Questions - Réponses ! Joseph SERGI : l'épreuve de philosophie du bac 2025

Joseph Sergi, proviseur du lycée polyvalent Emmanuel Mounier Grenoble, nous ouvre les portes de son établissement en ce jour particulier d’épreuve de philosophie du bac 2025. Equipé d’un micro-cravate, Monsieur Sergi nous fait vivre cette journée dans les conditions du direct, c’est sportif !
Écoutez, oui, tout s’est bien passé. Les deux surveillants de salle sont bien arrivés au moins un quart d’heure avant le début de l’épreuve. On a donc pu accueillir tous les candidats et les surveillants ont pu leur rappeler les consignes à respecter (téléphone portable éteint, montre connectée, veste, pas de sortie avant la fin de la première heure d’épreuve …). Après j’ai fait mon petit tour de toutes les salles afin de savoir s’il y a des absents ou des éventuels retardataires. Pour le moment tout se déroule bien.
Oui, on est toujours un peu stressé en tant que chef de centre, moins que les élèves évidemment. En tant que personnel de direction, le jour J, le stress tourne autour de la peur de ne pas avoir distribué la bonne enveloppe ou encore de mélanger les enveloppes entre le jour 1 et le jour 2 dans le cadre du baccalauréat général. On a quelques candidats qui n’avaient pas imprimé la bonne convocation et qui ne retrouvaient pas leur salle, ce sont des petits coups de stress, mais sinon rien de très grave aujourd’hui, tout va fonctionner.
Bien entendu, pour les élèves de Terminale, mais aussi de Première, avec les épreuves anticipées de français la semaine dernière. C’est un temps fort de leur année scolaire, car de l’obtention du baccalauréat découlera leur poursuite d’études. Petit stress supplémentaire car ils ont eu, il y a une quinzaine de jours, les résultats de Parcoursup, et donc l’obtention du baccalauréat, c’est le sésame pour les études supérieures. Côté enseignants, il y a du stress aussi notamment pour ceux de philosophie, suite à la découverte des sujets : les ont-ils bien préparés ou pas ? Est-ce une partie du programme que j’ai bien travaillé avec eux ? Pour l’équipe de direction, nous avons les mêmes inquiétudes mais c’est surtout au moment de la publication des résultats que nous sommes, peut-être, le moins sereins. C’est là qu’on peut voir si le travail pédagogique porte ses fruits ou pas. Il y a une certaine effervescence, puis tout rentre dans l’ordre.
Comme je l’ai dit, notamment avec la réforme du baccalauréat, la grande peur est d’avoir confondu deux enveloppes, par exemple distribuer aux candidats du baccalauréat général le sujet du jour 2 le jour 1 ! Cela a un impact tellement important au plan national, avec la nécessité de refaire des sujets, que la vigilance doit être extrême ! C’est notre plus grande peur.
Rigueur, rigueur et rigueur. Les épreuves du baccalauréat ne doivent pas laisser de place au hasard. Préparées de façon précise et sérieuse, il n’y a aucune raison qu’elles se ne déroulent pas correctement pour les candidats et les établissements scolaires.
Une bonne dizaine en sachant que j’ai été plusieurs fois chef de centre pour la session de remplacement qui se déroule en septembre,. Je suis donc assez rompu, avec mes adjoints, à l’exercice de l’organisation du baccalauréat.
Cette année, il y a 242 élèves du baccalauréat général et technologique, mais nous accueillons également, pour cause de travaux dans leur lycée, 200 candidats du lycée Marie Curie d’Échirolles, soit plus de 440 candidats. Ce qui fait un centre d’épreuves important, réparti sur plusieurs étages, pour que tous les candidats composent dans de bonnes conditions.
Pour cette session du baccalauréat, il y a 27 épreuves écrites (je ne compte pas les sujets des candidats individuels), d’où la nécessité d’éviter la confusion des enveloppes. Pour surveiller ces 3 demi-journées d’épreuves, il y a beaucoup de personnels mobilisés, à peu près 160 enseignants des deux lycées qui sont convoqués, sans oublier une dizaine d’A.E.S.H. qui accompagnent les élèves à besoins particuliers. En outre, il ne faut pas oublier la mobilisation de la vie scolaire (assistants d’éducation et CPE) pour la gestion des couloirs et les sorties.
