Remise des prix « Non au harcèlement », les élèves de l’académie de Grenoble fortement mobilisés

Mercredi 11 juin, la cité scolaire Stendhal à Grenoble prenait des airs de cérémonie solennelle pour remettre les prix académiques de la douzième édition du concours « Non au harcèlement », sous les yeux bienveillants de Monsieur le recteur et des DASEN des cinq départements.

Le harcèlement, c’est Non !

Le concours académique « Non au Harcèlement » (NAH) vise à cultiver chez l'élève l'estime de soi, le respect d'autrui et la confiance en l'avenir. Créer des conditions d'accueil sereines et propices aux apprentissages, faire de l'école, du collège ou du lycée un lieu de partage et de travail où chacun puisse trouver sa place sont des préalables indispensables à la réussite de tous.

C'est pourquoi il est fondamental d'œuvrer à instaurer dans tous les établissements un climat scolaire serein. Cela passe en particulier par une lutte systématique et renforcée contre toute forme de harcèlement. NaH participe à ce travail d'envergure en donnant la parole aux élèves et en les rendant acteurs de la prévention de ce fléau. Il propose aux jeunes des écoles, des collèges, des lycées et des structures péri et extrascolaires de s'exprimer collectivement sur le harcèlement à travers la création d'une affiche ou d'une vidéo qui servira de support de communication pour le projet de prévention qu'ils souhaitent mener dans leur établissement.

Un concours qui ne cesse d’attirer les foules puisque 21 projets supplémentaires ont été déposés par rapport à la précédente édition tandis que les 5 départements étaient représentés avec au moins un ou plusieurs gagnants dans les différentes catégories. Académique n’aura alors jamais aussi bien porté son nom…

Nommer, applaudir, Honorer !

Même si le sujet est profond, Loubna Kerioui et Séverine Conquet, respectivement référente académique et chargée de mission lutte contre le harcèlement, les deux maîtresses de cérémonie, auront su instaurer une ambiance sereine et décontractée.

Après un discours de bienvenue qui s’impose, les artistes investissent la scène improvisée pour un micro spectacle. Les mini saynètes, suite à une situation fictive vécue par une élève, se succèdent. Rôle des ambassadeurs, des adultes référents, des camarades, les différentes instances… les thématiques sont évoquées avec justesse jusqu’au bouquet final, en l’occurrence une chorale écrite par les élèves du collège Do Mistrau à Suze-la-Rousse (Drôme), reprise en chœur par toute l’assemblée pour clamer haut et fort, avec beaucoup de talent, Non au harcèlement.

Il faut souligner également la présence de Nicolas Séguy (lire l’interview en fin d'article), ancien compositeur de Grand Corps Malade et Kery James, dont l’accompagnement au piano magnifie le tout.

Puis vient le tour de Colin (Lycée Algoud Laffemas – Valence) de « slamer » en solo un texte au micro, un moment suspendu à faire pâlir Grand Corps Malade.

Ce spectacle introductif de haut vol sera ponctué par ce beau message de Nicolas Seguy : « Il faut rigoler ensemble avec les autres, pas contre les autres, car l'humour nous rassemble »

Avant de procéder à la remise des prix, Monsieur le recteur de l’académie de Grenoble, tient à adresser quelques mots « ni en slam ni en vers » aux élèves et à l’ensemble de la communauté éducative : « Je suis impressionné par ce que j'ai vu, vos propos sincères et vos émotions partagées. Cette journée est très importante et témoigne du travail réalisé tout au long de l’année ». Et Philippe Dulbecco de plonger dans ses (récents) souvenirs : « Avec le privilège de l'âge, j’ai connu l’école ou nous étions tous à des degrés divers harceleurs ou harcelés. Ce temps-là est fini et je tiens à remercier les élèves, les ambassadeurs pour qui j’ai beaucoup de reconnaissance, et les équipes pédagogiques. À travers ces productions, vous décortiquez les mécanismes qui conduisent au harcèlement et cela témoigne de beaucoup de vertus pédagogiques ».

Monsieur le recteur ajoute un dernier mot, témoignage de ses profondes convictions : « Je considère qu’il faut déployer, dès le plus jeune âge, les compétences psycho-sociales, la connaissance, la maîtrise et la régulation des émotions, ou encore l’estime et la confiance en soi, ainsi que le consentement et l’égalité filles-garçons. On peut le faire progressivement dès le premier degré pour apaiser les choses au collège. Sur le temps scolaire on doit également agir sur l'usage du portable en accompagnant l’interdiction d’un renforcement à l’éducation aux médias et à l’information ».

