Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, 47 ans, professeur d’Histoire-Géographie, était sauvagement assassiné à la sortie de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), victime du terrorisme islamiste. Presque trois ans plus tard, le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur de lettres de 57 ans, était lui aussi victime de la même idéologie mortifère dans son établissement de Arras (Pas-de-Calais).

Ce lundi 16 octobre, un hommage national leur était rendu dans l’ensemble des établissements scolaires de France. Débuté par une minute de silence programmée à 14h00, il trouvait un prolongement sous différentes formes, laissées au libre choix des écoles et établissements, adaptées à l’âge des enfants et inscrit dans le travail quotidien mené par les professeurs tout au long de l’année, notamment en éducation aux médias et à l’information.

Monsieur le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal, au lendemain de cette nouvelle attaque, tenait à souligner l’exemplarité du corps enseignant dans cette nouvelle épreuve. Dans un courrier adressé à l’ensemble de la communauté éducative, le ministre saluait « leur courage et leur engagement qui forcent l’admiration de tout le pays ».

Un prix contre l’oubli !

Accompagné de Madame Élisabeth Borne, Première ministre, Monsieur Attal, profitait de la remise du prix Samuel Paty à la Sorbonne, ce samedi 14 octobre, pour réaffirmer son soutien à l’ensemble de la communauté éducative : « Notre nation doit montrer par des actes qu’elle est derrière nos professeurs. Il est important de protéger l'École, lieu de savoirs et de transmission des connaissances, qui est le meilleur rempart face à l'obscurantisme. »

Pour rappel, ce prix, à l’initiative de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (A.P.H.G.) vise à rendre hommage à l’enseignant assassiné via des podcasts, vidéos, journaux numériques, sites internet, bandes dessinées, affiches, jeux de plateau, encyclopédie raisonnée etc., le tout autour d’un thème favorisant la cohésion et la coopération grâce à un projet de classe. Ce dernier est centré sur les principes et valeurs démocratiques, au cœur de la construction intellectuelle et citoyenne des élèves, en lien avec les programmes d’Éducation morale et civique (EMC), d’histoire-géographique et de la spécialité HGGSP (Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences politiques).

Une cicatrice profonde !

C’est au lycée Champollion (Grenoble) que Madame la rectrice a honoré la mémoire des enseignants assassinés. Elle a également témoigné du soutien indéfectible de l’institution à ses personnels, et rappelé combien la laïcité et les transmissions des valeurs de la république sont fondamentales dans notre société.

Trois ans plus tard, la plaie a été ré-ouverte, profondément. Ce déplacement a renforcé ce constat. Le dialogue avec l’équipe enseignante a ainsi révélé des angoisses légitimes liées à ces évènements. En effet, être sauvagement assassiné pour ne vouloir faire que son métier, celui qui consiste à transmettre, instruire, faire grandir ses élèves, n’était, n’est toujours pas concevable.

Les mots pour soigner des maux et contribuer à apporter un peu de réconfort. Avancer, sans oublier Samuel Paty et Dominique Bernard, tel était le mot d’ordre de Madame la rectrice qui a conforté les propos de Monsieur le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse : « À travers Samuel Paty et Dominique Bernard, c’est l’École de la République qui a été visée. Notre École est attaquée pour la mission qui est la sienne, pour l’idéal qu’elle porte et son projet émancipateur. Notre École ne vise pas seulement à instruire nos élèves. Elle leur permet de devenir des citoyens libres et éclairés, animés de notre idéal de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Cet idéal émancipateur est l’exact contraire des obscurantismes et des fanatismes. »

Liberté ! Liberté (d’expression) chérie

Ces échanges constructifs, ont également permis d’aborder la liberté d’expression et la nécessité, malgré ce traumatisme, de continuer à l’enseigner auprès des élèves. « Ce drame a rappelé l’importance de l’esprit critique, de l’analyse, de la prise de distance par rapport aux faits, de la valeur intrinsèque et supérieure d’un État de droit, fondé sur le respect des libertés fondamentales et bâti sur l’École ».

A ce titre, Madame la rectrice a rappelé que des ressources pédagogiques sont mises à disposition des enseignants sur le site Éduscol pour aider les professeurs à concevoir une séquence adaptée à l’âge de leurs élèves.

L’occasion de réaffirmer, via une prise de parole ferme et déterminée, l’accompagnement et le soutien de l’institution aux professeurs dans leurs missions fondamentales d’enseignement, d’ouverture du champ des connaissances et des savoirs afin de former des adultes capables de faire des choix libres et éclairés.

Cette visite, marquée du sceau de l’émotion, a permis d’exprimer le soutien sans faille de Madame la rectrice de l’académie de Grenoble à tous les enseignants qui œuvrent, parfois dans la difficulté, à la transmission des valeurs de la République et au respect du principe de laïcité.

Une visite également pour ne jamais oublier Samuel Paty et Dominique Bernard, enseignants assassinés pour s’être dressé face à l’obscurantisme. Courageusement !