Pierre Agostini, prix Nobel de Physique, présent aux olympiades des sciences de l'ingénieur (OSI) !

Ce n’est pas tous les jours qu’un prix Nobel de Physique se déplace au-devant des élèves. Et pourtant, c’est le privilège qui a été donné aux finalistes académiques des Olympiades des Sciences de l'Ingénieur (OSI) et aux élèves grenoblois du lycée Champollion.

Ce n’est pas tous les jours qu’un prix Nobel de Physique se déplace au-devant des élèves. Et pourtant, c’est le privilège qui a été donné aux finalistes académiques des Olympiades des Sciences de l'Ingénieur (OSI) et aux élèves grenoblois du lycée Champollion.

Attoseconde, 10-18 pour les intimes !

Colauréat du prix Nobel de Physique en 2023, en compagnie de Ferenc Krausz et Anne L'Huillier, Pierre Agostini a été récompensé pour ses études pionnières relatives à l'ionisation atomique en champ laser intense, en forgeant notamment les outils de la métrologie attoseconde, à savoir la science du comportement des molécules. Cette dernière a ainsi permis, entre autres, de développer des lasers permettant de filmer les mouvements des électrons et de mesurer les flashs de lumière les plus brefs jamais produits. Tout un programme !

C’est tout naturellement que l’ancien chercheur du CEA, dont l’infiniment petit est le crédo, a fait le saut de puce depuis Paris pour un séjour riche et intense de deux journées afin de prodiguer la bonne parole scientifique et prendre un bain de jouvence auprès de ses potentiels futurs successeurs.

CNRS, Campus universitaire de l’UGA, CEA, Campus Giant, Maison Minatech… ont eu la chance d’accueillir l’illustre scientifique pour des visites et conférences, mais surtout des échanges avec des lycéens, dont une petite centaine d’heureux élus de l’établissement Champollion et d’autres, encore plus nombreux, réunis à Minatec pour les finales académiques des Olympiades des Sciences de l’Ingénieurs

En savoir plus  sur les attosecondes : « Genèse et applications d’impulsions attoseconde » - P. AGOSTINI

Osez, osez O.S.I. …

C’est donc par une rencontre avec les élèves présents sur le site du CEA que débutait le périple grenoblois de Pierre Agostini. Périple effectivement, car le train affichait un retard de 50 minutes, transition toute trouvée pour une conversion inspirée de ce laps de temps en attoseconde (3 milliards a priori) en guise d’entrée en matière réussie du physicien. L’occasion ensuite de présenter une partie de ses travaux et saluer la présence de ces apprentis scientifiques à ces olympiades. En effet, ouvertes aux premières et terminales (spécialité SI et série STI2D), celles-ci visent à développer chez les élèves leur intérêt pour les ingénieries, les technologies et les sciences. L’an dernier par exemple, une barquette de ski améliorée, un fauteuil roulant avec dispositif de franchissement de marche, ou encore une micro-mobile pour les villes de demain avaient marqué les esprits.

Ces olympiades sont, de l’aveu même de Guy Chateignier, IA-IPR Sciences et Techniques Industrielles & Technologie au sein de l’académie de Grenoble, « une belle opportunité pour rapprocher éducation nationale, enseignement supérieur et entreprises, pour inciter davantage les jeunes à poursuivre leur formation en ingénieries, technologies et sciences, et plus tard à devenir chercheur, ingénieur ou technicien ». Un concours qui fait également la part belle à l’esprit d’initiative et la créativité.

Il a ainsi fallu faire preuve d’originalité, de pertinence, d’un engagement sociétal ou environnemental et surtout affuter ses arguments pour présenter les projets expérimentaux pluri-technologiques devant un jury composé d’ingénieurs, de chercheurs, d’industriels, d’enseignants du supérieur, de chefs d’établissement et d’inspecteurs… Et plutôt deux fois qu’une, des arguments à maitriser sur le bout des doigts pour faire face au colauréat du prestigieux prix Nobel. Pierre Agostini, aussi intimidant soit-il, a su se mettre à la portée des lycéens afin de distiller macro conseils et nano astuces pour les encourager à embrasser une carrière faite de sciences, bonheur et maintes découvertes…

À quelques encablures des résultats, celui qui aura « passé son temps à faire de la recherche », selon ses propres dires, se prêtera volontiers au jeu des questions-réponses : « Quels sont les domaines d’application de vos recherches ? Comment avez-vous trouvé les attosecondes ? Quelle est la relation entre la tortue et l'attoseconde ? Quels sont les apports du CEA dans la carrière ? etc. »

Pierre Agostini, avec son style bien à lui, apportera quelques réponses (ou pas) : « Attoseconde, c’est tellement court qu’il n'y a pas d'application dans la vie courante. Le fameux paradoxe d'Achille et de la tortue que tout le monde connaît …
Le CEA m’a apporté une grande liberté dans les sujets de recherche et les moyens pour le faire… »

On aurait pu l’écouter des heures Monsieur Agostini raconter son amour pour les atomes, mais malheureusement, le temps était compté. Place aux résultats.

