« Scientifique, toi aussi » : les lycéennes et lycéens à la découverte des métiers scientifiques !

Jeudi 1er février, le polygone scientifique de Grenoble consacrait une journée dédiée à la jeunesse pour parler des métiers et des sciences. La bien nommée « Scientifique, toi aussi » prouve, à merveille, que scientifique est bel et bien un joli mot...

Jeudi 1er février, le polygone scientifique de Grenoble consacrait une journée dédiée à la jeunesse pour parler des métiers et des sciences. La bien nommée « Scientifique, toi aussi » prouve, à merveille, que scientifique est bel et bien un joli mot...

Ainsi, pas moins de 125 élèves et une dizaine de professeurs issus de la Drôme (Romans-sur-Isère), Savoie (Chambéry) et de l’Isère (Vizille et Côte Saint-André) se sont donnés rendez-vous, le temps d’une journée, au CEA de Grenoble afin d’y découvrir les métiers scientifiques. Pour les accueillir, CNRS, CEA, Campus GIANT, Grenoble INP, UGA, GEM, ESRF, ILL, tous ont répondu présent pour valoriser cet écosystème unique de recherche et d’innovation.

« Scientifique, toi aussi ! » un slogan cocasse né d’un constat établi en 2012 ; les filières scientifiques ne font plus rêver. L’objectif est donc de démocratiser et faire découvrir la variété des métiers exercés au sein de l’organisme de recherche. Tous les CEA de France et de Navarre se sont ainsi passé le mot pour faire découvrir aux lycéens les diverses facettes des métiers touchant aux sciences et à la recherche.

Conférences, speed-meeting et visites...

Et pour motiver ces lycéens et ces lycéennes (vivement incitées à franchir le pas et cocher la case sciences dans l’actualité Parcoursup), le programme est dense et varié.

Éloignement géographie oblige, c’est à 9h45 que l’ensemble des participants se retrouvent à la maison Minatec pour assister à une conférence intitulée : « Les batteries, pour quoi, comment ? » Une fois la recherche et ses enjeux appréhendés, place au Speed meeting (on n’arrête pas le progrès), lors duquel 24 techniciens, ingénieurs et chercheurs de tous horizons, témoignent de leurs parcours et échangent avec les jeunes sur les possibilités d'orientation professionnelle.

Des rencontres rapides et riches qui aiguisent l’appétit. Sitôt le repas avalé (l’histoire ne dit pas s’il s’agit de cuisine moléculaire), l’après-midi est consacrée à des visites de laboratoires afin de plonger les futurs scientifiques au cœur de la recherche et l’innovation. Ce n’est pas un, ni deux, ni trois … mais douze laboratoires qui ouvrent leurs portes pour des visites. De quoi satisfaire tout le monde ; SPINTEC, plateformes Impression 3D et Electronique Structurelle, Autonomie et intégration des capteurs et service des matériaux et techniques pour la photonique, Showroom et espace Passage sur le démantèlement nucléaire, GEM labs, Clinatec, G2ELAB, unité de Metalloprotéines, LEPMI (Laboratoire d’électrochimie et physicochimie des matériaux et des interfaces, Université Grenoble Alpes, Université Savoie Mont Blanc, CNRS, Grenoble INP)

Zoom sur le Speed Meeting!

24 tables, 2 salles, environ 5 élèves par table, 10 minutes et pas une de plus (un chronométreur officiel veille), top départ. Un schéma récurrent se dessine ; l’intervenant interroge les élèves sur leur formation, présente les différentes facettes de son travail avant de ponctuer l’intervention par un jeu des questions-réponses.

Anne Sophie Royet ingénieur en simulation physique de composants pour la nanoélectronique, occupe la table 24. Plaque de silicium en main, elle présente aux élèves les différents

composants d’une puce avec un focus sur le transistor. Non pas celui des années 80 sur l’épaule, version H.I.P, H.O.P, mais plutôt celui dans l’avant-garde de la miniaturisation qui fonctionne comme un robinet et laisse passer, suivant la fréquence, le signal ou pas : « Vous savez qu’il y a autant de composants dans une puce qu’il y a d’habitants sur terre ? 

«Wouah ! » Non, les élèves ne le savaient pas, et nous non plus d’ailleurs.  

Place aux questions : « quel est votre salaire ? Comment ça marche les puces dans les téléphones ? … »

Clochette, changement de table. Le temps que le prochain groupe arrive, Madame Royet nous confie sa joie d’être ici : « Les sciences concernent les jeunes au quotidien, il faut les désacraliser. On arrive à faire des choses incroyables et on est là pour leur montrer tout ça ! »

