20 ans et 87 jours pour être très précis – il est né le 19 juin 2003 - Louis Bielle-Biarrey est l’étoile montante du rugby français. Il vient de signer de la plus belle des façons son statut de plus jeune international français à disputer un match de mondial.
Le natif de La Tronche (Isère) a attendu la 72ième minute d’un France-Uruguay plutôt insipide, pour aplatir en coin son premier essai du mondial et libérer la France d’accrocheurs uruguayens. Rebelote contre la Namibie avec un doublé spectaculaire. Ce record de précocité, jusque-là détenu par l’ouvreur toulousain Romain Ntamack (20 ans et 143 jours), vient récompenser la formation sportive grenobloise mais également souligner l’efficacité des sections pour Sportifs de haut niveau au sein des lycées de l’académie.
Une comète appelée LBB !
Le jeune homme est un phénomène du rugby français, franchissant les étapes à vitesse grand V. Formé au RC Seyssins où il débute le rugby à 5 ans (2008-2016), il rejoint ensuite le FCG de 2016 à 2021. Parallèlement Louis Bielle-Biarrey intègre le lycée Vaucanson en 2018. Pendant ses années de seconde et première, il suit la section sportive de rugby du lycée -haut niveau régional- avant que les choses ne se précipitent pour lui en terminale où il rejoint l’académie fédérale, intègre le pôle France, obtient le bac général avec mention et fait ses débuts en sélection durant l’été. Rien que ça !
Dans la foulée le joueur décide de prendre son envol pour rejoindre le Top 14 et l’Union Bordeaux-Bègles, club sous lequel il connaitra sa première sélection officielle en août 2023 contre l'Écosse (un essai inscrit).
Un passage par le lycée Vaucanson à Grenoble qui a marqué l’ensemble des personnels de la communauté éducative qui l’a côtoyé, à commencer par Christophe DEVALUEZ, professeur d’EPS et coordonnateur de la section rugby, la tête, les bras et les jambes du projet SHN, ainsi que ses deux entraîneurs Guillaume Cognard, responsable de la section sportive du lycée Vaucanson (au contact de LBB pendant ses deux premières années lycéennes), et Geoffray Henry, responsable de l’académie fédérale, qui a poli le diamant brut durant son année de terminale.
« Des actions de génie… »
Guillaume Cognard prend les devants : « Louis, c’est un tout, un joueur très doué techniquement et très agréable humainement, toujours souriant, très sérieux, appliqué, un peu timide et même réservé, ce qui fait qu’il est passé un peu sous les radars des sélections nationales en catégories jeunes. On a pu malgré tout apercevoir son potentiel sur certaines rencontres, il avait des actions de génie au niveau de la vision de jeu et de la technique individuelle. Petit à petit, ses qualités athlétiques se sont mises à la hauteur de ses qualités techniques et il est devenu le joueur que l’on connaît, avec un énorme talent et une vitesse au-dessus de la moyenne. »
En entraîneur expérimenté, Guillaume Cognard sentait qu’il était « question de déclic et de prise de confiance pour passer un cap et faire de très grandes choses ». Une « humilité, voire timidité » qu’il a réussi à dépasser au sein de la section sportive du lycée Vaucanson, une étape cruciale qui a permis de façonner et le joueur, et sa personnalité. L’entraîneur de la section sportive développe : « Du point de vue purement sportif, ses années à Vaucanson lui ont permis de rattraper le retard athlétique qu’il avait sur les autres et ainsi de pouvoir exprimer pleinement ses qualités techniques. Ensuite, humainement, il s’est beaucoup appuyé sur le groupe de la section pour prendre confiance en lui et développer sa personnalité. »
« Sans les aménagements proposés au lycée, rien ne serait possible »
Geoffray Henry rebondit sur les propos de son collègue entraîneur : « Je connais Louis depuis ses jeunes années au FCG. J’ai récupéré un jeune avec de grosses qualités athlétiques, notamment de vitesse. Sa fin de saison en "moins de 17 ans" est excellente. On le convoque alors sur un premier stage national où il arrive prêt physiquement, il performe devant l’entraîneur de l’équipe de France des moins de 20 ans et marque les esprits, c’est selon moi l’élément déclencheur. On lui propose alors d’intégrer l’académie le pôle espoir. Il restait du travail mais ses qualités rugbystiques étaient évidentes. Le fait de s’entraîner avec les meilleurs lui a permis de franchir encore plusieurs paliers. » Une ascension fulgurante qui a de quoi surprendre : « Même si c’est un gamin qui a toujours été travailleur, qui s’est toujours engagé à fond dans ses projets, je suis surpris par la vitesse d’acquisition de compétences, c’est la preuve aussi que le fonctionnement mis en place par la fédération et l’académie permet d’avoir un développement physique et technique permettant de rivaliser rapidement avec les meilleurs du Top14, voire même au niveau international. » Le dispositif Sportif de Haut Niveau, présent notamment au sein du Lycée Vaucanson, est donc partie prenante de l’explosion du joueur, tout comme le lycée Louise Michel, support de l'académie pôle espoir. Geoffray Henri confirme, chiffres à l’appui : « Depuis 5 ans, on a quasiment 100% de réussite au bac. Les aménagements scolaires mis en place pour absorber les entrainements quasi bi-quotidiens, le rattrapage des cours proposés à l’issue des stages nationaux ou compétitions internationales qui dépassent souvent le cadre des vacances scolaires, les cours proposés sur l’ENT, l’engagement des proviseurs et enseignants au côté des élèves, tout cela concourt à libérer l’esprit des enfants, leur permet de s’épanouir et de se consacrer pleinement à leur double projet, sport et études. » Une réussite collective pour résumer les choses même si, bien évidemment, l’intéressé la doit surtout à lui-même.