Nos apprentis Héros !

PRIX GENERALISTES, CATEGORIE AFFICHE

AFFICHE ECOLE : Ecole de Pajay

Titre du projet : Affiche contre le Harcèlement
Affiche réalisée par les élèves d'ULIS

Stop au harcelement. J'entends, je vois, j'agis !

AFFICHE COLLEGE : Collège Arc en Ciers - Les Avenières Veyrins-Thuellin

Titre du projet : Sortez de votre case. Aider c'est la base !
Ce projet a été réalisé par les élèves "ambassadeurs" NaH du Collège.

Sortez de votre case, aider c'est la base !

AFFICHE LYCEE : Lycée G. Fauré - Annecy

Titre du projet : La clé c'est d'en parler
Affiche réalisée en spécialité arts plastiques et en lien avec le groupe des élèves ambassadeurs

PRIX GENERALISTES CATEGORIE VIDEO :

VIDEO ECOLE : Ecole des Moines - Saint-Quentin-Fallavier  

Titre du projet : Oser parler pour lutter contre le harcèlement
Les élèves ont réfléchi à des scènes où sont représentées tous les acteurs d'une situation de harcèlement (victime, harceleur et témoins). A chaque fois le ou les acteurs expriment ce qu'ils ressentent. Lors des trois dernières scènes, les acteurs expriment ce qu'ils ont fait pour sortir du harcèlement : parler. Ils expriment également se sentir mieux après.

VIDEO COLLEGE : Collège les Collines - Chirens

Titre du projet : "Les peurs"
Travail réalisé à partir du visionnage de divers clips vidéos issus du dispositif Non au Harcèlement

VIDEO LYCEE : Lycée J. Moulin - Albertville

Titre du projet : La voix des victimes
Les ambassadeurs NAH de seconde ont réfléchi au message qu'ils souhaitaient passer, ils ont élaboré le scénario et ils ont interprété les personnages harcelés. Une classe de seconde professionnelle et des élèves volontaires ont participé au tournage dans les rôles des harceleurs, des harcelés et des figurants.
Ce petit court métrage a été réalisé du mois d'octobre 2024 au mois de janvier 2025.

PRIX SPECIAUX TOUS NIVEAUX CONFONDUS 

PRIX SPECIAL AFFICHE « PREVENTION DU CYBERHARCELEMENT » : Collège le Savouret - Saint-Marcellin

Titre : Défendre, soutenir, agir !
A l’aide de l’intervention d'une graphiste, les élèves ont fait le choix de travailler sur un message bienveillant pour promouvoir une vision de soutien et de sortie de situation de harcèlement

défendre, soutenir, agir

PRIX SPECIAL VIDEO « PREVENTION DU CYBERHARCELEMENT » : Lycée Algoud-Laffemas - Valence

Titre du projet : Maux pour mots

PRIX SPECIAL AFFICHE « PREVENTION DU HARCELEMENT SEXISTE ET SEXUEL » :  Collège J. Macé - Porte lès Valence

Titre du projet : Concours affiches Non Au Harcelement
Tous les élèves de 3ème ont travaillé à la réalisation d'une affiche en cours d'arts plastiques (en groupes de 1 à 4 élèves). L'affiche présentée est la lauréate du concours organisé au sein du collège.

se défouler, cest pas une excuse pour harceler

 

PRIX SPECIAL VIDEO « PREVENTION DU HARCELEMENT SEXISTE ET SEXUEL » : Lycée Marlioz - Aix les Bains  

Titre du projet : "La porte"
Dans le cadre de la classe engagée SNU dont la thématique est "désapprendre l'intolérance pour mieux vivre ensemble", les élèves de la seconde 11 ont eu pour mission de réaliser un film de prévention ayant pour thème global le harcèlement scolaire. Ils ont choisi le thème de l'homophobie. La porte dont il est question se trouve dans les toilettes des filles. Elle sert de support à des témoignages anonymes d'agressions sexuelles subies par nos élèves. La communauté éducative a décidé de garder ces témoignages en signe de solidarité et de soutien à nos jeunes et de mettre en place parallèlement des actions de prévention. A la fin du film, nous voyons la protagoniste remplir un bulletin adressé à la Cellule d'Ecoute Dédiée aux Relations entre Elèves (la CEDRE), une équipe d'adultes qui dans le cadre du dispositif PHARE intervient pour désamorcer des situations d'intimidation.