Autre salle, même ambiance, studieuse et rieuse. Serge Bories, ingénieur chercheur radio fréquence antenne propagation, nous accueille à sa table.  Enthousiaste et souriant, il n’a aucun mal à convaincre : « Les scientifiques aujourd'hui sont très spécialisés et leur travail consiste à collaborer dans différents domaines. Un bon scientifique est curieux et ne doit pas avoir peur de ne pas connaître. Il répond aux questions de la société en mettant des chiffres sur les problèmes. » Cela tombe bien, les questions fusent : « Le téléphone (toujours lui) est-il responsable de maladies ? Est-ce que vos recherches ont des résultats sur la santé ? » Le Ping-pong s’engage : « C’est le travail du scientifique de définir si le téléphone engendre des cancers. On ne peut pas dire : pas de téléphone sous l'oreiller sans savoir réellement ce qui se passe, alors on met le téléphone sous l’oreiller et on mesure l’exposition électromagnétique, on analyse, on compare … » Serge Bories se veut rassurant : « Le scientifique qui débute, c’est un peu l’image de la pièce noire avec une vieille lampe de poche, il doit se débrouiller et trouver la sortie. Mais on finit toujours par trouver des choses. Il faut dédramatiser, on peut être mauvais en maths par exemple, ce n’est pas grave, les ordinateurs font les calculs à notre place, il faut simplement garder un œil sur la cohérence des résultats. » Quelques conseils en guise de conclusion : « Bien se renseigner pour choisir la bonne école d’ingénieurs, s'engager dans l'alternance si possible… Un Ingénieur est très recherché, il n’a pas de problème d'argent, alors certes a 20 ans l'argent c’est important, à 40 un peu moins, il faut surtout trouver la voie qui vous convient… » Qui a dit que les sciences et la philosophie ne faisaient pas bon ménage ?

La clochette retentit : « À dans 8 ans les jeunes ! » Monsieur Bories retrouve son sérieux : « On a besoin de relève, notre société a besoin de scientifiques, et des filles si possible. » Cela tombe bien, le prochain groupe ne comporte que des représentantes de la gente féminine.

Mesdemoiselles, foncez, l’enthousiasme scientifique c’est contagieux !

Un écrin géant dédié aux sciences !

Les structures d’accueil des lycéens sont gigantesques et à la pointe de la technologie, il serait dommage de s’en priver.

Le CEA de Grenoble par exemple, installé au cœur d’un environnement scientifique, industriel et universitaire très riche et fort de 4500 collaborateurs, consacre l’essentiel de ses recherches au développement de solutions innovantes, dans les domaines de l’énergie, de la santé, de l’information et de la communication. Le Campus GIANT pour sa part, est un lieu d'innovation collaborative formé par une alliance de 8 instituts (CEA, CNRS, EMBL, ESRF, ILL,Grenoble INP-UGA, UGA, GEM) sur plus de 250 hectares consacrés à la recherche, la technologie, l'enseignement supérieur et l’industrie pour répondre collectivement aux grands enjeux sociétaux d'aujourd'hui et de demain. De quoi en prendre plein les yeux !

Nul doute que de telles journées contribueront à attirer les lycéens vers les filières scientifiques, féminiser la profession et peut-être, d’ici quelques années, faire évoluer le slogan. De « Scientifique, toi aussi ! » à « Scientifique, la chance ! »

L'INFO EN PLUS !

Nano@school : Une autre action pour promouvoir les filières scientifiques !

A l’instar de l’animation « Scientifique, toi aussi ! », d’autres jeunes étaient invités au sein du CEA, au CIME Nanotech plus précisément (Centre inter-universitaire de micro-électronique), pour vivre une journée Nano@school. 

Lorraine Chagoya-Garzon, organisatrice des sessions Nano@school depuis 2008, nous aide à en apprendre davantage sur ce dispositif : 

« L’idée est de faire venir les élèves sur les plateformes techniques du CIME pour qu’ils mettent la main à la pâte et participent activement à la découverte des plateaux. Ce dispositif a été initié par le CEA et CIME Nanotech avec le soutien du rectorat. Nous organisons une vingtaine de sessions par an en moyenne et invitons des lycéens de toute l’académie, en classe de seconde, première ou terminale.  La journée commence par une présentation de la structure CIME Nanotech, puis nous leur proposons des ateliers le matin et d’autres, différents, l’après-midi, afin d’en voir le plus possible. En fin de journée, on leur demande de nous livrer, via un questionnaire, leurs retours. Ces derniers permettent de recenser ce qu’ils ont retenu, apprécié ou pas dans la journée.  Nous avons dans l’ensemble des retours positifs, voire très positifs. Parfois avec même, pour la petite anecdote, un doctorant ayant intégré le CEA suite à une de ces sessions Nano@school, le déclencheur qui l’a incité à devenir ingénieur. Nous faisons face à un vrai manque de main d’œuvre qualifiée dans tous les domaines scientifiques, et ces actions concourent à leur faire découvrir la variété de ces métiers, trop méconnue, les élèves n’ont pas idée de cette grande palette de métiers. Nous portons également une attention particulière sur le recrutement de la gente féminine, on constate malheureusement trop souvent qu’elles se dévalorisent beaucoup et qu’elles n’osent pas, alors qu’elles en sont tout à fait capables. On essaye de semer des petites graines dans l’esprit des jeunes, en espérant que plus ou moins tard, elles germent... »

 

Mise à jour : février 2024