Des collégiens de Chabeuil ont accompagné l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon !

80 ans jour pour jour après sa mort, Missak Manouchian repose désormais avec son épouse Mélinée au sein du temple des grandes figures de la nation, reconnaissance éternelle de son héroïsme et sacrifice au service de la France. Une cérémonie à laquelle était conviés des collégiens drômois.

 « Aux grands hommes la patrie reconnaissante » …

80 ans jour pour jour après sa mort, Missak Manouchian, héros de la seconde guerre mondiale, repose désormais avec son épouse Mélinée au sein du temple des grandes figures de la nation, reconnaissance éternelle de son héroïsme et sacrifice au service de la France. Une cérémonie à laquelle était conviés des collégiens drômois.

Missak Manouchian, premier résistant étranger à accéder au Panthéon !

Né le 1er septembre 1906 à Adiyaman au sud de l’empire Ottoman, Missak Manouchian survit au génocide arménien de 1915. Orphelin, il trouve refuge en France en 1924. Formé au métier de menuisier, la littérature et l’écriture lui font les yeux doux. Militant communiste dès 1934, il intègre la résistance dès le début de la guerre. Le poète arménien rejoint le les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – Main d’œuvre immigrée) parisiens qui défendent Paris, Lyon, Toulouse et Grenoble où ils mènent des actions de guérilla urbaine, notamment des sabotages et attentats contre l’occupant. Arrêté au matin du 16 novembre 1943, traduit en justice dans un simulacre de procès très médiatisé, via notamment « l’affiche rouge », étendard xénophobe et antisémite qui vise à décrédibiliser l’action de ces résistants étrangers, Missak Manouchian lance à ses accusateurs collaborateurs « Vous avez hérité de la nationalité française, nous l’avons méritée » qui traduit son attachement à la France. A la tête du « groupe Manouchian », lui et ses 23 camarades (dont beaucoup de confession juive) sont condamnés à mort et fusillés le 21 février 1944 dans la clairière du Mont-Valérien. Il est le premier résistant étranger à accéder au panthéon, et avec lui, tel un symbole, ce sont tous les étrangers ayant donné leur vie pour la France qui rejoignent ce lieu solennel. *

affiche

« l’affiche rouge », étendard xénophobe et antisémite

Apprendre l’histoire et la vivre !

A l’occasion de cette panthéonisation, 600 élèves de toute la France étaient conviés. Parmi eux, 21 des 29 élèves de la classe de 3e4 du collège Marc SEIGNOBOS de Chabeuil, accompagnés de leur professeur documentaliste Olivier Dufaut, et Laure Schmittel, enseignante d’histoire-géographie référente du projet. Une invitation qui vient récompenser un travail approfondi sur la vie hors du commun du combattant FTP-MOI. Les élèves ont ainsi réalisé une exposition intitulée : « Missak Manouchian : un résistant étranger au panthéon » co financée par le conseil départemental de la Drôme, la Délégation académique aux arts et à la culture, et le Pass Culture. Inaugurée le mercredi 7 février aux portes de la mairie, les ponts, monuments, panneaux automobiles et piétons de la ville ont ainsi vu fleurir affiches, photos et documents retraçant la vie et l’engagement du résistant patriote. Puisque l’on évoque les expositions, à noter l’implication de la grande cité voisine, Valence, dont la diaspora arménienne remonte aux années 20, qui sera l'épicentre de la panthéonisation. En effet, pendant un an, les expositions culturelles de la ville auront toutes un rapport avec le résistant.

Point d’orgue de ce joli projet pour les collégiens drômois, une invitation de l’Élysée, précédée la veille d’une visite de l’assemblée nationale et poursuivie le lendemain par une halte à la cité des sciences.

« Impressionnant ! » 

C’est peu d’écrire que les élèves furent émus, éblouis, époustouflés, impressionnés (qui revient dans toutes les bouches) … à l’issue de cette cérémonie, sans fausses notes, qui restera longtemps gravé dans les mémoires de la délégation drômoise.  Laure Schmittel rembobine le fil des événements : « Nous avons assisté à la cérémonie dans le Panthéon, en plein milieu de la travée centrale, dans la partie où il y avait les scolaires, la partie devant nous étant réservée à la famille, au monde associatif, à l'exécutif et aux anciens ministres. Contrairement à l'extérieur où nous entendions les gens applaudir, à l'intérieur du Panthéon, l'ambiance était beaucoup plus solennelle. Les élèves ont été très impressionnés par le bâtiment en premier lieu, mais aussi par le "protocole" (se lever à différents moments...). » Un sentiment confirmé par Leslier, Jade, Inès et Aylin qui se font les porte-paroles de leurs camarades : « la panthéonisation a été très enrichissante pour notre culture et riche en émotions. Un des moments les plus marquants auquel nous avons pu assister est la chanson de feu ! chatterton (l’affiche rouge), suivie de l’entrée des cercueils dans la travée centrale, devant nous ! Nous avons également vu le président, de près, c’était impressionnant. »

Madame Schmittel reprend la main en évoquant la genèse de ce projet : « En juin dernier, lors de l'annonce de la panthéonisation de Missak Manouchian par Monsieur le président Emmanuel Macron, je me suis dit qu'il serait intéressant de mener un projet là-dessus avec une de mes classes de 3e. J'ai mûri le projet pendant l'été. L'idée d'une exposition est venue rapidement, cependant je voulais que cette exposition ne soit pas uniquement à destination des élèves du collège. Aussi ai-je contacté le maire de Chabeuil pour lui proposer d'exposer le futur travail des élèves dans la ville, sur un lieu de passage, afin qu'il profite à tous. Les élèves ont commencé à travailler en octobre, par groupe, au CDI, épaulés par la secrétaire générale d'Unité laïque, l'association porteuse du projet de panthéonisation. Toutes les semaines, à raison d'une heure hebdomadaire, ils menaient des recherches sur des thématiques que je leur avais attribuées (vie de Missak Manouchian dans l'Empire ottoman, vie en France dans les années 30, entrée en résistance, contexte historique, Panthéon, cérémonie de panthéonisation...). Une fois cette étape terminée, les élèves ont commencé à rédiger les textes, puis à choisir les images, faire les demandes aux archives... L'exposition a été inaugurée le 7 février. »

Fière de ses troupes, la professeure d’histoire-géographie évoque la réception de l’invitation estampillée -République Française, palais de l’Elysée - : « Ce fût une surprise totale ! Je ne m'y attendais absolument pas ! J'étais vraiment heureuse car c'était la plus belle récompense que mes élèves pouvaient obtenir pour leur travail. Quand je leur ai annoncé, ce fut une effusion de joie. Eux qui rêvaient d'aller à Paris ! »

Le travail paie !

Un rêve exaucé donc pour ces jeunes Chabeuilloises et Chabeuillois qui, enthousiastes et heureux, ont ainsi pu toucher du doigt l’Histoire avec un H majuscule. Un privilège rare et un si grand honneur…

*Retrouvez toutes les informations sur la vie de Missak Manouchian grâce à ce diaporama établi par les élèves du collège Marc Seignobos

 

Mise à jour : mars 2024