Mardi 3 juin, des élèves du lycée Roger Frison-Roche, accompagnés de leur professeur, prenaient la direction du Collège de France à Paris pour recevoir le deuxième prix du concours d’économie du Campus de l’innovation.
Un prix remis des mains prestigieuses de Philippe Aghion, l’un des deux professeurs d’économie du Collège de France, titulaire de la chaire Économie des Institutions, de l’Innovation et de la Croissance.
Concours de SES, les contours
Cette deuxième édition du concours de Sciences économiques et sociales (SES), destinée aux élèves de première, portait sur la thématique suivante : « les SES au cœur de mon quotidien : la démarche scientifique à l’épreuve des faits ». Une épreuve aux nombreux objectifs tels que promouvoir les savoirs des sciences sociales, proposer des contenus pédagogiques, approfondir les connaissances et le raisonnement lors d’un travail en groupe, démystifier le rapport aux savoirs académiques, éveiller les vocations chez les filles et les garçons et encourager les élèves à se projeter dans l’avenir.
Après avoir choisi un objectif d’apprentissage dans leurs chapitres d’économie, sociologie ou de regards croisés, les élèves avaient l’obligation de l’illustrer en s’inspirant de leur lycée, quartier, commune, centres d’intérêt, actualités… dans un format de restitution totalement libre. Que ce soit sous forme d’écrit, vidéo ou encore site web, l’idée était de permettre aux élèves d’exercer à la fois leur créativité et leur capacité à analyser un fait, tout en se basant sur leurs connaissances.
Motion design, assurance et montagne… le choix de la difficulté !
C’est ainsi que plusieurs groupes ont vu le jour au lycée Roger Frison-Roche, sous l’impulsion de Paul Bessey, professeur d’économie de l’établissement, qui revient sur la démarche : « Chaque groupe a produit une vidéo en respectant la consigne qui consistait à utiliser son quotidien pour illustrer et expliquer un concept du programme de SES. Le groupe qui a terminé deuxième a proposé une vidéo sur le principe de la mutualisation des risques et de l'assurance, illustré avec le milieu de la montagne et des guides.»
Une thématique originale dont le choix nous est expliqué en détails par Anna, Iris et Jules : « Durant le cours qui suivit l’annonce du concours, notre professeur nous a glissé quelques exemples/idées de sujets que nous pouvions potentiellement aborder, sujets que nous avons de suite exempté du champ des possibles dans la mesure où certains de nos camarades pouvaient s’y intéresser également, nous aurions alors perdu une certaine part d’originalité dans le choix de la thématique abordée. Nous nous sommes donc rendus sur le site du ministère avec les programmes officiels, que nous avons regardé un à un, avec un résumé des points clé des chapitres pour voir ce qui nous intéressait le plus. Le regard croisé sur la gestion des risques, l’assurance et la protection sociale gagna notre curiosité, car nous ne maîtrisions pas du tout le sujet. Cela promettait donc d’être particulièrement stimulant intellectuellement et challengeant. C’est sans doute la raison majeure de notre choix : ne pas aller vers la facilité pour apprendre de nouvelles notions. Pour l’illustration avec le milieu montagnard, dans les attendus du concours, il fallait expliquer le sujet choisi avec un exemple local. Or, quoi de plus local, à Chamonix-Mont-Blanc, que de parler de l’alpinisme ? Il se trouve d’ailleurs, qu’étant tous les trois proches d’alpinistes, nous savions que la question de l’assurance n’était pas une mince affaire… Par lien de corrélation, nous avons donc fusionné ces deux choix, car nous voulions les porter à la connaissance de personnes non-issues de milieux montagnards, mais qui s’y intéressent tout de même. »
Ma petite entreprise …
Insatiable quand il s’agit d’évoquer leur projet, la triplette lycéenne nous détaille une organisation des plus rigoureuses : « Dès que nous avions déterminé le sujet que nous souhaitions traiter, nous avons réalisé une fiche « objectifs » avec le travail à réaliser, les tâches assignées, les échéances à respecter et une liste de tout ce qu’il fallait inclure (notions et définition importantes, dessins...). S’en est suivi une phase de recherches sur les assurances, les risques, les aléas moraux et le lien avec l’alpinisme, sur Internet ou à travers des échanges avec des guides et des pratiquants de la haute montagne. Une fois la matière rassemblée, nous (Anna et Jules) avons commencé à rédiger le script tandis qu’Iris se chargeait de l’illustration de la vidéo avec les dessins qu’elles réalisaient elle-même sur un logiciel adapté. Toutes les fins de semaine, en fonction des besoins, nous organisions des visioconférences afin de mettre en commun les avancés du script et le continuer de façon homogène. Parallèlement, nous avons contacté plusieurs personnes afin d’obtenir quelques interviews (guides, directeur de la compagnie des guides, spécialiste de la gestion des risques : Guillaume Pellet-Bourgeois…).
