Questions - Réponses ! Alexandra Pritzy, Directrice déléguée aux ressources humaines territorialisée

Alexandra Pritzy, directrice déléguée aux ressources humaines territorialisée au sein de la DSDEN de l’Isère nous ouvre les portes des RH et nous aide à mieux appréhender l’ensemble de ses missions.

Alexandra Pritzy, directrice déléguée aux ressources humaines territorialisée au sein de la DSDEN de l’Isère nous ouvre les portes des RH et nous aide à mieux appréhender l’ensemble de ses missions.

DDRHT est un acronyme qui correspond concrètement à la fonction de responsable de l’accompagnement RH de proximité, un accompagnement le plus personnalisé possible pour apporter des réponses concrètes aux personnels en situation RH compliquée ou en questionnement sur leur parcours.

Depuis septembre 2020, 3 DDRHT et 9 conseillers RH de proximité sont présents partout dans l’académie de Grenoble.

Le poste de DDRHT dépend de la Direction académique des ressources humaines, mais son périmètre d’action concret est centré sur 1 ou 2 départements ; Le département de l’Isère en ce qui me concerne, soit près de 30 000 personnes potentiellement concernées.

En qualité de DDRHT, nous intervenons pour accompagner les situations RH dites « critiques », au sens où elles concernent des sujets sensibles et complexes.  Par exemple des cas d’agents accusés de violences sexistes et sexuelles, de harcèlement, de postures professionnelles non adaptées, de conflits interpersonnels enkystés etc... Nous intervenons souvent sur sollicitation des managers ou des chefs d’établissement, et nous prenons le temps de comprendre, d’analyser tous les paramètres de la situation avant d’envisager une action. À noter, c’est bien à Madame la Rectrice elle-même à qui revient toute décision de sanction envers un agent de l’académie. Notre but de lui apporter les éléments les plus complets possibles d’aide à la décision.

Le DDRHT a aussi vocation à piloter le conseil RH de proximité. Nous sommes responsables d’une équipe de conseillers RH qui accompagnent tous les agents qui le souhaitent : enseignants, professeurs des écoles, administratifs etc… dans la construction de leur projet professionnel. Certains s’interrogent sur une possibilité de reconversion, de mobilité, d’autres veulent aussi potentiellement se former pour étendre le panel de leurs compétences, d’autres encore expriment un mal-être professionnel et attendent une aide à la réflexion ou un appui méthodologique. Et puis, il y a le cas d’agents qui ne peuvent plus, ou difficilement, exercer leur mission, pour des raisons essentiellement médicales, et dans ce cas, l’institution dispose d’un certains nombres d’outils pour les accompagner vers d’autres projets, d’autres métiers, vers la retraite aussi éventuellement. Ce sont des situations qui demandent toujours beaucoup d’écoute, un temps de recul, d’analyse et qui nécessitent une attitude proactive et constructive de la part des agents concernés.

Cette gestion territorialisée du conseil RH permet de répondre au maximum aux questions et situations de façon la plus individualisée possible.

La direction des ressources humaines se structure en deux types de métiers RH. Le premier est garant de l’administration des dossiers du personnel, du suivi des carrières et des mobilités, mais aussi et surtout de la paye des agents. Le second volet concerne l’accompagnement des situations RH, le conseil et la prévention, c’est ici que nous nous situons.

L’action de proximité, au plus proche du terrain, est l’un des objectifs actuels de la fonction publique, ou de la transformation de la fonction publique. Nous nous inscrivons totalement dans cette démarche. En ce sens, le ministère se structure actuellement pour former une filière professionnalisée de conseillers RH de proximité, tout un réseau qui vient progressivement mailler tout le territoire et répondre aux demandes, de plus en plus nombreuses, d’accompagnement RH.

Cela dit, l’un des enjeux majeurs de notre mission est de concilier le suivi et l’écoute individualisés des agents, dans le contexte d’une académie vaste et contrastée qui compte tout de même près de 56 000 agents en tout. Dans ce cadre, notre objectif à court terme est de consolider notre fonctionnement en réseau à l’échelle de l’académie, de continuer d’harmoniser nos pratiques et de développer idéalement notre offre d’accompagnement.

Nous devons nous doter de méthodes et de process qui nous permettent d’occuper davantage le terrain de la prévention du mal-être au travail, avec pour objectif, au final, de diminuer le nombre de situations RH complexes qui pourraient nous arriver. C’est un point que nous devons travailler avec les équipes encadrantes qui sont les premiers acteurs RH sur le terrain au quotidien, pour renforcer leur positionnement et leur boîte à outils d’encadrant.