PRIX SPECIAL VIDEO « INCLUSION » : Collège la Pierre aux fées - Rignier-Esery

Titre du projet : Les Sentinelles pour vous aider
Le groupe Sentinelles et Référents du collège La Pierre aux Fées a créé une vidéo de promotion du dispositif afin de le faire connaître à l’ensemble de la communauté éducative de l’établissement.

COUP DE CŒUR ACADEMIQUE : Ecole R. Cassin - Privas

Titre du projet : Pas de violence mais de la bienveillance
Plusieurs séances de découverte de la notion de harcèlement, tous les enfants de l'école ont travaillé en atelier sur un slogan pour leurs affiches. Les élèves ont voulu montrer qu'ils sont à l'école non pas pour souffrir mais pour apprendre et que l'école doit rester un cadre protéger.
Un chèque de 1000 euros, remis par la MAE à l’occasion de ce prix, est attribué afin de réaliser des projets et développer des outils pédagogiques pour lutter contre le harcèlement dans leur établissement scolaire.

dans notre école, pas de violence

Avant d’inviter les élèves à un buffet bien mérité, Monsieur le recteur ponctue cette superbe cérémonie par ces quelques mots : « On ne relâche pas nos efforts sur le harcèlement, on poursuit et on les amplifie pour le bien vivre ensemble. »
Rdv est donc déjà pris pour l’année prochain pour continuer à dire Non au Harcèlement. Petite confidence, le discours de Monsieur le recteur serait alors en slam. Une autre bonne raison de se retrouver...

 

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L'interview en plus : Nicolas Seguy, auteur, compositeur, interprète et réalisateur artistique.

Votre présence ici est une bonne surprise, qui vous a convaincu de venir ?

Il s’avère que mon cousin, Jérémie Korolitski, anime des ateliers d’écriture et d’oralité dans plusieurs établissements de Drôme et d’Ardèche. C’est lui qui s’est occupé du montage et de la mise en images avec les jeunes du Lycée Algoud-Laffemas à Valence récompensés dans la catégorie vidéo. Il m’a demandé si je voulais bien composer une musique autour de cet évènement, chose que j’ai faite, et par la suite il a trouvé intéressant que je sois présent lors de cette remise des prix. Les organisateurs de l’élèvement (NDLR Loubna Kerioui et Séverine Conquet) m’ont ensuite contacté. Cela tombait plutôt bien, j’avais un concert hier soir à Valence, et comme la lutte contre le harcèlement est quelque chose qui fait sens, résonne avec ce que je dis dans mes chansons et exprime une certaine sensibilité, cela me semblait naturel d’être ici.

Une très belle cérémonie marquée notamment par ce magnifique texte lu par Colin, élève valentinois, c’est le fruit de votre travail ?

C’était super beau mais ce n’est pas moi qui ai écrit le texte, il est l’œuvre de Jéremie et Séverine. Séverine m’a aussi demandé, en plus de mes propres chansons, de jouer du piano pour accompagner les saynètes et textes des enfants au cours de la cérémonie, ce qui est assez naturel pour moi. Colin, il s’avère que c’est le seul morceau qui n’est pas vraiment de ma création car Séverine voulait que ce soit la musique du texte de Grand Corps Malade intitulée Mesdames, car il l’a écrit avec une structure calquée sur ce texte-là. Je suis donc parti sur cet accompagnement que j’ai fait évoluer également avec ma petite touche personnelle. 

Le harcèlement, c’est un sujet qui vous a touché ?

C’est un sujet qui me questionne. On s’interroge actuellement avec un ami pour monter un projet sur cette thématique, il y avait beaucoup de choses intéressantes aujourd’hui. Je m’interroge beaucoup sur ce qui fait qu’un élève va en harceler un autre, cela dépasse même le cadre de l’établissement scolaire. Dans les familles, qu’est-ce que les uns et les autres vivent qui fait qu’il y ait un tel malaise que l’on débouche sur des situations de harcèlement ? Cela pose énormément de questions notamment sur la gestion des émotions et certainement sur les sources fondamentales de tensions dans l’époque à laquelle on vit. Cela laisse énormément de sujets à développer autour de cette thématique, cela m’intéresse forcément. 

Que dirais-tu à un jeune victime de ce fléau ?

J’aurais surtout envie de les écouter, au-delà du positionnement d’adulte qui donne des conseils. La principale attention est de leur prêter une oreille bienveillante et de prendre en compte leur problème. 

Mise à jour : juin 2025