Questions - Réponses ! Myrtille Gardet, référente académique égalité filles-garçons

Myrtille Gardet est IA-IPR en physique-Chimie et référente académique à l'égalité filles-garçons.

Myrtille Gardet est IA-IPR en physique-Chimie et référente académique à l'égalité filles-garçons.

L’idée justement est de s'affranchir des préjugés et des stéréotypes qui pèsent sur les jeunes filles et sur les jeunes garçons, et cela dès le plus jeune âge. Sans doute que pour atteindre cet objectif, l'essentiel va être de diffuser et de transmettre une culture de l'égalité au sein de notre système éducatif, de façon à leur permettre de s'émanciper.

Nous avons un cadre réglementaire, une convention interministérielle (2019-2024) qui pose les grands axes de cette politique et des interventions. Il a été suivi d'un plan interministériel pour l'égalité entre les hommes et les femmes (2023-2027) et qui globalement, si je résume, vont permettre de décliner au niveau académique, le pilotage de cette politique et sa coordination, bien entendu sous l'autorité de Madame la Rectrice qui est très très engagée et investie sur cette question-là. Ce pilotage s’établit autour d’une articulation avec l'égalité professionnelle femmes-hommes, la capacité à animer un réseau de référentes et de référents égalité filles-garçons au plus près finalement des élèves et des étudiantes et étudiants, donc avoir des experts au niveau local, avoir également un accompagnement des équipes, des établissements, des réseaux. On a de nombreux réseaux dans l'académie qui se sont engagés en faisant de l'égalité un axe fort de leur fonctionnement, avec une campagne de labellisation des établissements qui remportent un certain succès dans notre académie. Évidemment tout le volet de la formation des personnels est à développer avec un groupe de formateur académique qui est très investi, et puis bien sûr tout ce qui relève des ressources de la communication pour diffuser au mieux l'information. Dans le cadre des missions il y a également un volant partenariat, c'est-à-dire comment est-ce qu'on s'insère dans un contexte local, départemental, académique, quelles ressources on peut mobiliser ? Et finalement, ce que doivent  ressentir au quotidien nos élèves puisque c'est le cœur de cible, c'est qu’on va essayer de travailler sur la question du climat scolaire, donc là on voit le lien très prégnant avec la question très importante du harcèlement, la question de l'orientation car on sait bien qu'il existe une forme d'orientation assez genrée selon les différentes filières qui jalonnent notre système éducatif, et puis la question de l'éducation sur les représentations stéréotypées qui jalonnent le quotidien et la société telle qu'on la connaît.

Le premier constat, je dirais que c’est une académie très active sur la question. Comme je le disais tout à l'heure, on est effectivement très soutenus par Madame la Rectrice sur ce sujet-là et notre dynamisme est tout à fait reconnu au niveau national.

Bien sûr il y a sans doute des indicateurs pour traiter de cela, comme la désignation des référentes et référents égalité. On couvre plus de 90% des établissements, donc on a vraiment un vivier d’experts engagés au plus près des élèves. Des indicateurs aussi comme les campagnes de labellisation de ces 2 dernières années qui remportent un certain succès avec 24 établissements engagés l’année dernière et 33 cette année qui ont fait cette demande de labellisation.

On a aussi un groupe de formateurs académiques extrêmement important qui va devoir augmenter en quantité puisque nous avons des demandes de formation d'initiative territoriale de plus en plus nombreuses.  On décline et on travaille en partenariat avec un CAVL qui aussi s'empare de cette question-là, avec le service de la DRAIO qui cherche à regarder comment est-ce qu'on peut faire évoluer les éléments d'orientation, et enfin, un dernier point, on a mis en place, à la demande de Madame la Rectrice et sous son autorité, sa présidence, l'Observatoire des LGBT phobies. Donc finalement, une académie très engagée, très investie, très dynamique au service de l’égalité filles-garçons.

Oui, il me semble que c'est une cause fondamentale de l'Académie. Finalement, cette question de l'égalité touche à la question du respect des uns des autres, du respect mutuel et elle est l'un des piliers d'une éducation plus apaisée et sereine dans nos systèmes éducatifs.

