui, avec mention assez bien, même si j’ai été un peu déçue, j’aurai voulu une mention très bien, je me suis dit que quelque part c’était la juste récompense de l’effort consenti !
J’ai surtout été marquée par les années COVID, c’était très compliqué à mettre les choses en place. On a dû s’adapter et se réadapter. Les différentes réformes aussi. J’en retiens un enrichissement professionnel et personnel, puisque quelque part on s’adapte toujours, et ça c’est très important au sein de la division des examens et concours.
Mes meilleurs souvenirs, ce sont les cours de français et philosophie, j’aimais beaucoup (j’étais un peu moins inspirée par les mathématiques et les disciplines scientifiques), j’ai gardé une vraie passion pour les livres. Il ne faut pas venir avec moi dans une librairie car en général, on sait quand on entre mais pas quand on ressort. Voilà, j’aime beaucoup lire, beaucoup le cinéma, toutes ces choses qui racontent des histoires.
"Questions-Réponses", une série de podcasts de l'académie de Grenoble qui mettent en lumière les métiers des Hommes et Femmes de l'académie à travers des interviews courtes et inspirantes.
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Mise à jour : mai 2024