Questions - Réponses ! Alexandre LELARD, professeur d'espagnol

Alexandre LELARD nous parle de son métier : Professeur d'espagnol

Google trad ce n'est pas l'outil que je vais préférer pour aider les élèves à progresser en espagnol.

Alors comme toute culture, elle est très variée et ludique. Effectivement il y a ce bel accent chantant qui est un bonheur auditif que j'ai souhaité d'ailleurs m'approprier. Il y a cet engouement gastronomique mais aussi l'histoire, l'histoire passionnante des pays hispanophones qui m'a beaucoup plu, parce que l'espagnol, c'est ce n'est pas que l'Espagne c'est aussi les pays d'Amérique latine, qu’il ne faut pas oublier. Ce sont aussi ses nombreux artistes, ses peintres, ses écrivains qui sont porteurs de cette culture et que je me dois de transmettre aussi aux élèves dont j'ai la charge. Et il y a le sport. À titre d'exemple le foot qui est un sujet de conversation de nombreux élèves qui vont me demander par exemple, à l'issue d'une rencontre avec l'Espagne et un autre pays, quelles sont mes impressions. Du coup ce qui me plaît dans cette culture, je dirais c'est cette richesse, cette diversité et je pense qu'elle rapproche beaucoup de personnes.

Pas forcément, avoir une origine ne veut pas dire porter la culture qui en résulte. Ce n'est pas parce que nous sommes d'origine espagnole ou latino-américaine que l'on sait davantage se mettre à la portée des élèves, que l'on sait enseigner la langue espagnole ou être un bon pédagogue qui soit capable de réfléchir au processus d'apprentissage, donc non ça n'a rien à voir.

Je pense qu'un bon professeur d'espagnol c'est avant tout une personne passionnée par l'Espagnol.

Sa propre expérience va définir si cette personne est capable d'endosser ce rôle-là aussi. On peut commencer une carrière difficilement, on va l'améliorer chaque année. On peut se sentir fier de soi et c’est mon cas. Maintenant vous dire que sa principale qualité est celle d'être un bon pédagogue... c'est quelque chose qui va s'acquérir avec le temps et la formation continue qui me paraît essentielle. Effectivement il faut justifier de de très bonnes connaissances, des connaissances approfondies en langue et dans la culture des pays hispanophones. Être un bon professeur d'espagnol c'est aussi être un bon orateur, savoir bien expliquer, savoir donner du sens et de l'intérêt  à nos cours pour les élèves. C'est être aussi un bon référent parce qu'un enseignant, un bon professeur d'espagnol il est l'exemple de sa matière, il est l'exemple de ce qu'il transmet. Il partage ses savoirs, ses expériences en lien avec l'espagnol.

L’idée c'est de développer la réflexion grâce à différentes compétences que les élèves ont déjà acquises. L'idée de les plonger dans un décor international. Cette année ces valeurs sont en lien avec celles de l'olympisme et l'important c'est de communiquer

Cette semaine les élèves ont produit des articles pour promouvoir les Jeux Olympiques 2024. C'est un projet en lien interdisciplinaire avec toutes les langues de l'établissement, l'italien l'anglais, l'espagnol et le français. On a intégré aussi la section ULIS et les UPE2A. Donc l'idée est de promouvoir les Jeux Olympiques en disposant au collège d’affiches qui traitent de ce sujet. La semaine prochaine nous organisons des Jeux Olympiques, des mini jeux au collège en lien avec l'équipe EPS, que je remercie. Les élèves, par équipe, vont représenter un pays, l'Espagne, l'Angleterre, l'Italie et la France qui sera représentée par les UPE2A. Il y aura différents sports comme le hand, le basket, le foot dans les sports collectifs, et puis des sports individuels comme le tennis de table, l'athlétisme et pour finir une cérémonie avec remise de médailles.

C'est ça, des valeurs qui pour moi sont essentielles.

Je dirais qu’il n’y a pas une meilleure façon qu’une autre d'apprendre une langue vivante. Moi j'enseigne en utilisant la perspective actionnelle que j'évoquerai un peu plus tard. En revanche vous me demandez si il faut partir dans une auberge espagnole et combien de temps ? Oui, une immersion dans le pays est essentielle pour mettre en pratique les acquis du collège et puis plus tard du lycée, pour les développer, puis les solidifier, c'est important. Par exemple cette année j'ai organisé un voyage à Madrid. Nous sommes partis une semaine avec 49 élèves du niveau 4e, les élèves étaient logés en famille d'accueil, ils ont pu se rendre dans différents lieux madrilènes, découvrir la culture, participer à des activités ludiques, ils ont gagné en autonomie, ils se sont enrichis. Donc oui, partir dans un pays pour progresser dans la langue, c‘est quelque chose d'évident pour moi. Pour la durée, 15 jours, cela me semble déjà très bien pour un départ.

 

C'est ça. C'est pour ça que l'idée des familles d'accueil espagnoles est une bonne solution, un bon compromis.

Je dirais que c'est une bonne façon de poursuivre, de prolonger les apprentissages et de les développer. 

On les met dans la peau de…(personnages) finalement.

Exactement. J'aime beaucoup enseigner de façon actionnelle parce que ça permet aux élèves de se sentir en confiance face à l'apprentissage d'une langue vivante. L'idée c'est que plus on va rapprocher les élèves d'un contexte de réalité, et plus le cours fonctionnera parce que les élèves vont se sentir beaucoup plus concernés par ce qu'on va leur transmettre.

Oui, leur donner des rôles et que le savoir vienne d’eux, donc on va leur proposer des outils pour réussir et qu'ils puissent atteindre des objectifs.