Dès qu’une des parties de l’oral nous convenait et était validée par M. Bessey, nous l’envoyions à Iris pour qu’elle puisse commencer à dessiner. En effet, elle s’est chargée entièrement de la réalisation des dessins qui composent la vidéo, sur une base de 12 images par seconde. Quand elle venait à manquer d’inspiration, elle nous demandait si nous avions une idée pour illustrer certains propos, mais globalement, elle n’eut pas besoin de nous, car elle est très créative.
Toutes les trois semaines maximums, nous nous retrouvions afin de vérifier si les objectifs étaient atteints, regarder ou en étaient le script et les illustrations et/ou ce qu’il fallait modifier, améliorer, recommencer…et répondre aux mails d’interview, fixer les rendez-vous et ajuster les questions en fonctions des interlocuteurs et de nos besoins. Quelques jours avant l’échéance finale, nous nous sommes retrouvés à deux reprises afin de nous enregistrer. Jules a monté la vidéo, en ajustant le volume et le débit de nos voix, concordé les images et ajouté quelques transitions et effets pour rendre la vidéo plus dynamique. »
« Une superbe opportunité et une agréable expérience ! »
Organisés, motivés, impliqués… les lauréates et lauréats ont fait preuve d’une volonté sans faille pour venir à bout de leur travail. Un projet fort justement récompensé sur le plan national, source de fierté à l’énoncé des résultats, Jules peut en témoigner : « pour ma part, c’est lors d’une après-midi de mes vacances d’avril que je reçus les messages d’Anna et Mr.Bessey. J’ai su tout de suite que c’était pour le concours du collège de France et malgré une certaine confiance pour notre travail, je croisais les doigts pour qu’on ait une des premières places… Et magnifique, je vois 2e du concours ! J’ai instantanément été super content pour nous trois et envoyé un message pour féliciter mes camarades. Je tiens à remercier Anna, Iris, Mr.Bessey et le collège de France pour cette superbe opportunité et cette agréable expérience. » Anna nous confie également sa joie d’être lauréate : « Un matin, en me levant, je consultai ma messagerie, où Monsieur Bessey me dit « regarde tes mails ». Sur le moment, je n’ai pas bien compris où il voulait en venir ; cela faisait quelques mois que nous avions rendu les travaux. C’est là que je vis la réponse du collège de France avec l’annonce des résultats, soit notre seconde place. Je ne pourrai retranscrire mes émotions avec précision, si ce n’est que j’ai rigolé sans trop y croire. Certes, nous avions donné le meilleur de nous-même pour ce concours - car évaluer la quantité de travail réalisé est compliqué en raison de la subjectivité de cette quantification - et je pense en particulier à Iris qui n’a pas beaucoup dormi les jours qui précédaient l’échéance finale pour terminer les dessins, et qui passait toute la journée à faire cela, à midi, durant la récréation, et même de cours de SES ! Mais de là être deuxième… Je dirais tout simplement que j’étais heureuse d’avoir eu une sorte de reconnaissance pour le travail que nous avons réalisé d’autant plus que nous avons partagé de très bons moments tous les trois qui rendirent ce concours très plaisant. Un grand merci au soutien de notre professeur et sa proposition de participer au concours. »
Une seconde place qui vient récompenser le formidable travail des élèves du lycée chamoniard. Reste à gravir cette dernière marche lors de la prochaine édition. Avec un nom prédestiné, cette ascension ne devrait pas être insurmontable. Alors rendez-vous l’année prochaine pour un premier de cordée…
Mise à jour : juin 2024