Les préparatifs débutent, vous l’imaginez bien, bien avant le jour J. Presque deux mois avant, il faut que l’on commence à saisir un maximum de candidats sur l’application Cyclades, bien connue des élèves, car c’est ici qu’il y aura la publication des résultats. Cette étape est importante, elle nous permet d’avoir une première projection du nombre de salles et donc d’enseignants à mobiliser pour les surveillances. Dans Cyclades, on a aussi tous les aménagements d’épreuves, c’est-à-dire un candidat qui doit être seul, un qui a besoin d’un scripteur/lecteur etc. Toute cette partie organisationnelle s’opère déjà très en amont. Il ne faut pas oublier que le jour J, certains candidats n’ont pas les bonnes convocations pour retrouver leurs salles, il faut aussi qu’on puisse les guider. Il ne faut pas non plus oublier tout l’aspect administratif du baccalauréat, avec des pochettes de salle, qui comprennent la feuille d’émargement, le procès-verbal d’épreuve… de la papeterie supplémentaire pour éviter toute tentative de fraude… En étant très rigoureux, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas.
Le jour J, j’arrive tôt voire très tôt au lycée, afin de vérifier que les salles sont toujours prêtes à accueillir les candidats (aération des salles, papeterie suffisante …), puis on ouvre les portes du lycée une bonne vingtaine de minutes avant le début de l’épreuve, afin d’aider les candidats à trouver leur salle et qu’ils ne stressent pas trop dans les couloirs. La veille, avec mes adjoints, on a assuré la répartition des enveloppes qui contiennent les sujets pour qu’à 8h00, tous les candidats puissent commencer les épreuves. Pendant une bonne heure, on est toujours attentifs aux alertes possibles de la DEC (division des examens et concours) en cas d’erreur dans les sujets pour qu’on puisse communiquer au plus vite à tous les élèves les ajustements nécessaires. Il y a ensuite toute la phase après les préparatifs, celle où il faut récupérer les copies, les scanner, car dans le bac général et technologique elles sont numérisées pour les mettre rapidement à disposition des correcteurs.
J’ai les sujets mas je n’ai pas encore eu le temps de les lire, je crois qu’il y en a un qui parle de la technique si mes souvenirs sont bons.
Les enveloppes contenant les sujets sont réceptionnées une bonne dizaine de jours avant le début des épreuves. Nous vérifions qu’il n’y a pas d’erreur et nous les stockons dans les coffres jusqu’au jour J (un pour le bac général et un pour le bac techno). On ouvre les coffres quelques minutes avant l’heure fatidique pour la distribution.
Oui le plus mauvais souvenir même si à postériori, c’est assez sympathique. C’était il y a deux ans, lors d’une après-midi caniculaire, il y eu une fuite sur les réseaux sociaux d’un sujet en série technologique STMG. Nous avons dû arrêter l’épreuve mais garder en salle tous les candidats en attendant la décision du ministère. Il a été décidé de proposer dès que possible le sujet de secours. On a dû ramasser toutes les copies, tous les brouillons et puis nous avons imprimé le sujet de secours et photocopié 150 exemplaires d’une quinzaine de pages chacun pour être prêts à débuter la nouvelle épreuve à 15h30 au lieu de 14h00. C’était assez ubuesque, les candidats devaient attendre chacun leur tour pour aller aux toilettes, il faisait très chaud et de nombreux candidats n’avaient pas de bouteille d’eau. Cette après-midi fut très stressante et longue, très longue !
Pour le baccalauréat ou tout autre examen, j’ai l’habitude de dire qu’il ne faut pas se laisser submerger par ce stress, car si on a travaillé sérieusement et raisonnablement tout au long de l’année, il n’y a pas de raison que cela ne se passe pas bien le jour J, puisque vous avez toutes les cartes en main. Le stress n’est pas toujours bon conseiller.
C’est toujours difficile de résumer quelque chose en un mot mais je pense que « rigueur » résume bien tous les attendus de l’organisation du baccalauréat.
Le meilleur souvenir, il y en a beaucoup. J’ai eu la chance de croiser sur mon parcours scolaire et universitaire quelques enseignants exceptionnels (Mme Poly à la maternelle, Mme Nicolas au lycée ou encore Mme Rubac du Mérac, ou messieurs Stella et Ulysse à l’université), véritables symboles de l’école de notre République. J'étais enfant d’immigrés et ils m’ont toujours soutenu et encouragé . Sans eux, je n’aurais pas été moi-même, pendant plus de 16 ans, enseignant, et aujourd’hui personnel de direction, à répondre à vos questions. Ces personnes m’ont marqué.

"Questions-Réponses", une série de podcasts de l'académie de Grenoble qui mettent en lumière les métiers des Hommes et Femmes de l'académie à travers des interviews courtes et inspirantes.
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Mise à jour : juin 2025