Et puis le sujet de l’attractivité, dans l’éducation nationale comme ailleurs, est un sujet qui est devenu brûlant. La fonction publique et le métier d’enseignant peinent à attirer les candidats et nous sommes appelés à investir aussi ce terrain-là.

Dans une journée type, je dirais qu’on retrouve forcément trois choses :

  1. Des échanges avec les autres services (division enseignants, division administrative, direction juridique, le service prévention…), pour croiser nos informations et nos regards sur les dossiers et pour planifier ensemble et de manière concertée le suivi des situations.
  2. Un point avec ma responsable ou la DRH car il est essentiel d’échanger, de confronter nos pratiques, de partager les informations parce que les situations que nous avons en charge sont toujours complexes, multifactorielles, elles sont difficiles à vivre pour les agents concernés et pour les équipes de direction, elles amènent parfois à prendre des mesures disciplinaires, humainement et professionnellement impactantes. Nous avons donc le devoir d’essayer de comprendre les enjeux au mieux et les contextes de travail de la manière la plus juste possible afin de cibler notre plan d’action.
  3. Une journée type comprendra aussi un ou plusieurs entretiens parce que c’est l’un de nos outils de travail principal, il est essentiel pour prendre le temps d’entendre les agents, certains sont accompagnés de représentants syndicaux ou légaux et nous échangeons dans un état d’esprit de bienveillance et de transparence, parfois sur un ton plus solennel, et nous laissons une trace de ces échanges dans des comptes rendus d’entretiens.

J’ai fait un Masters RH en école de commerce qui s’appelle « Management des hommes et des organisations » que j’ai effectué en apprentissage dans un cabinet de conseil et d’accompagnement RH, puis j’ai été recrutée comme contractuelle au CNRS, dans un service RH en région parisienne, où j’avais en charge l’accompagnement individuel des agents et leur formation. J’ai rapidement passé un concours qui m’a permis de devenir fonctionnaire et d’être titularisée dans ce service. Après une mobilité de 2 ans au sein de l’office français de la biodiversité, où j’ai contribué à la refonte du parcours de formation, j’ai réintégré le CNRS et pris la responsabilité du pôle que j’avais quitté. Quelques années plus tard, j’ai pris la responsabilité du service emploi et carrières au siège de l’Institut de recherche pour le développement, à Marseille, où il y avait une forte dimension internationale et des aspects assez sensibles avec le pilotage des emplois, des campagnes de concours et de promotion. L’année dernière, j’ai rejoint mon conjoint à Grenoble et me suis mise à la recherche d’un poste RH au service d’une mission de service public riche de sens.

La qualité principale selon moi pour travailler en ressources humaines est l’ouverture à l’autre, dans toute sa différence et sa complexité. Il faut « aimer les gens », aimer l’humain. Cela passe par de la bienveillance, de l’empathie, de la curiosité et de l’envie de comprendre et surtout une grande capacité d’écoute. Il faut savoir se mettre à la place de l’autre tout en gardant un souci de justice et d’égalité de traitement et celui du bon fonctionnement collectif de l’organisation. Au-delà de la dimension d’accompagnement individuel, on a souvent un rôle de représentant de l’administration, de garant de ses règles et de l’intérêt du service. Il faut dans ce métier savoir faire preuve d’humilité et garder toujours une capacité de remise en question et d’apprentissage.

Écoute, intérêt collectif, richesse humaine… ça fait 3, mais je ne suis pas forcément une comptable dans l’âme.

Pour moi l’humain est au centre de toutes les organisations, que ce soit ses performances ou ses dysfonctionnements, cela vient initier ou complexifier un projet. C’est pour cela que j’ai choisi de travailler dans les ressources humaines. Néanmoins, si l’aspect humain est riche et passionnant, c’est aussi à mon sens le plus complexe. Sur un volet un peu plus léger, si je devais choisir une voie différente, je m’appuierais sur mon goût des voyages et ma curiosité des autres pour travailler dans le domaine du tourisme ou à l’international et voyager autant que possible.

J’étais collégienne, dans un petit établissement de campagne, et je faisais partie d’un club « chant ». Nous avions travaillé, répété toute l’année, pour nous produire, en fin d’année, en interprétant la comédie musicale Notre Dame de Paris. Notre prestation, apparemment de qualité, a rencontré un franc-succès, nous avons levé pas mal de fonds qui nous ont permis de partir en Bavière, sur les traces de Mozart, pour une dizaine de jours.

Pour moi, c’est un exemple qui illustre l’école quand l’école apporte plus que le programme scolaire et donne envie de s’investir encore plus, qu’elle apporte du plaisir et voir même des occasions de s’ouvrir à d’autres horizons.

 

 

Mise à jour : mai 2024