« Élève souriant et enthousiaste »
Christophe Arene est professeur de mathématiques au sein de Vaucanson, il a dispensé la bonne parole, surtout les bonnes formules, auprès de l’international tricolore en 1ère et Terminale générale, de quoi nous en dire plus sur l’élève LBB : « J'en garde un très bon souvenir, il a toujours fait preuve d'enthousiasme et de gaieté durant les cours. Les fois où il n'avait pas le sourire aux lèvres ont été très rares. Il a toujours cherché à comprendre les notions vues en classe. Il était soucieux de réussir et avait à cœur d'allier sa passion pour le rugby et ses projets d'étude. » Et l’enseignant scientifique de nous délivrer une petite anecdote sympathique qui nous aide à mieux cerner le côté enjoué de LBB : « son camarade Ewen et lui m'avaient demandé si je savais ce qu'était un "bourre-pif", et me l'ont vite illustré en me montrant une vidéo de match où Louis en recevait un. Ça le faisait bien rigoler après coup. »
Michel Kosa, proviseur de l’établissement Vaucanson, souligne quant à lui la bonne santé des sections pour Sportifs de haut niveau (SHN) dans les lycées : « Louis Bielle-Biarrey symbolise le savoir-faire académique et le travail conjoint mené entre les établissements et le mouvement sportif. »
Épanoui !
Un symbole qui, depuis sa retraite à Marcoussis, a eu la gentillesse de se replonger dans ses (récentes) années lycées, assurément de beaux souvenirs : « C’était vraiment l’idéal pour moi de profiter des aménagements du lycée pour mener en parallèle le rugby et les études. Ne pas avoir à choisir entre les deux était à mon âge la meilleure chose qui puisse m’arriver. Surtout, être en cours et sur le terrain avec ses potes, cela m’a vraiment permis de m’épanouir. J’ai vraiment passé trois belles années. »
L’international tricolore n’a pas oublié non plus le corps enseignant : « J’étais un élève qui bavardait un peu, pas toujours irréprochable, certains étaient conciliants avec ça, d’autres un peu moins mais nos relations étaient bonnes. Et puis on a tous eu notre bac, c’est qu’on était sérieux aussi, c’est une belle réussite. » Un dernier mot sous forme de clin d’œil à l’adresse de Christophe Devaluez, responsable de ce joli projet SHN : « Il voulait tous les ans que l’on participe au cross, il nous poussait tout le temps pour qu’on le fasse mais nous on n’avait jamais bien envie (rires), on a bien rigolé avec ça… »
Reste désormais à inscrire l’essai de la victoire lors de la finale samedi 28 octobre au Stade De France et offrir le premier titre de champion du monde au rugby tricolore… L’histoire n’en serait que plus belle. « C’est ça !» sourit l’intéressé qui rectifie avec modestie « surtout que l’on gagne la coupe du monde. » Tout le mal que l’on peut souhaiter à LBB et ses partenaires.
En attendant, peut-être, de soulever la coupe William Web Ellis, l’académie de Grenoble et le lycée Vaucanson apportent tout leur soutien à Louis Bielle-Biarrey et à l’équipe de France !!!
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Mise à jour : novembre 2024