Bon alors évidemment je vais être obligée de vous reprendre, vous l'avez bien compris, le 8 mars, de façon un peu raccourcie, on l'appelle la journée de la femme, ce qui laisserait possiblement sous-entendre que toutes les autres journées sont la journée de l'homme, ce qui est évidemment ne me paraît pas tout à fait juste. Le 8 mars est la journée internationale des droits de la femme effectivement, il y a en réalité de très nombreuses journées consacrées aux femmes, nous sortons tout juste du 11 février qui est la journée internationale des femmes et des filles en sciences décrété par l'UNESCO. Cette année, le président de la République a annoncé que la journée du 25 janvier devenait une journée nationale contre le sexisme. Nous avons également le 25 novembre qui est une journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, 17 mai, journée internationale contre l'homophobie et la transphobie… bref vous le voyez, le 8 mars est une journée qui s'intègre dans un certain nombre d'autres et qui se veut porter le focus sur la question des droits des femmes au niveau national.

Alors effectivement de très nombreuses actions sont engagées sur le territoire, c'est impressionnant. Nous en avons établi un recensement avec ma chargée de mission à l'égalité et plus de 500 actions sont recensées. Elles sont diverses et variées, elles peuvent paraître plus ou moins impressionnantes, mais elles sont là, présentes. Évidemment ce sont des expositions, des conférences, des interventions, des projections de film, des pièces de théâtre…, et des actions un peu plus étonnantes avec des « journées de la jupe », des « toutes et tous en Rosie ». Il existe aussi des propositions pédagogiques sur l'ensemble des disciplines, on va se retrouver cette année, non pas avec une journée seulement dédiée, mais une semaine de l’égalité entre le 6 et le 13 mars, et sur laquelle suivra ensuite des semaines de sensibilisation des jeunes sur les femmes en entrepreneuriat du 11 au 29 mars, donc finalement le mois de mars sera très largement décliné sur ces questions d'égalité.

Effectivement je comprends le fait de me titiller sur cette question-là, donc si je suis IA-IPR de physique chimie à l'heure actuelle dans cette académie, c'est parce que j'ai eu moi-même un parcours scientifique et donc j'ai pu intégrer des filières scientifiques en étant une femme, cela signifie sans doute que ce n'est pas réservé qu'aux garçons. Maintenant la réalité est telle que oui, à l'heure actuelle, les séries peuvent être très ségréguées au niveau genré, je peux en citer une ou deux en particulier. En voie technologique on se retrouve avec un nombre de jeunes filles en STI2D qui est de l'ordre de 8 à 10 %. Si on va sur ST2S, donc plutôt sur le sanitaire et social, on a exactement l'opposé avec moins de 10 % de garçons, et on retrouve ces éléments là aussi en voie générale puisque des enseignements de spécialité comme NSI ou Sciences de l'ingénieur ne rassemblent que 10 à 15 % de jeunes filles. Donc je comprends, vous pouvez me titiller, et je travaille autant que je peux, et avec ma casquette de référente académique, et avec la casquette IA-IPR de physique chimie au fait de faire évoluer cette ségrégation genrée.

Oui, je pense qu'il y a plusieurs niveaux sur lesquels il faut faire évoluer les choses. La question des stéréotypes a déjà été abordée, il semble nécessaire de faire en sorte que les jeunes filles, comme les jeunes garçons, comprennent que toutes les séries et toutes les filières leur sont accessibles. On parle souvent des jeunes filles sur la question des filières scientifiques mais on pourrait aussi traiter de celle des garçons sur justement les filières sanitaires sociales ou dans les humanités, donc faire en sorte de faire évoluer ces mentalités et de dépasser les stéréotypes du mieux que l’on peut pour faire en sorte que chacun et chacune puisse, comme je le disais à un moment, s'émanciper et se sentir libre de ses choix.