8 prix attribués, 4 finalistes, 1 lauréat !

Sur la cinquantaine d’équipes (de 3 à 5 élèves) issues de l’ensemble des établissements de toute l’académie, quatre ont été sélectionnées pour la finale nationale prévue le jeudi 23 mai à l’université Paris-Saclay.

Seront ainsi présents pour défendre les couleurs de l’académie de Grenoble :

  • 1er prix : Lycée PO Louis Lachenal, Argonay (74), pour son projet « Tracking cible biathlon » dont le dispositif est destiné à faciliter les entrainements de tir à la carabine dans le cadre des épreuves de biathlon.
  • 2ème prix : Lycée Paul Héroult, Saint-Jean-de-Maurienne (73) pour son projet « Porta Wax », système de fartage et affutage portatif de ski.
  • 3ème prix : Lycée du Dauphiné, Romans-sur-Isère (26) pour son projet « Run and Shoot » qui consiste en la réalisation d'un kit open source d'un système "cible + fusil laser" pour les professeurs d'EPS. Sur le principe du biathlon, il y a une distance à parcourir en course à pied, puis un pas de tir. En fonction du résultat au tir, "l'élève" aura une distance supplémentaire à faire. L'objectif est de faire découvrir d'autres sports à l'école et travailler d'autres compétences (concentration et maitrise de son effort physique).
  • 4ème prix : Lycée Champollion, Grenoble (38) pour son projet Sens Foot, "Vos pas, notre innovation". Sens Foot est une initiative visant à développer des chaussures spécialement conçues pour les athlètes aveugles, permettant une course autonome sans assistance extérieure. Ces chaussures révolutionnaires offrent une solution pratique pour les athlètes aveugles qui souhaitent participer à des compétitions sportives sans dépendre d'un guide. Notre objectif est de promouvoir l'autonomie et l'inclusion dans le domaine du sport pour tous.

Le prix de la modélisation revient au lycée Hector Berlioz, La Côte-Saint-André (38) pour son projet « SOS Safety On Snow ». Le prix de l’innovation est décerné au lycée Argouges, Grenoble (38) pour son projet « Assistant foil ». Le lycée Louis Armand, Chambéry (73) obtient le prix de la réalisation avec son projet « DownHill Biking ». Et enfin le prix coup de cœur du public est attribué au lycée Saint-Michel, Annecy pour son projet « Stabili-Kayak ».

« Un scientifique heureux est un scientifique libre »

Pierre Agostini, au cœur de l’évènement a eu la gentillesse de nous consacrer quelques minutes pour répondre à nos questions

C’est important d’être présent sur cet évènement OSI ?

C’est un peu une surprise d’être ici (rires) mais c’est très important pour moi de valoriser ces initiatives. Cela me rajeunit beaucoup d’être là (rires).

Qu’est-ce qu’un scientifique heureux ? Un scientifique qui a un prix Nobel ?

J’étais un scientifique heureux même avant l’obtention de mon prix. Un scientifique heureux, c’est un scientifique libre, qui peut faire ce qu’il veut.

Souhaitez-vous faire passer un message aux lycéens et surtout aux lycéennes pas toujours assez représentées dans ces filières scientifiques ?

Parmi les trois prix Nobel de cette année, un est décerné à une dame, elle était aussi importante que nous, cela fait une bonne raison d’intégrer les filières techniques.

Votre futur successeur, il est là aujourd’hui ?

Happé par la foule pour la photo souvenir, nous n’aurons pas la réponse. Sans nul doute que oui, en témoigne les interventions des différents acteurs économiques de la région lors de chaque remise des prix : « Quand on parle de Sciences, Grenoble is the place to be »

Oui, l’académie où il faut être pour tenter l’aventure scientifique, une voie riche de promesses d’embauches - il manque 10 à 15 000 postes chaque année -, où l’on peut contribuer à la réindustrialisation de la France et s’épanouir en toute liberté.

Des lycéens qui suivront cette voie royale ? L’avenir le dira. Une certitude cependant, ces olympiades passionnantes, conjuguées à des rencontres marquantes contribuent à ouvrir les portes des disciplines scientifiques au plus grand nombre. Qu’on se le dise, les sciences, dorénavant, c’est tendance…

 

Mise à jour : mai 2024