C'est ça. Alors cette année, les élèves dont je suis le professeur principal écrivent des saynètes dont la toile de fond est la sécurité routière. On traite de la sécurité routière en espagnol et en français mais là ce sont les élèves qui écrivent, qui produisent. Ils auront l'honneur de jouer leurs propres écrits sur scène à Poisat à la salle Léo Lagrange le 6 juin. C'est là toute la richesse de mon métier, toute la beauté, parce que voir les élèves gagner en autonomie et prendre confiance en eux c'est quelque chose que j'apprécie énormément. J'ajoute aussi que nous faisons venir une comédienne tous les mardis au collège et qui leur enseigne le théâtre en espagnol et en français pour les mettre à l'aise.

Une autre action en lien avec l'espagnol, les élèves de 4e ont joué les guides touristiques, c'est à dire que l'idée était de promouvoir une ville d'Espagne ou d'Amérique latine, et pour cela ils se sont baladés dans la ville où ils habitent et nous ont fait croire qu'ils se trouvaient dans cette ville espagnole ou d'Amérique latine. Ils ont pu parler des aspects culturels, gastronomiques, historiques et des activités sportives.

Il y aussi les troisièmes qui ont écrit des contes et des légendes. Ils avaient le choix entre les deux. On les a envoyés il y a deux ans dans un hôpital à Madrid au service pédiatrique, c'était un cadeau de Noël. L'année dernière c’était dans une association qui s'occupe des personnes isolées à Madrid, avant d’être répartis dans toute l'Espagne. Et cette année je suis en lien avec des écoles et des orphelinats pour également envoyer les créations des élèves de 3e.

Je dirais des élèves qui sortent du cours en ayant appris des choses, en ayant mémorisé, en ayant réussi à atteindre des objectifs, en ayant progressé également, gagné en autonomie évidemment, et s'ils peuvent repartir avec le sourire aussi c’est super. C'est aussi une journée pour ma part sans effort disciplinaire, c'est important. C'est important de le dire parce que là je parle effectivement de bienveillance de respect mais ça va dans les deux sens.

Donc des élèves qui se sentent à l'aise en cours, qui arrivent avec confiance et qui sont fiers de ce qu'ils ont pu produire.

 

Écoutez, moi ce que j'ai envie de vous dire c'est que le métier de professeur d'espagnol c'est un métier passionnant. Je ne regrette pas d'avoir autant lutté pour réussir parce que je suis fier d'être professeur d'espagnol. Cela va faire 10 ans que j'enseigne, je ne suis toujours pas fatigué d'enseigner, je suis content de me lever le matin pour aller travailler et j'espère vraiment garder ce sentiment tout au long de ma carrière.

Alors oui, déjà, un professeur peut endosser le rôle de professeur principal qui me paraît être un rôle très gratifiant. Je souhaite être professeur principal parce que cela nous permet d'avoir une autre forme de relation avec les élèves et on a un lien plus marqué avec les parents.

On peut aussi également nous confier le rôle de tuteur, c'est à dire former les futurs enseignants à leur mission, et je le suis aussi. Et puis après, il y a d'autres rôles externes à la profession qui nous sont confiés d'année en année par le biais de nos expériences. Sinon, pour d'autres missions, cela nécessiterait de passer à un autre concours.

Alors chanter non, parce qu’il commence à faire beau. Par contre je vais vous citer un chanteur que j'apprécie beaucoup, je vais vous parler de Miguel Poveda qui est un grand nom du flamenco et que je vous conseille d'écouter si vous voulez passer sereinement toutes les saisons avec chaleur et dans une bonne ambiance. Je le propose parfois à mes élèves lorsque par exemple j’organise une initiation flamenco pour les 5e parce qu'il démarre l'espagnol et parce qu'ils sont très vivants. On accompagne toujours cette initiation par Miguel Poveda.

C'est une grande question parce que j'ai voulu être enseignant en classe de 5e. Je n'ai pas souhaitéé faire ce métier par défi, c'est vraiment une passion et encore une fois je suis fier d'être enseignant. Le domaine de la publicité m'intéressait beaucoup aussi, la communication également mais il y aurait beaucoup de métiers finalement qui m'auraient intéressé.

Alors là vous voulez me mettre les élèves à dos parce que selon ma réponse…

J'ai envie de vous répondre les deux, mais effectivement je vais rester fidèle au Real Madrid, parce que c'est une équipe que j'ai pu suivre de près lorsque j'habitais à Madrid. Je n'oublie pas le Barça pour autant.

Alors j'ai eu un déclic scolaire au collège. J’ai été un élève avec des grosses difficultés dans sa scolarité parce que je ne donnais pas de sens forcément à ce que je faisais, les heures étaient très longues pour moi. J'ai le souvenir d'une enseignante qui m'a fait comprendre que j'avais des capacités. Elle m'a mis au défi de réussir donc comme j'ai toujours été quelqu'un de défi, je l’ai relevé. J’ai commencé à réussir je crois, et à partir de cet instant là je me suis senti libéré de quelque chose et aujourd'hui je considère que j'ai atteint un objectif de vie. Donc mon meilleur souvenir, c’est cette enseignante. Je pense qu'elle m'a aidé dans mes choix de carrière parce qu'aujourd'hui j'ai envie d'aider de la même façon beaucoup d'élèves qui sont décrocheurs, qui ont des fragilités. Je crois que la mission d'enseignant c'est aussi ça, ne pas oublier ces élèves-là, c'est les aider à donner du sens à leur scolarité, c'est important de n’oublier personne.

 

Mise à jour : juin 2023