Il existe de très nombreuses actions, d'ailleurs certaines sont au sein de notre système éducatif et d'autres sont dans des partenariats. Je pense en particulier aux femmes ambassadrices de Sciences, on en retrouve un très grand nombre. On travaille beaucoup nous en particulier dans le programme du type Giant@school sur cette question-là de façon systématique. On a aussi un travail assez poussé de marrainage avec par exemple l'entreprise Schneider électrique et bientôt EDF. Sur la région, les dispositifs comme « Scientifique toi aussi ! » avec le CEA s'engage aussi dans cette dimension-là, « J’invente demain » également… On a un très grand nombre de possibilités et de témoignages au sein de nos établissements. Les enseignantes et enseignants s'en emparent de façon très forte, on l'a vu très récemment sur la question dont je vous parlais, femmes et entrepreneuriat. L'association 100 000 entrepreneurs nous a indiqué que notre région académique était l'une des plus actives et des plus demandeuses de déplacement de femmes en entrepreneuriat auprès des élèves de l'académie.

Oui, donc nous essayons, au-delà de diffuser cette culture de l'égalité, du respect mutuel auprès des élèves bien sûr, de former les professionnels à l'éducation de façon à ce qu'ils puissent eux et elles aussi promouvoir cette question de l'égalité. Nous avons un certain nombre de formations à destination des cadres bien entendu, au niveau académique comme national. On essaie aussi de faire en sorte qu'il y ait très grand nombre de de levier de prévention du harcèlement à caractère sexiste et sexuel. On a ce label dont on a parlé, égalité filles-garçons pour les établissements, qui permet quand même de valoriser ce qui est mis en place à tous les niveaux, puisque dans ces labellisations il y a non seulement la dimension à destination des élèves, mais aussi la dimension du pilotage de l'établissement et de la formation des personnels, et puis du lien avec les parents et donc la communauté éducative.

On peut l'espérer effectivement, après le souhaiter, en faire un vœu pieux à exaucer ça ne coûte pas grand-chose, il faut être honnête, mais effectivement, il est plus que souhaitable, et je reste quelqu'un de très optimiste, qu’on arrive à faire en sorte que cette question de l'égalité filles-garçons ne soit plus une question, et que notre quotidien soit celui d'une société la plus égalitaire possible, la plus pacifique, prospère et durable possible.

Alors évidemment, comme je n'ai pas envie de respecter les règles, j'aurais tendance à dire qu'on pourrait prendre deux mots. Le premier c'est pour reprendre la question précédente, le premier mot qui m'est venu à l'esprit est celui de l'avenir, et puis si on veut être un peu plus prosaïque, je dirais l'inclusivité. L'inclusivité c'est l'acte de promouvoir, de favoriser, de défendre l'intégration de chacune et de chacun sans discrimination, je crois que ça résume bien cette question de l'égalité.

Bon d'abord, des souvenirs et des bons souvenirs, j'en ai eu beaucoup. L'instant récré je ne sais pas si ça va être très récréatif ce que je vais vous proposer, mais tant pis, chacun et chacune est libre de dire ce qu'elle veut sur cette dernière question. De mon côté, je dirais que l'un de mes meilleurs souvenirs c'est une rencontre, je crois qu'on fait beaucoup de rencontres dans la vie et que c'est ce qui finalement jalonne nos parcours. C'est la rencontre avec une professeure de mathématiques, une femme, Claire Echavidre, qui a été ma professeure de mathématiques en classe de seconde. Je me dis que c'est l'un de mes meilleurs souvenirs scolaires, parce que cette femme-là, pour une raison que j'ignore finalement et dont je n'arrive pas à mettre forcément les mots qu'il faudrait dessus, m'a vraiment permis de me dire que les mathématiques m’étaient accessibles. Elle m'a ouvert, je pense, des portes sans action particulière de sa part, mais sous le format sans doute de ce qu'on appelle parfois les rôles modèles. Elle m'a permis de découvrir les mathématiques comme étant un plaisir partagé. J'ai vraiment découvert la beauté des mathématiques, l'abstraction, la capacité à pouvoir jouer avec et à se faire plaisir, et cela reste un excellent souvenir, puisqu’ensuite il a quand même pas mal jalonné la suite de mon parcours.

Mise à jour : mars 2024